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C'est dans ce contexte qu'a été menée l'étude multicentrique spécifiquement belge BE IgE dont l'objectif était d'établir un relevé des sensibilisations les plus courantes à une série de pneumallergènes pérennes (évaluation centralisée) sélectionnés pour leur pertinence dans l'environnement belge. Ce travail prospectif a concerné 176 sujets adultes (175 évaluables) atteints d'asthme sévère (AS ; GINA 2020, étape 5 du traitement). Les résultats récemment mis en ligne et accessibles gratuitement sur le site de la revue Allergy (https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/all.15785) font état d'un taux élevé de sensibilisation, au moins 1 test positif chez 68 % des patients, au moins 4 tests positifs chez 43 % et plus de 10 tests positifs chez 13 %. Sans surprise, les taux sériques d'IgE totales augmentaient avec le nombre de tests positifs. Les sensibilisations les plus courantes concernaient trois types d'acariens de la poussière de maison (Dermatophagoides pteronyssinus, farinae et microceras), Aspergillus fumigatus, Staphylococcus aureus et Candida albicans.)Outre le fait que cette étude met bien en évidence la sous-estimation des sensibilisations aux aéroallergènes pérennes chez les patients souffrant d'AS, elle révèle que la sensibilisation aux toxines de S aureus est plus fréquente qu'on le soupçonnait, et que cela n'est en fait pas recherché en pratique clinique.Dans le cadre d'une analyse de suivi présentée lors de cet ERS 2023, les caractéristiques inflammatoires des voies respiratoires des patients atteints d'AS exclusivement sensibilisés à une ou plusieurs toxines de S aureus (entérotoxine A et C et toxine du syndrome du choc toxique), ont été comparées à celles des patients sans aucune sensibilisation (43 tests négatifs). Les résultats indiquent que les 15 patients exclusivement sensibilisés à une ou plusieurs toxines de S aureus ont des taux plus élevés d'IgE totales et d'éosinophiles, ainsi qu'une fraction expirée de monoxyde d'azote (FeNO) plus importante que les 27 patients sans aucune sensibilisation, mais que les valeurs constatées sont similaires à celles constatées chez les 62 patients sensibilisés uniquement à d'autres aéroallergènes pérennes qu'aux toxines de S aureus.Il est conclu que les patients atteints d'asthme sévère présentant une monosensibilisation aux toxines de S aureus présentent un profil inflammatoire des voies respiratoires de type 2 (T2) et qu'en l'absence de test spécifique peuvent constituer un sous-groupe considéré à tort comme non sensibilisé. Cela est d'autant plus dommage que ces patients pourraient peut-être bénéficier d'un traitement anti-IgE.D'après F Schleich et al. ERS 2023