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La constitution génétique d'un individu contribue à la susceptibilité et à la réponse à une infection virale. Alors que les facteurs environnementaux, cliniques et sociaux (âge, sexe, IMC, comorbidités telles que diabète ou obésité...) jouent un rôle dans la vulnérabilité au SARS-CoV-2 et la gravité de la maladie Covid-19, la génétique de l'hôte peut également être importante. Elle peut notamment révéler des mécanismes biologiques d'importance thérapeutique.Afin d'étudier le rôle de la génétique humaine dans l'infection par le SARS-CoV-2 et la gravité de la Covid-19 et d'identifier les facteurs génétiques spécifiques à l'hôte qui font que certains patients développent une forme grave, potentiellement mortelle, nécessitant une hospitalisation, alors que d'autres s'en sortent avec des symptômes légers voire sans symptômes du tout, un réseau mondial de 3500 chercheurs et médecins issus de 25 pays à travers le monde s'est formé en mars 2020. Une soixantaine de chercheurs et médecins de l'Université de Liège, du CHU de Liège et du CHC Mont Légia y ont pris part.Le consortium Covid-19 Host Genetics Initiative a procédé à trois méta-analyses d'associations à l'échelle du génome comprenant jusqu'à 49 562 patients Covid-19 issus de 46 études dans 19 pays. Leurs génomes ont été comparés avec ceux de deux millions de contrôles non infectés. Les données cliniques et génétiques provenaient de nombreuses biobanques, d'études cliniques et d'entreprises de génétique telles que 23andMe, une société américaine qui propose l'analyse génétique de particuliers. Grâce à la grande quantité de données, les scientifiques ont été en mesure de produire des analyses statistiquement robustes beaucoup plus rapidement, et à partir d'une plus grande diversité de populations, ce qu'aucun groupe n'aurait pu faire seul.L'analyse révèle 13 loci - ou emplacements dans le génome humain - qui sont fortement associés à l'infection par le SARS-CoV-2 ou au développement des formes graves de la Covid-19. Sur les 13 loci, deux présentent des fréquences plus élevées chez les patients d'ascendance est-asiatique ou sud-asiatique que chez ceux d'ascendance européenne, ce qui souligne l'importance de la diversité dans les ensembles de données génétiques.L'équipe a mis plus particulièrement en évidence un de ces deux loci, situé près du gène FOXP4, qui est lié au cancer du poumon. La variante FOXP4 associée au Covid-19 sévère augmente l'expression de ce gène, ce qui suggère que l'inhibition du gène pourrait être une stratégie thérapeutique. Les autres loci associés aux formes sévères de la Covid-19 comprennent le gène DPP9, également impliqué dans le cancer du poumon et la fibrose pulmonaire, et le gène TYK2, qui est impliqué dans certaines maladies auto-immunes.Les chercheurs ont également identifié des facteurs de causalité pour la Covid-19 sévère tels que le tabagisme ou un indice de masse corporelle élevé. Ces résultats prometteurs pourraient contribuer à fournir des cibles pour de futures thérapies, et illustrent la puissance des études génétiques pour en savoir plus sur les maladies infectieuses. Les auteurs vont continuer à étudier d'autres données au fur et à mesure qu'elles leur parviendront et mettront à jour leurs résultats dans la rubrique "Matters Arising" de Nature.(référence : Nature, 8 juillet 2021, doi : 10.1038/s41586-021-03767-x)