Le journal du Médecin vous propose de découvrir les dix familles belges les plus importantes parmi celles qui investissent dans l'industrie pharmaceutique. L'aperçu publié ici se base sur des données publiques, des comptes annuels et des bilans d'entreprises ; il a été rédigé en collaboration avec www.derijkstebelgen.be.

1. La famille Janssen - UCB et Solvay - 2.823 millions d'euros

La famille Janssen est active dans le secteur bancaire pratiquement depuis la fondation de notre petit royaume. Le baron Emmanuel Janssen (1879-1955) a toutefois marqué un tournant dans son histoire en épousant Jeanne, la petite-fille d'Ernest Solvay, fondateur de l'entreprise qui porte son nom. Il a rapidement accédé aux plus hautes sphères du géant de la chimie, où il s'est notamment occupé de la Mutuelle Solvay, la banque qui faisait à l'époque partie du groupe - une activité qui s'est soldée par une participation conséquente dans la Générale de Banque, plus tard absorbée par Fortis. Le troisième et peut-être le plus important pilier de l'empire Solvay est la multinationale pharmaceutique UCB, dont la famille Janssen conserve à ce jour un nombre non négligeable d'actions par le biais des holdings Financière de Tubize et Obourg. UCB peut actuellement s'appuyer sur quatre produits-phares encore en pleine croissance, dont trois (le Cimzia contre la polyarthrite rhumatoïde, le Vimpat contre l'épilepsie et le Neupro contre la maladie de Parkinson) ont généré au cours de l'année dernière un peu plus de deux milliards de recettes. S'y ajoute un second antiépileptique, le Keppra, dont le chiffre d'affaires continue à progresser grâce à la fidélité des utilisateurs malgré l'expiration de son brevet. L'entreprise possède encore huit molécules en phase de recherche clinique.

DR
© DR

2. La famille Marc Coucke - Perrigo, Mithra... - 1.348 millions d'euros

L'histoire d'Omega Pharma reste assez remarquable. À la fin des années 1980, le pharmacien Marc Coucke lance avec un ami une petite entreprise qui vend des shampoings aux officines depuis un simple garage. Après une succession de décisions judicieuses, la firme est aujourd'hui présente dans une quarantaine de pays avec ses produits OTC et génère un chiffre d'affaires annuel d'un peu moins d'un milliard d'euros. La renommée de son fondateur a grandi avec elle : grâce notamment à ses amitiés avec une série de célébrités flamandes, à son sponsoring de courses cyclistes et à sa participation à diverses émissions de télévision, Marc Coucke est aujourd'hui le plus flamboyant des CEO belges. C'est lui qui a introduit Omega Pharma en bourse et l'en a retiré en 2011, après 13 ans, pour lui permettre de réaliser un mois plus tard la plus belle acquisition de son histoire : la firme et le groupe d'investissements dégagent alors 470 millions d'euros d'argent comptant pour s'offrir le portefeuille OTC du géant britannique GlaxoSmithKline. Le grand tournant reste toutefois encore à venir : en 2014, Omega Pharma est revendu au groupe américain Perrigo pour la modique somme de 3,6 milliards d'euros - un coup de maître pour le pharmacien industriel !

3. La famille De Raedt-Verheyden - laboratoire médical Medina - 423,9 millions d'euros

La naissance du futur laboratoire médical Medina remonte à 1978, avec la création du Klinisch Laboratorium Dendermonde. En 1999, les choses s'accélèrent pour la cheffe d'entreprise Frederica Verheyden et son conjoint Gino De Raedt avec la reprise du Medisch Labo Medina d'Aalter qui donnera son nom au groupe. Ce n'est que la première d'une série d'acquisitions : suivront le laboratoire de Torhout en 2000, le MedianLab d'Alost en 2004, le Medisch en Veterinair Laboratorium d'Oostakker un an plus tard et enfin, en 2006, le laboratoire ZOV de Brakel. Avec un chiffre d'affaires de plus de 40 millions d'euros, Medina est aujourd'hui devenu l'un des plus grands acteurs du secteur dans notre pays. L'entreprise dispose d'une flotte de collecte de plus d'une soixantaine de véhicules, qui se chargent de recueillir le matériel (p.ex. échantillons sanguins) et de le transporter jusqu'au laboratoire où sont réalisées chaque jour quelque 20.000 analyses. Gino De Raedt a par ailleurs développé un joli patrimoine dans le secteur du traitement des matières plastiques. Il a notamment été actionnaire de DW Packaging, une entreprise productrice de caisses de bière rachetée par un groupe britannique en 1995. En 2015, le couple a annoncé la reprise de la firme britannique Cedo, leader du marché européen des sacs en plastique à usage domestique. L'entreprise emploie quelque 2.000 collaborateurs dans cinq usines, dont une au Vietnam et quatre en Europe.

4. La famille Rudi Mariën - Innogenetics - 193,1 millions d'euros

En quête de capitaux à risque pour financer sa recherche de nouveaux outils diagnostiques, Hugo van Heuverswyn trouve en 1985 le soutien nécessaire chez Rudi Mariën, pharmacien de formation mais industriel de vocation. Déjà actif dans le secteur des laboratoires biomédicaux, celui-ci lui apporte le capital de 204 millions d'anciens francs (5 millions d'euros) qui permettra de porter Innogenetics sur les fonts baptismaux. Au cours des dix années qui suivent, l'entreprise investit plus de 3 milliards de francs (75 millions d'euros) dans la recherche d'outils autorisant un diagnostic plus rapide de maladies comme le sida ou la tuberculose. Lors du rachat d'Innogenetics par Solvay, en 2008, Rudi Mariën touche 37 millions d'euros pour ses 18,5% de parts et annonce immédiatement son intention de réinvestir ces fonds dans le même secteur. Il tient parole, tout en s'intéressant également à des entreprises cotées en bourse telles que Devgen, ThromboGenics, Galápagos, Ablynx ou encore MDxHealth (ex-OncoMethylome Sciences) et en multipliant les participations dans des entreprises non cotées en bourse telles qu'ActoGeniX, Biocartis, PharmaNeuro-Boost, Eggcentris et Oystershell. Son dernier investissement majeur concernait Biocartis, la firme fondée par Rudi Pauwels.

5. Famille Janssen-Arts - ex-Janssen Pharmaceutica - 108,9 millions d'euros

D'après certaines sources, le docteur Paul Janssen aurait été en son temps l'homme le plus riche non seulement de Flandre, mais de toute la Belgique. Brillant entrepreneur, il connaît son premier succès avec le développement du Reasec, un traitement contre la diarrhée dont il dira plus tard qu'il a fait sa fortune. En 1957, il fait construire sa première usine à Beerse, qui emploie déjà plus de 300 personnes trois ans plus tard. Le 17 juillet 1961, "le docteur Paul" cède sa jeune entreprise à Johnson & Johnson dans le cadre d'une fusion qui lui permettra d'acquérir un joli fonds d'actions du géant américain tout en restant à la tête de la firme qu'il a créée. Janssen Pharmaceutica devient ainsi le principal pilier des activités pharmaceutiques de Johnson & Johnson. L'usine que l'entreprise fait construire en Chine passe pour être un investissement modèle.

Après le décès de Paul Janssen, en 2003, la collection d'art précolombien unique réunie par son épouse (350 pièces) est cédée à la Communauté flamande pour acquitter les 7,7 millions d'euros de droits de succession sur son héritage. La crise financière de 2008 coûte quelque 38 millions d'euros à ses héritiers.

6. La famille François Fornieri - Mithra - 100,7 millions d'euros

Fondée en 1999 par François Fornieri en collaboration avec le Pr Jean-Michel Foidart, Mithra Pharmaceuticals est au départ une spin-off de l'université de Liège. Au cours de cette première phase, l'entreprise cible un public de gynécologues avec une offre de produits d'hygiène féminine et des additifs alimentaires en vente libre. Dans un second temps, François Fornieri se lance dans le développement de produits hormonaux génériques et dans la commercialisation de traitements génériques plus généraux. Au cours d'une troisième phase, la firme se concentre sur deux grands projets : le développement d'Estelle, une pilule contraceptive naturelle, et celui du Donesta, un médicament destiné au traitement des plaintes découlant de la ménopause.

Reste qu'il faut de l'argent pour faire un bon produit, en particulier dans le secteur pharmaceutique... et c'est là qu'intervient Marc Coucke, qui approuve en première instance le placement de 40 millions d'euros de capitaux privés dans la société. Grâce à sa participation et à celle d'autres investisseurs comme l'entrepreneur ostendais Bart Versluys, ce tour d'investissements rapporte 55 millions d'euros. Dans le courant de l'été 2015, Mithra fait son entrée sur la bourse de Bruxelles et récolte un peu moins de 80 millions d'euros - des moyens qui doivent permettre le lancement sur le marché d'Estelle et de Donesta. François Fornieri détient actuellement 34 % des parts de l'entreprise, Marc Coucke 30%.

7. La famille Vindevogel - Vemedia - 64,3 millions d'euros

Si Marc Coucke est généralement présenté comme "le fondateur d'Omega Pharma", ce n'est en réalité pas tout à fait exact. C'est en effet Yvan Vindevogel qui, au terme de ses études de pharmacie, se lance dans la fabrication de shampoings qu'il vend en vrac aux officines. Lui aussi qui, mi-1987, fonde Omega Pharma en collaboration avec Frank De Geyter, un pharmacien d'Harelbeke. Ce n'est que lorsque ce dernier se retire de l'aventure qu'Yvan Vindevogel contacte Marc Coucke. En 1994, le grossiste pharmaceutique néerlandais OPG offre près de 5 millions d'euros pour la reprise d'Omega Pharma - une proposition qui suscitera des réactions différentes chez ses deux actionnaires. Yvan Vindevogel choisit de céder ses parts pour 2,5 millions d'euros, qu'il réinvestit rapidement dans Vemedia, une entreprise assez comparable où il aura l'occasion d'élaborer une stratégie de croissance forte. Introduite puis retirée de la bourse de Bruxelles, la firme se retrouve finalement entre les mains du fonds d'investissements IK Investments Partners. Yvan Vindevogel en conserve 25%. Actif dans les secteurs les plus divers, il a notamment racheté il y a quelques années au groupe Beaulieu l'hôtel Damier de Courtrai pour lui rendre sa splendeur d'antan. Il a également lancé en 2014 son propre label de gin, baptisé Copperhead, au travers duquel il veut remettre à l'honneur le passé pharmaceutique de la boisson. Le terme de Copperhead ou "tête cuivrée" fait en effet référence à une espèce de serpent qui se retrouve dans le symbole de la pharmacie.

Copperhead Gin: Yvan Vindevogel (links) en Bernard Filliers (rechts), Emy Elleboog
Copperhead Gin: Yvan Vindevogel (links) en Bernard Filliers (rechts) © Emy Elleboog

8. La famille Baudier - Laboratoires SMB - 61,4 millions d'euros

La Société des Médecins Baudier ou SMB est une PME belge active dans l'industrie pharmaceutique. Elle se trouve entre les mains de la famille éponyme et commercialise notamment l'Algostase et l'Afebryl, des médicaments antalgiques et fébrifuges concurrents de spécialités plus connues comme le Dafalgan et le Perdolan. En 2003, la SMB a conclu un accord de distribution avec Omega Pharma, qui portait également sur son spray bucal Neo-golaseptine.

Lancée à Bruxelles en 1953, l'entreprise faisait initialement office de fournisseur de médicaments pour le marché local. Lorsque Philippe Baudier en a repris les rênes, en 1978, l'accent s'est déplacé sur la production de médicaments oraux innovants à haute valeur ajoutée. Ce tournant s'est accompagné d'importants investissements dans la recherche et le développement - une évolution qui a également poussé la SMB à conquérir de nouveaux marchés d'exportation. Dans la foulée, un agrandissement d'échelle s'est rapidement imposé pour pouvoir continuer à supporter les investissements nécessaires.

En 1988, la firme a décidé de construire à Marche-en-Famenne une nouvelle unité de production répondant aux exigences les plus récentes en matière de respect de l'environnement et de bonnes pratiques de fabrication européennes. Elle est considérée comme un investissement modèle pour la province du Luxembourg.

9. La famille De Backer - HDB - 53,8 millions d'euros

Hubert De Backer est une entreprise familiale fondée en 1932, qui se spécialise dans le développement et la production de composés synthétiques destinés au secteur pharmaceutique. Il s'agit principalement de la production, l'impression et l'assemblage des emballages de médicaments et autres produits médicaux. La firme emploie 200 personnes et dispose de 80 machines qui tournent 24 heures sur 24 pour produire des conditionnements conformes aux exigences du secteur pharmaceutique. Ses produits sont utilisés pour des spécialités à usage humain et vétérinaire.

De Backer, DR
De Backer © DR

10. La famille Van Rompay - Uteron Pharma - 47 millions d'euros

Après avoir débuté sa carrière comme chimiste chez des géants du pharma comme Bayer et Glaxo, Leon Van Rompay rejoint au début des années 1980 l'entreprise italienne Zambon. Il s'y voit confier la direction de Topgen, qui se charge de commercialiser des médicaments génériques. En 1999, il décide de sauter le pas : entouré d'une trentaine de collaborateurs, il fonde à Heverlee sa firme Docpharma.

Van Rompay a d'emblée pour ambition de faire de Docpharma l'un des leaders de la production de médicaments génériques. En juin 2001, l'entreprise fait son entrée en bourse sur Euronext Bruxelles, où elle devient rapidement le chouchou des investisseurs : en quatre mois à peine, la valeur des parts est multipliée par six ! En 2005, Van Rompay cède sa participation dans l'entreprise au groupe indien Matrix (également actif dans le secteur des médicaments génériques) pour la somme de 47 millions d'euros.

Entre-temps, Stijn Van Rompay est devenu l'homme fort de la firme liégeoise Uteron Pharma, dont il a accru le capital de 14 millions d'euros en 2012. L'entreprise, dont il est l'un des fondateurs, se spécialise dans le secteur de la santé féminine ; elle est notamment en train de développer un nouveau contraceptif à base d'hormones naturelles. Parmi ses investisseurs, on retrouve notamment Christian Dumolin (Trustcapital), Roland Duchâtelet (Elex), Jean Stéphenne (GSK) et Jos Sluys (Saffelberg). En 2013, Van Rompay vend Uteron à la firme américaine Watson. Plus tard, François Fornieri (numéro 6 de notre classement) réchètera une part des activités d'Uteron. La famille Van Rompay a confié entre-temps ses investissements au fonds d'investissements PE Group.

Riche ? Comment ça ?

Le patrimoine mentionné dans notre top 10 est un patrimoine investi. Il ne s'agit donc pas de liquidités placées sur un compte en banque. Toutes les données chiffrées sont basées sur les sources publiques les plus récentes (2014 ou 2015) et consistent en une combinaison entre des bilans d'affaires et d'autres publications officielles.

Le patrimoine est pour diverses raisons ancré en société. Outre le fait qu'il s'agisse d'une obligation légale, cela offre une sécurité juridique ainsi que des avantages fiscaux. La plus-value des parts d'une entreprise est, à ce jour, exempte d'impôts, au contraire des bénéfices distribués. Les actions peuvent être cédées de père en fils au moment du décès, sans être soumises aux droits de succession, même si le montant de ces derniers a été diminué.

Le journal du Médecin vous propose de découvrir les dix familles belges les plus importantes parmi celles qui investissent dans l'industrie pharmaceutique. L'aperçu publié ici se base sur des données publiques, des comptes annuels et des bilans d'entreprises ; il a été rédigé en collaboration avec www.derijkstebelgen.be.1. La famille Janssen - UCB et Solvay - 2.823 millions d'eurosLa famille Janssen est active dans le secteur bancaire pratiquement depuis la fondation de notre petit royaume. Le baron Emmanuel Janssen (1879-1955) a toutefois marqué un tournant dans son histoire en épousant Jeanne, la petite-fille d'Ernest Solvay, fondateur de l'entreprise qui porte son nom. Il a rapidement accédé aux plus hautes sphères du géant de la chimie, où il s'est notamment occupé de la Mutuelle Solvay, la banque qui faisait à l'époque partie du groupe - une activité qui s'est soldée par une participation conséquente dans la Générale de Banque, plus tard absorbée par Fortis. Le troisième et peut-être le plus important pilier de l'empire Solvay est la multinationale pharmaceutique UCB, dont la famille Janssen conserve à ce jour un nombre non négligeable d'actions par le biais des holdings Financière de Tubize et Obourg. UCB peut actuellement s'appuyer sur quatre produits-phares encore en pleine croissance, dont trois (le Cimzia contre la polyarthrite rhumatoïde, le Vimpat contre l'épilepsie et le Neupro contre la maladie de Parkinson) ont généré au cours de l'année dernière un peu plus de deux milliards de recettes. S'y ajoute un second antiépileptique, le Keppra, dont le chiffre d'affaires continue à progresser grâce à la fidélité des utilisateurs malgré l'expiration de son brevet. L'entreprise possède encore huit molécules en phase de recherche clinique.2. La famille Marc Coucke - Perrigo, Mithra... - 1.348 millions d'eurosL'histoire d'Omega Pharma reste assez remarquable. À la fin des années 1980, le pharmacien Marc Coucke lance avec un ami une petite entreprise qui vend des shampoings aux officines depuis un simple garage. Après une succession de décisions judicieuses, la firme est aujourd'hui présente dans une quarantaine de pays avec ses produits OTC et génère un chiffre d'affaires annuel d'un peu moins d'un milliard d'euros. La renommée de son fondateur a grandi avec elle : grâce notamment à ses amitiés avec une série de célébrités flamandes, à son sponsoring de courses cyclistes et à sa participation à diverses émissions de télévision, Marc Coucke est aujourd'hui le plus flamboyant des CEO belges. C'est lui qui a introduit Omega Pharma en bourse et l'en a retiré en 2011, après 13 ans, pour lui permettre de réaliser un mois plus tard la plus belle acquisition de son histoire : la firme et le groupe d'investissements dégagent alors 470 millions d'euros d'argent comptant pour s'offrir le portefeuille OTC du géant britannique GlaxoSmithKline. Le grand tournant reste toutefois encore à venir : en 2014, Omega Pharma est revendu au groupe américain Perrigo pour la modique somme de 3,6 milliards d'euros - un coup de maître pour le pharmacien industriel !3. La famille De Raedt-Verheyden - laboratoire médical Medina - 423,9 millions d'eurosLa naissance du futur laboratoire médical Medina remonte à 1978, avec la création du Klinisch Laboratorium Dendermonde. En 1999, les choses s'accélèrent pour la cheffe d'entreprise Frederica Verheyden et son conjoint Gino De Raedt avec la reprise du Medisch Labo Medina d'Aalter qui donnera son nom au groupe. Ce n'est que la première d'une série d'acquisitions : suivront le laboratoire de Torhout en 2000, le MedianLab d'Alost en 2004, le Medisch en Veterinair Laboratorium d'Oostakker un an plus tard et enfin, en 2006, le laboratoire ZOV de Brakel. Avec un chiffre d'affaires de plus de 40 millions d'euros, Medina est aujourd'hui devenu l'un des plus grands acteurs du secteur dans notre pays. L'entreprise dispose d'une flotte de collecte de plus d'une soixantaine de véhicules, qui se chargent de recueillir le matériel (p.ex. échantillons sanguins) et de le transporter jusqu'au laboratoire où sont réalisées chaque jour quelque 20.000 analyses. Gino De Raedt a par ailleurs développé un joli patrimoine dans le secteur du traitement des matières plastiques. Il a notamment été actionnaire de DW Packaging, une entreprise productrice de caisses de bière rachetée par un groupe britannique en 1995. En 2015, le couple a annoncé la reprise de la firme britannique Cedo, leader du marché européen des sacs en plastique à usage domestique. L'entreprise emploie quelque 2.000 collaborateurs dans cinq usines, dont une au Vietnam et quatre en Europe.4. La famille Rudi Mariën - Innogenetics - 193,1 millions d'eurosEn quête de capitaux à risque pour financer sa recherche de nouveaux outils diagnostiques, Hugo van Heuverswyn trouve en 1985 le soutien nécessaire chez Rudi Mariën, pharmacien de formation mais industriel de vocation. Déjà actif dans le secteur des laboratoires biomédicaux, celui-ci lui apporte le capital de 204 millions d'anciens francs (5 millions d'euros) qui permettra de porter Innogenetics sur les fonts baptismaux. Au cours des dix années qui suivent, l'entreprise investit plus de 3 milliards de francs (75 millions d'euros) dans la recherche d'outils autorisant un diagnostic plus rapide de maladies comme le sida ou la tuberculose. Lors du rachat d'Innogenetics par Solvay, en 2008, Rudi Mariën touche 37 millions d'euros pour ses 18,5% de parts et annonce immédiatement son intention de réinvestir ces fonds dans le même secteur. Il tient parole, tout en s'intéressant également à des entreprises cotées en bourse telles que Devgen, ThromboGenics, Galápagos, Ablynx ou encore MDxHealth (ex-OncoMethylome Sciences) et en multipliant les participations dans des entreprises non cotées en bourse telles qu'ActoGeniX, Biocartis, PharmaNeuro-Boost, Eggcentris et Oystershell. Son dernier investissement majeur concernait Biocartis, la firme fondée par Rudi Pauwels.5. Famille Janssen-Arts - ex-Janssen Pharmaceutica - 108,9 millions d'eurosD'après certaines sources, le docteur Paul Janssen aurait été en son temps l'homme le plus riche non seulement de Flandre, mais de toute la Belgique. Brillant entrepreneur, il connaît son premier succès avec le développement du Reasec, un traitement contre la diarrhée dont il dira plus tard qu'il a fait sa fortune. En 1957, il fait construire sa première usine à Beerse, qui emploie déjà plus de 300 personnes trois ans plus tard. Le 17 juillet 1961, "le docteur Paul" cède sa jeune entreprise à Johnson & Johnson dans le cadre d'une fusion qui lui permettra d'acquérir un joli fonds d'actions du géant américain tout en restant à la tête de la firme qu'il a créée. Janssen Pharmaceutica devient ainsi le principal pilier des activités pharmaceutiques de Johnson & Johnson. L'usine que l'entreprise fait construire en Chine passe pour être un investissement modèle.Après le décès de Paul Janssen, en 2003, la collection d'art précolombien unique réunie par son épouse (350 pièces) est cédée à la Communauté flamande pour acquitter les 7,7 millions d'euros de droits de succession sur son héritage. La crise financière de 2008 coûte quelque 38 millions d'euros à ses héritiers.6. La famille François Fornieri - Mithra - 100,7 millions d'eurosFondée en 1999 par François Fornieri en collaboration avec le Pr Jean-Michel Foidart, Mithra Pharmaceuticals est au départ une spin-off de l'université de Liège. Au cours de cette première phase, l'entreprise cible un public de gynécologues avec une offre de produits d'hygiène féminine et des additifs alimentaires en vente libre. Dans un second temps, François Fornieri se lance dans le développement de produits hormonaux génériques et dans la commercialisation de traitements génériques plus généraux. Au cours d'une troisième phase, la firme se concentre sur deux grands projets : le développement d'Estelle, une pilule contraceptive naturelle, et celui du Donesta, un médicament destiné au traitement des plaintes découlant de la ménopause.Reste qu'il faut de l'argent pour faire un bon produit, en particulier dans le secteur pharmaceutique... et c'est là qu'intervient Marc Coucke, qui approuve en première instance le placement de 40 millions d'euros de capitaux privés dans la société. Grâce à sa participation et à celle d'autres investisseurs comme l'entrepreneur ostendais Bart Versluys, ce tour d'investissements rapporte 55 millions d'euros. Dans le courant de l'été 2015, Mithra fait son entrée sur la bourse de Bruxelles et récolte un peu moins de 80 millions d'euros - des moyens qui doivent permettre le lancement sur le marché d'Estelle et de Donesta. François Fornieri détient actuellement 34 % des parts de l'entreprise, Marc Coucke 30%.7. La famille Vindevogel - Vemedia - 64,3 millions d'eurosSi Marc Coucke est généralement présenté comme "le fondateur d'Omega Pharma", ce n'est en réalité pas tout à fait exact. C'est en effet Yvan Vindevogel qui, au terme de ses études de pharmacie, se lance dans la fabrication de shampoings qu'il vend en vrac aux officines. Lui aussi qui, mi-1987, fonde Omega Pharma en collaboration avec Frank De Geyter, un pharmacien d'Harelbeke. Ce n'est que lorsque ce dernier se retire de l'aventure qu'Yvan Vindevogel contacte Marc Coucke. En 1994, le grossiste pharmaceutique néerlandais OPG offre près de 5 millions d'euros pour la reprise d'Omega Pharma - une proposition qui suscitera des réactions différentes chez ses deux actionnaires. Yvan Vindevogel choisit de céder ses parts pour 2,5 millions d'euros, qu'il réinvestit rapidement dans Vemedia, une entreprise assez comparable où il aura l'occasion d'élaborer une stratégie de croissance forte. Introduite puis retirée de la bourse de Bruxelles, la firme se retrouve finalement entre les mains du fonds d'investissements IK Investments Partners. Yvan Vindevogel en conserve 25%. Actif dans les secteurs les plus divers, il a notamment racheté il y a quelques années au groupe Beaulieu l'hôtel Damier de Courtrai pour lui rendre sa splendeur d'antan. Il a également lancé en 2014 son propre label de gin, baptisé Copperhead, au travers duquel il veut remettre à l'honneur le passé pharmaceutique de la boisson. Le terme de Copperhead ou "tête cuivrée" fait en effet référence à une espèce de serpent qui se retrouve dans le symbole de la pharmacie.8. La famille Baudier - Laboratoires SMB - 61,4 millions d'eurosLa Société des Médecins Baudier ou SMB est une PME belge active dans l'industrie pharmaceutique. Elle se trouve entre les mains de la famille éponyme et commercialise notamment l'Algostase et l'Afebryl, des médicaments antalgiques et fébrifuges concurrents de spécialités plus connues comme le Dafalgan et le Perdolan. En 2003, la SMB a conclu un accord de distribution avec Omega Pharma, qui portait également sur son spray bucal Neo-golaseptine.Lancée à Bruxelles en 1953, l'entreprise faisait initialement office de fournisseur de médicaments pour le marché local. Lorsque Philippe Baudier en a repris les rênes, en 1978, l'accent s'est déplacé sur la production de médicaments oraux innovants à haute valeur ajoutée. Ce tournant s'est accompagné d'importants investissements dans la recherche et le développement - une évolution qui a également poussé la SMB à conquérir de nouveaux marchés d'exportation. Dans la foulée, un agrandissement d'échelle s'est rapidement imposé pour pouvoir continuer à supporter les investissements nécessaires.En 1988, la firme a décidé de construire à Marche-en-Famenne une nouvelle unité de production répondant aux exigences les plus récentes en matière de respect de l'environnement et de bonnes pratiques de fabrication européennes. Elle est considérée comme un investissement modèle pour la province du Luxembourg.9. La famille De Backer - HDB - 53,8 millions d'eurosHubert De Backer est une entreprise familiale fondée en 1932, qui se spécialise dans le développement et la production de composés synthétiques destinés au secteur pharmaceutique. Il s'agit principalement de la production, l'impression et l'assemblage des emballages de médicaments et autres produits médicaux. La firme emploie 200 personnes et dispose de 80 machines qui tournent 24 heures sur 24 pour produire des conditionnements conformes aux exigences du secteur pharmaceutique. Ses produits sont utilisés pour des spécialités à usage humain et vétérinaire.10. La famille Van Rompay - Uteron Pharma - 47 millions d'eurosAprès avoir débuté sa carrière comme chimiste chez des géants du pharma comme Bayer et Glaxo, Leon Van Rompay rejoint au début des années 1980 l'entreprise italienne Zambon. Il s'y voit confier la direction de Topgen, qui se charge de commercialiser des médicaments génériques. En 1999, il décide de sauter le pas : entouré d'une trentaine de collaborateurs, il fonde à Heverlee sa firme Docpharma.Van Rompay a d'emblée pour ambition de faire de Docpharma l'un des leaders de la production de médicaments génériques. En juin 2001, l'entreprise fait son entrée en bourse sur Euronext Bruxelles, où elle devient rapidement le chouchou des investisseurs : en quatre mois à peine, la valeur des parts est multipliée par six ! En 2005, Van Rompay cède sa participation dans l'entreprise au groupe indien Matrix (également actif dans le secteur des médicaments génériques) pour la somme de 47 millions d'euros.Entre-temps, Stijn Van Rompay est devenu l'homme fort de la firme liégeoise Uteron Pharma, dont il a accru le capital de 14 millions d'euros en 2012. L'entreprise, dont il est l'un des fondateurs, se spécialise dans le secteur de la santé féminine ; elle est notamment en train de développer un nouveau contraceptif à base d'hormones naturelles. Parmi ses investisseurs, on retrouve notamment Christian Dumolin (Trustcapital), Roland Duchâtelet (Elex), Jean Stéphenne (GSK) et Jos Sluys (Saffelberg). En 2013, Van Rompay vend Uteron à la firme américaine Watson. Plus tard, François Fornieri (numéro 6 de notre classement) réchètera une part des activités d'Uteron. La famille Van Rompay a confié entre-temps ses investissements au fonds d'investissements PE Group.