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1689 professionnels de la santé de la première ligne wallonne ont répondu au questionnaire en ligne Proxisanté. Cela représente 2,25% du public visé, soit 75.000 soignants et représentants des patients. " Considérant ceci, chacun de nos résultats ne sera pas statistiquement significatif ", explique la société de consultance en charge de la plateforme Proxisanté, qui met en exergue d'abord un biais de sélection et un biais méthodologique. Inutile, dès lors, de s'attarder sur les résultats de ce questionnaire en ligne. Tout juste soulignera-t-on que ce sont les médecins généralistes qui ont le plus répondu au questionnaire.Par contre, les ateliers devraient délivrer plus d'enseignements. Le premier s'est tenu le 8 juin dernier avec comme thématique le maillage territorial. Retour sur cet événement avec le Dr Paul De Munck, président de la Plateforme de la première ligne wallonne (PPLW).Le journal du Médecin : Qui a participé à cette table ronde?Paul De Munck : Il y avait deux publics très différents. Celles et ceux que l'on voit partout et qui sont déjà présents dans les organes consultatifs et des prestataires issus de divers horizons et qui découvraient un peu la thématique.Cela a des forces et des faiblesses. Les " initiés " n'ont rien appris. Mais le but de tels ateliers n'est pas nécessairement d'apprendre, mais de partager dans un concept de world cafés où l'on navigue de tables en tables pour partager ses expériences.Que retenez-vous de cet atelier?Nous sommes mitigés. Tout dépend de ce que l'on poursuit comme objectif. Si l'objectif est de rassembler une cinquantaine de personnes pour partager un certain nombre d'idées sur l'intérêt de structurer la première ligne et les moyens pour y arriver, cela a du sens. Par contre, si l'objectif est de tirer des enseignements généraux sur les désidératas de la première ligne, cela n'est pas du tout valide. Tant le taux de participation au questionnaire que les personnes présentes au premier atelier, ne reflète pas suffisamment la première ligne wallonne. Il y a donc un problème de représentation et des limites évidentes à ce que l'on peut tirer comme enseignements de tels exercices. C'est donc, comme le dit bien le document partagé sur la plateforme Proxisanté1, un terreau qui peut servir d'élément de réflexion, à condition que cela débouche sur autre chose. C'est un premier pas décisif, mais il faut qu'il soit suivi d'autres pas. Sinon, il restera un coup d'épée dans l'eau.Ensuite, il y a un sentiment, pour les prestataires actifs depuis des années dans les politiques de santé, de redite et d'exercice qui n'est pas celui attendu ou espérer. Il ne faut pas se mentir. La ministre a fait un discours très engagé. Son intention n'est pas à remettre en question. Son cabinet veut vraiment avancer. Mais personne n'est naïf : au bout de ce processus, on n'aura pas le plan stratégique de mise en place de la structuration de la première ligne clé en main. La Région wallonne a confié le processus de Proxisanté à une boîte de consultance. On se pose des questions par rapport à cela. Peut-être que l'administration publique n'a plus les moyens de son ambition et ne peut mettre en oeuvre ses politiques.Car elle n'a plus l'expertise suffisante ?Oui. Il y a un manque d'experts. Je suis de ceux qui pensent que les services publics devraient avoir les meilleurs éléments. Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas de bons experts au sein de l'Aviq, mais il n'y en a pas assez.Nous faisons donc l'exercice avec ces limites. Attendons l'issue des autres ateliers et soyons constructifs. Quels que soient les résultats, continuons à nous inscrire dans ce qui suivra et devra suivre. Je m'explique : si Proxisanté - et je ne pense pas que ce soit l'objectif - annonce au terme de l'année que le plan est là, c'est foutu. Car ce premier atelier était vraiment un premier tour de table. Et ce ne sera pas suffisant. Car on n'a pas discuté de propositions concrètes. Et aucune décision ne peut être prise sans accord de la base au sein des différentes professions de la première ligne.La thématique abordée lors de ce premier atelier était le maillage territorial.Quelles sont les pistes proposées par la première ligne wallonne ? Certaines bonnes pratiques ont été présentées mais aucune proposition concrète n'a été discutée.Il faut des zones de première ligne. Mais combien ? À partir de quoi découper ? Ce n'est pas une question qui date d'hier. La PPLW a déjà fait une proposition concrète. Partons de là, comme d'une pièce à casser. On n'a même pas distribué aux participants de cet atelier la note d'orientation de la PPLW, qui décrit toute la problématique et un modèle que l'on peut discuter.Nous sommes loin de propositions concrètes, je suis d'accord avec vous et vous faites bien de le souligner. Et c'est ce que beaucoup d'acteurs attendent. Que va-t-on faire des SISD, des RML, des cercles, de l'aide...Nous en sommes encore à des réflexions d'acteurs, qui sont intéressantes. Mais on n'a même pas abordé la question de la taille d'une zone de soin. Comment vont-ils synthétiser cela ? Que vont-ils en faire ? J'attends de voir.Les critiques ne manquent pas par rapport à la méthodologie du questionnaire en ligne, dont la société de consultance admet elle-même qu'aucun résultat significatif ne peut être tiré car il y avait une participation trop faible, des biais de sélection et de méthodologie.On peut toujours tout critiquer. Les critiques ne manquent pas, c'est vrai. Mais il faut rester constructif. Nous avons toutes et tous intérêt à ce que ce processus débouche sur un autre pour avancer. Il faudra bien que l'autorité, à un moment donné, avec peut-être une autre méthode, donne une pièce à casser en venant avec une proposition concrète autour de laquelle on pourra discuter. C'est à ce moment-là que l'on pourra trouver un terrain d'entente.Le problème est que l'on avait déjà fait tout ce travail. La note d'orientation de la PPLW décrit déjà la problématique et propose des pistes d'actions concrètes. Pour rappel, la PPLW rassemble 16 métiers et 23 organisations de la première ligne en Wallonie. Ce n'est pas rien. Nous représentons l'avis validé de milliers d'acteurs de terrain.Pourquoi ne pas partir de cette note, dès lors ? C'est une perte de temps.C'est vrai oui, et c'est notre proposition. Nous sommes prêts. Ce n'est pas parce que nous émettons des critiques - qui sont reconnues par la société de consultance elle-même - que nous sommes négatifs. Nous voulons être constructifs et participatifs. Nous avons fait une proposition. Partons de là. Nous n'en sommes plus au stade où il faut discuter du pourquoi il faut une première ligne forte, mais au stade où faut la mettre en oeuvre.