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Pour mémoire, la dapagliflozine est un inhibiteur du cotransporteur sodium/glucose de type 2 (SGLT2) développé pour la prise en charge du diabète de type 2. Le processus de développement et les désormais classiques études de sécurité cardiovasculaire imposées à tous les nouveaux antidiabétiques ont révélé un impact important sur la survenue et la progression de l'insuffisance cardiaque, constatation qui est à l'origine de l'étude DAPA-HF.Cette étude randomisée contrôlée a concerné 4.744 patients insuffisants cardiaques à fraction d'éjection réduite qui ont été répartis en un bras dapagliflozine 10 mg/j (n=2.373) et un bras placebo (n=2.371) et suivis pendant une période médiane de 18,2 mois. La randomisation a permis l'obtention d'un bon équilibre des caractéristiques entre les 2 bras: âge moyen 66 ans, 76% d'hommes, fraction d'éjection moyenne 31%, 55% d'étiologie ischémique, 42% de diabétiques. Outre la dapagliflozine ou le placebo, les patients recevaient un traitement médical optimal.Le critère principal d'évaluation était la somme des décès cardio-vasculaires et des aggravations de l'insuffisance cardiaque et la dapagliflozine l'emporte sur le placebo en démontrant d'une part une diminution du risque de 26% (HR 0,74 ; p<0,00001) pour ce critère et d'autre part une réduction du risque de survenue de chacun de ces deux composants pris isolément, soit 30% (HR 0,70 ; p=0,00003) pour les aggravations de l'insuffisance cardiaque et 18% pour les décès cardiovasculaires (HR 0,82 ; p=0,029). Les résultats sont du même ordre dans tous les sous-groupes testés, en particulier que les patients soient ou non diabétiques, et quel que soit les molécules utilisées pour le traitement standard optimal. Ils vont de pair avec une amélioration significative de la qualité de vie et une moindre dégradation de la fonction rénale chez les patients du bras dapagliflozine.Aucun signal délétère n'a été observé en terme de sécurité d'emploi, en particulier pas d'excès de fractures ni d'amputations, ce que faisaient craindre certains signaux préalables.Cerise sur le gâteau, il a été documenté également une réduction de 17% de la mortalité globale HR 0,83 ; p = 0,022. John McMurray qui présentait ces résultats en conférence de presse et lors de la première session Hotline de cet ESC 2019 a parlé d'avancée majeure, faisant remarquer que l'ampleur du bénéfice observé était de l'ordre de celui observé à l'époque de l'apparition des IEC et soulignant qu'ici ce bénéfice était obtenu chez des patients déjà sous traitement optimal selon les critères actuels. D'après les interventions de John McMurray, Glasgow, Royaume-Uni (ESC 2019, Paris 31 août-4 septembre).