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Cependant les moyens de comprendre les mécanismes de cette pathologie sont malheureusement peu nombreux à l'heure actuelle et ils relèvent surtout de l'interprétation visuelle d'une IRM et d'un électroencéphalogramme. C'est d'autant moins évident que la moitié des malades ne présente aucune anomalie visible à l'IRM, la cause de leur épilepsie restant inconnue.D'autre part, comme 30% des patients épileptiques ne répondent pas aux médicaments, leur seul espoir reste alors la chirurgie, mais celle-ci n'est efficace que si le chirurgien dispose de bonnes indications sur les zones à opérer. D'où cette alternative imaginée par une équipe franco-américaine : créer pour la première fois un cerveau virtuel personnalisé (Virtual Epileptic Patient ou VEP) permettant de reconstituer l'organe d'un patient souffrant d'épilepsie.Ce cerveau se présente sous une forme numérique "de base", à laquelle sont ajoutées peu à peu les informations individuelles du patient, comme la façon dont sont organisées les régions de son cerveau, l'interconnexion des aires entre elles, les différentes zones épileptogènes et les lésions éventuelles repérées à l'IRM. Une fois ces informations incluses, il est possible de tester sur ce cerveau virtuel des modèles mathématiques engendrant une activité cérébrale.Grâce à ce développement, les scientifiques ont réussi à reproduire le lieu d'initiation des crises d'épilepsie et leur mode de propagation. Selon eux, ce modèle de cerveau a donc une véritable valeur de prédiction du fonctionnement des crises pour chaque patient, ce qui offre un diagnostic beaucoup plus précis. De plus, il permet aux chirurgiens de disposer d'une "plate-forme" virtuelle. Ils peuvent ainsi repérer les zones à opérer et surtout répéter les différents gestes possibles de l'opération de manière à intervenir le plus précisément et le plus efficacement possible, et ainsi réduire les risques d'actes invasifs.Les chercheurs travaillent actuellement sur des essais cliniques, afin de conforter les résultats de leur découverte. Cette technologie est par ailleurs à l'essai sur d'autres pathologies affectant le cerveau, comme l'AVC, la maladie d'Alzheimer, les maladies neurodégénératives, ou encore la sclérose en plaques.A terme, l'objectif consiste à offrir une médecine personnalisée du cerveau, en proposant grâce à la virtualisation, des solutions thérapeutiques individualisées et spécifiques à chaque patient. Une direction prometteuse, car en prenant en compte la variabilité individuelle, il est possible d'améliorer les protocoles et les résultats des traitements.(référence : NeuroImage, 28 juillet 2016, doi : 10.1016/j.neuroimage.2016.04.049)