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La maladie d'Alzheimer à un stade précoce, généralement entre 30 et 60 ans, est rare et représente moins de 10% de toutes les personnes atteintes. Le risque dépend de facteurs génétiques, aussi bien pour une apparition précoce que tardive.Raison pour laquelle des chercheurs américains ont analysé les données génétiques d'une famille colombienne de plus de 6 000 membres vivants, ayant un lien de parenté éloigné avec une femme dont le cas a été examiné avec minutie. "Parfois, un cas isolé peut mener à une découverte qui pourrait avoir de vastes répercussions sur le terrain," a déclaré Richard J. Hodes, le directeur de la NIA (National Institute on Aging) qui a financé en partie l'étude.A l'instar d'autres membres de la famille élargie, la femme est porteuse d'une mutation génétique rare appelée Préséniline 1 (PSEN1) E280A qui provoque quasi à coup sûr (99,9%) l'apparition précoce de la maladie d'Alzheimer, dans la quarantaine. Pourtant, cette femme n'a pas montré les premiers signes de la maladie avant ses 70 ans. Les chercheurs ont donc essayé de comprendre comment cela était possible.Des tests d'imagerie ont indiqué que la femme n'avait qu'une neurodégénérescence mineure. Ils ont tout de même révélé des taux élevés de protéine amyloïde dans son cerveau, un signe distinctif de la maladie d'Alzheimer. Mais la quantité d'enchevêtrements de tau, une autre caractéristique de la maladie, celle qui est davantage corrélée à la manière dont la pensée et la mémoire sont affectées, était relativement faible.Ceci dit, en séquençant le génome de la patiente, les auteurs de l'étude ont découvert qu'au contraire des autres membres de la famille, elle possédait aussi deux copies d'une variante (APOE3ch) du gène appelé APOE que l'on sait impliqué dans la maladie d'Alzheimer. Cette variante a été découverte en 1987 à Christchurch, en Nouvelle-Zélande.Les scientifiques soupçonnent que la femme aurait pu être protégée contre la maladie d'Alzheimer par cette mutation sans avoir la certitude que ce soit la seule explication plausible au fait qu'elle a pu éviter aussi longtemps cette démence. Les expériences qu'ils ont menées ont révélé que le variant de Christchurch pourrait réduire la capacité de la protéine APOE à se lier à certains sucres appelés protéoglycanes de l'héparane sulfate (HSPG), un processus susceptible de contribuer aux dépôts de protéines amyloïdes et tau dans le cerveau.Par conséquent, un médicament ou une thérapie génique capable de réduire la liaison de l'APOE et de l'HSPG pourrait constituer un nouveau moyen de traiter ou de prévenir la maladie d'Alzheimer. Le gène APOE est déjà depuis un certain temps dans le viseur des équipes de recherche...(référence : Nature Medicine, 4 novembre 2019, doi : 10.1038/s41591-019-0611-3)https://www.nature.com/articles/s41591-019-0611-3