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C'est dans ce contexte que se situe une étude américaine suggérant que les personnes ayant une mauvaise santé bucco-dentaire présenteraient des formes plus agressives de cancer du côlon.La bactérie orale Gram négatif anaérobie Fusobacterium nucleatum qui joue un rôle majeur dans la maladie parodontale est impliquée dans environ un tiers des cancers colorectaux et ces cancers sont souvent plus agressifs.L'équipe de chercheurs à l'origine de l'étude avait déjà montré que cette bactérie fabriquait une adhésine appelée FadA qui sur des cellules de côlon en culture pouvait déclencher une voie de signalisation impliquée dans plusieurs cancers. Ils avaient cependant constaté que l'adhésine FadA ne stimulait que la croissance des cellules cancéreuses, pas des cellules saines.La nouvelle étude pointe du doigt l'intervention dans cette croissance de la protéine Annexine A1 qui est spécifiquement exprimée par les cellules cancéreuses coliques et pas par les cellules non cancéreuses. Les chercheurs ont notamment montré in vitro puis chez la souris que la liaison de F. nucleatum aux cellules cancéreuses augmentait la production d'Annexine A1 favorisant ainsi la croissance tumorale et que la désactivation de l'Annexine A1 empêchait F. nucleatum de se lier aux cellules cancéreuses, ce qui ralentissait leur croissance. Une vérification effectuée sur les données de 466 patients atteints d'un cancer primitif du côlon montre que les patients présentant une expression accrue d'Annexine A1 ont un pronostic plus sombre, quels que soient le stade du cancer, l'âge et le sexe. L'identification d'une boucle de rétroaction positive présente dans les cellules cancéreuses, mais absente dans les cellules non cancéreuses donne du poids au modèle adénome à carcinome qui prévaut dans la carcinogenèse colorectale et est parfaitement compatible avec l'implication des mutations dans le cadre d'un modèle en deux étapes, déclenchement du cancer lié aux mutations et exacerbation de la progression par F. nucleatum une fois que les cellules des polypes sont devenues cancéreuses.MR Rubinstein et al. EMBO Rep. 2019; 20. pii: e47638.