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On sait pourtant depuis longtemps que affections cardiovasculaires chez les femmes sont susceptibles d'être sous-diagnostiquées et sous-traitées par rapport à celles des hommes. Les raisons principales en sont les modes de présentation, la progression et les conséquences de ces maladies, qui sont à la fois différents et moins bien compris que pour les hommes. Des progrès ont bien été réalisés, mais le mal persiste et la différence reste inacceptable. C'est ce qu'ont déclaré haut et fort une série d'experts dans le cadre du World Congress of Cardiology, qui s'est tenu à Melbourne du 4 au 7 mai derniers.Question de symptômes et de perception Ainsi, a expliqué Linda Worral-Certer (Australie), dans un échantillon de 2.000 femmes australiennes, âgées de 35 à 59 ans et victimes d'un syndrome coronaire aigu, la probabilité de subir une intervention coronaire est inférieure à celle des hommes. Des travaux sont en cours pour mieux cerner cette injustice et quelques données préliminaires ont été présentées à Melbourne. Les recherches doivent conduire à mieux cerner non seulement les symptômes chez les femmes, en particulier les plus jeunes puisqu'on croit, sans doute en partie à tort, qu'elles sont mieux protégées que les femmes plus âgées et que les hommes contre les atteintes coronaires. Mais il faut aussi étudier les perceptions des unes et des autres en la matière. Et il faut sensibiliser davantage les femmes aux manifestations classiques du syndrome coronaire aigu, sans toutefois leur faire croire que les descriptions livresques correspondent aux seuls modes de présentation possibles.Femme ou homme : peu importe La National Heart Foundation of Australia a collecté pendant sept ans des données sur cette problématique, ce qui lui a permis d'entreprendre d'ores et déjà des actions. Aujourd'hui, 40% des femmes australiennes savent que les maladies cardiovasculaires représentent le premier tueur, alors qu'en 2009, seulement 20% des femmes le savaient. Mais il y a encore du travail : l'expérience américaine, par exemple, a appris que les survivantes d'un cancer du sein sont plus menacées que les autres femmes. C'est ce qu'a expliqué au congrès Puja Metha, du Cedars-Sinai Heart Institute de Los Angeles. Et Annabelle Volgmann (Chicago) d'expliquer que d'après une enquête qu'elle a menée, les femmes américaines n'ont cure de savoir si elles seront soignées par une femme ou un homme pour leur problème cardiaque mais elles attachent de l'importance au fait d'être prises en charge par un médecin qui connaît les problèmes cardiaques des femmes.