...

Aux États-Unis, une femme souffrant de broncho-pneumopathie chronique obstructive, a fait l'objet d'une double transplantation pulmonaire à l'automne dernier. Victime d'un accident de la route 48 heures avant la greffe, sa donneuse, qui a succombé à de graves lésions cérébrales, avait été testée négative à la Covid-19 à la suite d'un test RT-PCR via un écouvillon nasopharyngé. D'après la famille de la donneuse, elle n'avait pas voyagé récemment, et ne montrait pas de symptômes de fièvre, de toux ou de diarrhée."Nous n'aurions absolument pas utilisé les poumons si le test Covid avait été positif," assure le Dr Kaul, co-auteur d'un rapport publié dans l'American Journal of Transplantation sur ce premier cas tragique connu de contamination au coronavirus par transplantation alors que plus de 40 000 greffes ont été réalisées en 2020 aux États-Unis.Trois jours après la greffe, la receveuse, elle aussi testée négative pour le SARS-CoV-2, a développé certains symptômes de la Covid-19, comme de la fièvre, une hypotension, des infiltrats pulmonaires et des difficultés respiratoires. Au fur et à mesure que son état empirait, la patiente a développé un choc septique et des problèmes de fonction cardiaque.Des analyses complémentaires ont alors été effectuées. Un nouveau test RT-PCR nasopharyngé s'est avéré nouveau négatif mais le test PCR réalisé sur le liquide de lavage broncho-alvéolaire de la receveuse a, lui, été positif pour le SARS-CoV-2. Par ailleurs, quatre jours après la transplantation, le chirurgien thoracique qui a manipulé les poumons de la donneuse et pratiqué la chirurgie a également été testé positif au coronavirus. L'analyse séquentielle des isolats du fluide de lavage broncho-alvéolaire de la donneuse (obtenu au moment de l'approvisionnement), de la receveuse et du chirurgien thoracique infectés a prouvé la contamination des deux derniers par le virus présent dans les poumons de la donneuse.L'état de la receveuse s'est ensuite détérioré rapidement. Elle a développé une défaillance d'organe multisystémique. Elle a été traitée avec du remdesivir et du plasma sanguin de personnes convalescentes précédemment infectées par la maladie. Mais il n'y a pas eu d'amélioration. En dernier recours, elle a été mise sous ECMO (extracorporeal membrane oxygenation). En vain. La détresse respiratoire s'est aggravée et les soins de support ont finalement été interrompus. Elle est décédée 61 jours après la transplantation.Pour le Dr Kaul, il s'agit d'un "cas tragique", mais heureusement très rare, les infections virales par des donneurs d'organes ne se produisant que dans 1% des greffes. De plus, s'il n'est pas surprenant que le SRAS-CoV-2 puisse être transmis par des poumons infectés, des cas impliquant le virus grippal pandémique H1N1 en 2009 ayant déjà été rapportés, il est toutefois peu probable que d'autres organes solides affectés par la Covid-19 - le coeur, le foie et les reins, par exemple - puissent également transmettre le coronavirus.Ce cas clinique invite néanmoins à se poser des questions sur la stratégie de dépistage appropriée pour les donneurs potentiels. Pour les auteurs de l'article, en ce qui concerne les poumons, les centres de transplantation et les organismes d'approvisionnement en organes devraient effectuer des tests sur des échantillons des voies respiratoires inférieures en plus du test RT-PCR nasopharyngé. Ils devraient aussi envisager un équipement de protection individuelle amélioré pour les agents de santé impliqués dans l'approvisionnement et la transplantation pulmonaires."(référence : American Journal of Transplantation, 10 février 2021, doi : 10.1111/ajt.16532)