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Selon l'Organisation mondiale de la santé, quelque 300 millions de personnes dans le monde souffrent de dépression, une maladie dont la gravité est souvent sous-estimée ou confondue avec une déprime passagère. Les cas les plus graves peuvent mener au suicide, deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans, souligne l'agence onusienne.Toujours selon l'OMS, moins de la moitié des personnes malades bénéficient des traitements adéquats et, d'après les spécialistes, la dernière évolution majeure dans le traitement de la dépression remonte à une trentaine d'années et la mise sur le marché de la fluoxétine (Prozac).C'est dire l'importance de la décision que vient de prendre la FDA. S'appuyant sur l'avis positif d'un panel d'experts, l'autorité de régulation du médicament aux États-Unis a donné son feu vert à la vente d'un nouveau médicament mis au point par le laboratoire Janssen. Commercialisé sous le nom de Spravato, ce spray nasal à l'eskétamine, dérivé de la kétamine, est destiné à soulager des adultes chez lesquels au moins deux traitements classiques se montrent inefficaces. On estime qu'environ un tiers des personnes dépressives pourrait être concerné.Psychotrope longtemps utilisé comme anesthésiant, ensuite détourné par les milieux festifs pour ses propriétés euphorisantes, la kétamine, parfois surnommée "Special K" ou "Kit Kat", a la particularité d'agir beaucoup plus vite que n'importe quel antidépresseur classique : quelques jours contre quatre à six semaines. Une rapidité que la molécule doit à son mode d'action singulier, très différent de celui des traitements conventionnels. Les résultats montrent aussi que chez les patients dont l'état est particulièrement grave, les idées suicidaires se dissipent dès les premières heures.La commercialisation du Spravato sous forme de spray, un mode d'administration pratique et sécurisant, suscite toutefois quelques craintes. Outre ses effets euphorisants et le fait qu'elle intensifie les perceptions sensorielles, la kétamine peut également provoquer de la somnolence ou des troubles dissociatifs. Selon Janssen, ces effets secondaires ont été observés pendant les tests cliniques moins d'une heure après la prise du médicament, quand les patients étaient encore sous surveillance des équipes médicales, mais ils se sont dissipés le jour-même. Le laboratoire affirme par ailleurs que le risque d'addiction ne s'est pas concrétisé lors des essais cliniques.A cause des effets secondaires néanmoins, mais aussi de la nécessité d'une surveillance du patient dans les deux heures qui suivent l'administration du médicament ou encore du risque d'abus et de mésusage, ce traitement, à inhaler une ou deux fois par semaine, ne pourra être délivré qu'en milieu hospitalier ou par un médecin agréé. Pas question donc pour les patients d'utiliser leur spray à la maison.Signalons encore qu'une demande d'autorisation a également été déposée auprès de l'Agence européenne du médicament en octobre 2018. (référence : FDA News Release, 5 mars 2019)https://www.fda.gov/NewsEvents/Newsroom/PressAnnouncements/ucm632761.htm