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Une trachéotomie définitive, appelée trachéostomie, est donc mise en place pour permettre au patient de respirer correctement par un orifice créé au niveau du cou. Cette intervention n'est pas sans conséquence pour le patient puisque sa qualité de vie en est affectée notamment par la perte de la voix et de l'olfaction. Une longue rééducation lui permet d'utiliser la voix oesophagienne mais cette technique est éprouvante.La mise au point d'un larynx artificiel par des chercheurs de l'Inserm et médecins des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg ouvre toutefois de nouvelles perspectives. Après 15 années de travail, le Pr Debry, chef du service ORL et chirurgie cervico-faciale au CHU de Strasbourg, et son équipe ont élaboré une prothèse en titane comportant un système de valves et fixée sur la trachée. Conçue par la société Protip Medical, avec des ingénieurs de l'aérospatiale, la prothèse comporte un tube en silicone provisoire et des pièces en titane poreux pour faciliter l'intégration dans les tissus, avec une partie permanente (trachéale) et une partie retirable à la demande (laryngée). Une fois la partie amovible insérée, le patient respire au travers de cette prothèse à clapets, et avale toujours par l'oesophage.Depuis 2012, six personnes ont reçu l'implant. Problème, elles n'ont pas su le conserver en raison de leur état de santé fragile. Raison pour laquelle, l'an dernier, les chercheurs français ont optimisé les traitements de surface de l'implant en développant un film antimicrobien complexe pour éviter son rejet. Et le succès est cette fois au rendez-vous puisqu'ils viennent de présenter le cas d'un patient âgé de 56 ans qui porte l'implant depuis 18 mois, une prouesse lui permettant de respirer par la bouche et le nez, de retrouver la voix et l'olfaction, supprimées par l'opération, et de se passer complètement de l'utilisation de l'orifice de trachéotomie pendant de longues périodes de jour comme de nuit. C'est la première fois qu'un tel concept fait ses preuves.Sur le plan chirurgical, le patient a subi une laryngectomie totale avec pose immédiate de la prothèse. La tête laryngée a été d'abord occultante strictement pendant les suites opératoires et la radiothérapie. Quatre mois plus tard, cette tête a été remplacée par une tête mobile à clapets qui permet au patient de respirer six heures et plus dans la journée sans recourir à sa canule de trachéotomie, qu'il continue d'utiliser pour respirer à la demande.Avec le recul, aucune sténose n'est apparue à l'anastomose prothèse-trachée, et le dispositif n'a pas perturbé la radiothérapie.C'est la première fois qu'un tel concept fait ses preuves. Certes, il persiste encore des troubles de la déglutition mais une première étape vient d'être franchie. Elle représente un gain réel en termes de confort et de qualité de vie pour ces patients souffrant d'un cancer du larynx. Qui plus est, d'après le Pr Debry, les perspectives d'évolution de la prothèse restent considérables.(référence : communiqué de presse de l'Inserm, 17 janvier 2017)