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Une petite révolution est en route. La FDA, l'agence de santé américaine, vient d'approuver la première pilule traçable numériquement à travers l'organisme. Le comprimé connecté porte le nom d'Abilify MyCite. Il contient une molécule thérapeutique, l'aripiprazole, et un capteur qui est composé de cuivre, de magnésium et de silicium. De la taille d'une puce, ce capteur génère un signal électronique lorsqu'il entre en contact avec les sucs gastriques. Il est ensuite détecté par un patch (récepteur) collé sur la poitrine du patient, qui envoie des informations comme la date et l'heure d'ingestion du médicament, via un signal Bluetooth, à une application sur smartphone et cette application est elle-même reliée à un site Internet.Le capteur peut aussi collecter des éléments sur le rythme de vie (heures de sommeil, niveau d'activité...). Et le patient peut autoriser jusqu'à cinq personnes (soignants et médecin traitant) à recevoir ces données. Le patch doit être changé toutes les semaines. Quant aux capteurs que l'on ingère, ils existent depuis plusieurs années, mais c'est la première fois que l'un d'eux est incorporé dans un médicament. L'objectif de cette technologie est de déterminer si le comprimé a bien été pris et le moment de cette prise afin d'améliorer le suivi de patients qui ont du mal à respecter leur prescription, comme les personnes âgées ou celles qui souffrent de troubles mentaux. Elle pourrait aussi permettre aux médecins de prévenir les problèmes d'accoutumance à certains traitements.Pour l'instant, cette pilule intelligente n'est autorisée qu'aux États-Unis et uniquement pour les patients traités pour la schizophrénie, les épisodes maniaques associés aux troubles bipolaires ou encore la dépression chez les adultes, mais alors comme traitement d'appoint.La FDA précise toutefois qu'aucune étude n'a pour l'instant démontré que cette nouvelle pilule connectée améliorait l'observance du traitement par les patients. Elle ajoute par ailleurs que son système de traçabilité ne doit pas être utilisé "en temps réel" ou pendant une urgence, car la détection peut être tardive, ou ne pas fonctionner.Issu d'une collaboration entre le laboratoire japonais Otsuka, qui fabrique actuellement l'antipsychotique Abilify, et l'entreprise californienne Proteus Digital Health, qui a conçu le capteur, ce médicament électronique sera proposé à certains assureurs santé à partir de l'an prochain. Son prix, qui n'a pas encore été fixé, et dépendra probablement de l'accueil que lui réserveront les assureurs, pour qui cette technologie devrait être une source d'importantes économies.Si ce médicament peut apporter un bénéfice au niveau médical, certains médecins et autres professionnels de la santé s'élèvent toutefois contre l'utilisation potentiellement intrusive et coercitive de cette technologie qui pose en effet des questions sur le plan éthique.(référence : U.S. Food and Drug Administration, News Release, 13 novembre 2017)