Les nouveau-nés infectés par le virus respiratoire syncytial (VRS) risquent de contracter des infections des voies respiratoires inférieures avec une évolution sévère de la maladie. Des chercheurs américains ont mis au point un outil [1] permettant de déterminer quels sont les bébés qui risquent le plus de se retrouver en soins intensifs à cause du VRS. De cette manière, les médicaments préventifs contre le VRS peuvent être utilisés de la manière la plus efficace.
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Pour estimer le profil de risque du nouveau-né, l'équipe du Tennessee a mis au point un instrument basé sur 19 variables cliniques et démographiques. Les facteurs prédictifs d'une infection sévère par le VRS ont été sélectionnés en fonction de leur pertinence clinique. Les paramètres qui peuvent être évalués déjà peu après la naissance ont été choisis pour garantir une estimation efficace du risque pour le nouveau-né. Il s'agit du poids de naissance, du mois de naissance, de l'âge gestationnel, du sexe de l'enfant, de la méthode d'accouchement, du score d'Apgar à 5 minutes, mais aussi de l'âge de la mère, de son niveau d'éducation, de ses éventuelles comorbidités, de son tabagisme, de la durée de l'hospitalisation après l'accouchement, etc. Pour tester la validité de leur modèle de risque, les chercheurs ont passé au crible une cohorte de quelque 430.000 nouveau-nés, dont 713 se sont retrouvés en soins intensifs au cours de leur première année de vie en raison d'une infection sévère par le VRS. Dans cette population, ils ont examiné dans quelle mesure les variables permettaient de prédire la morbidité et la mortalité liées à une infection sévère par le VRS.Les chercheurs ont constaté que l'outil permettait d'identifier de manière fiable les nouveau-nés qui risquaient le plus d'être admis aux soins intensifs en raison d'une infection par le VRS et de ses complications, et qui bénéficieraient donc le plus d'une immunoprophylaxie. Les principaux facteurs prédictifs d'un risque accru de VRS sont les suivants : un poids de naissance inférieur, un mois de naissance qui tombe plus tard dans l'année et des naissances multiples (jumeaux ou triplés), ainsi que le sexe masculin, des anomalies pulmonaires congénitales, des malformations cardiaques cyanogènes, le syndrome de Down et quelques facteurs maternels (tabagisme pendant la grossesse, absence de diplôme de l'enseignement secondaire). À l'inverse, un âge maternel plus élevé, un poids de naissance plus élevé, un âge gestationnel plus long (pas de prématurité) et un meilleur score d'Apgar étaient associés à un risque significativement plus faible d'infection sévère par le VRS. Le "Infant Severe RSV Predictor", disponible gratuitement en ligne [2], a une bonne performance prédictive. Ainsi, les scientifiques ont également pu montrer que certains enfants qui ne sont pas éligibles pour le palivizumab aujourd'hui (selon les directives pédiatriques américaines actuelles) ont en fait un profil de risque plus élevé que certains nouveau-nés qui ont droit à cette injection d'anticorps. Ils suggèrent donc de continuer à affiner ces critères de sélection au fur et à mesure que les connaissances dans ce domaine augmentent. Références :[1] Snyder BM, et al. Personalized Infant Risk Prediction for Severe RSV LRTI Requiring ICU Admission. Open Forum Infect Dis. Mar 2024. doi:10.1093/ofid/ofae077 [2] https://cqs.app.vumc.org/shiny/InfantSevereRSVPredictor/