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Le Journal du médecin a demandé à l'Inami une répartition du nombre de médecins par région du pays. Nous nous intéresserons ici aux chiffres qui concernent la médecine générale - dans le cadre, notamment, des données pour le moins alarmantes du dernier rapport de performance de notre système de santé.Le corps médical vieillit. En février déjà, on notait qu'un quart des médecins autorisés à facturer des prestations Inami en 2017 étaient âgés de 65 ans ou plus. Chez les généralistes, le vieillissement est (un peu) plus marqué encore, avec 28,6 % de 65 ans ou plus.Le rapport de performance du système de santé belge (disponible sur www.healthybelgium.be) reprend en guise d'indicateur de la " soutenabilité " de notre système de soins la proportion de médecins âgés de 55 ans ou plus, et donc susceptibles d'accéder à la pension dans des délais relativement brefs. Toutes spécialités confondues, elle s'élevait déjà en 2015 à 44,4 %... et chez les médecins de famille, elle atteignait même 55 % ! Seuls la France et l'Italie comptent davantage de plus de 55 ans parmi leurs médecins.Le graphique ci-contre, tiré du dit rapport, livre un tableau un brin inquiétant de la situation qui attend nos médecins de famille. Dans les années 90, il était encore question d'une véritable pléthore, à tel point que les nouveaux venus avaient toutes les peines du monde à développer leur patientèle - une situation clairement néfaste à laquelle on a tenté de remédier en limitant le flux entrant. Aujourd'hui, le vieillissement de plus en plus marqué est régulièrement invoqué pour remettre ce système en question. En médecine générale, le problème actuel réside toutefois moins dans un plafond qui empêcherait les candidats d'accéder à la profession que dans le fait que les quotas minimaux n'ont pas été remplis depuis bien longtemps.Un autre indicateur de soutenabilité repris dans le rapport, justement, est le pourcentage de diplômés en médecine qui s'orientent vers la médecine générale. Dans les années 90, il était de 40 % ; au cours de la première décennie du nouveau millénaire, il avait dégringolé à 25 %.Une amélioration a néanmoins commencé à se dessiner à partir de 2011, en particulier en Flandre : en 2017, 35 % des carabins flamands s'orientaient vers la médecine générale dans le système de quotas, tandis que cette part plafonnait à 27 % en Belgique francophone. Même en Flandre, cette proportion reste toutefois trop faible pour compenser le vieillissement des troupes et le nombre de généralistes qui partiront à la retraite d'ici une dizaine d'années.L'Inami a publié récemment de nouveaux chiffres concernant le nombre de " médecins actifs " en 2017, qu'il a accepté de nous fournir ventilés par région. Ces chiffres dévoilent notamment la proportion de médecins de famille autorisés à facturer des prestations Inami qui sont âgés de plus de 65 ans - 28,3 % à Bruxelles, 31,4 % en Wallonie et 27 % en Flandre. L'Inami propose toutefois aussi des chiffres concernant ceux qui sont encore effectivement actifs sur la base d'un certain nombre de critères minimaux. Ils sont à peu près comparables dans les trois régions, de l'ordre de 82 % des praticiens autorisés à facturer des prestations. La Wallonie semble donc compter sensiblement plus (+4 à 5 %) de généralistes ayant dépassé l'âge légal de la retraite que la Flandre.Les chiffres de l'Inami confirment par ailleurs que le renouvellement des effectifs peine (un peu) plus à décoller en Belgique francophone. Fin 2018, la Wallonie comptait 5.435 généralistes autorisés à facturer des prestations Inami, soit une augmentation de 1,5 % en comparaison avec l'année précédente. En Flandre, on en dénombrait 8.942 (+2,4 %). À Bruxelles, l'augmentation s'élevait à 1,3 % et le nombre de généralistes autorisés à facturer des prestations Inami, à 1.758. Néanmoins, la Wallonie s'en sort plutôt mieux que la Flandre s'agissant du nombre de généralistes actifs, au nombre de 12,1 pour 10.000 habitants contre 11 seulement dans le Nord du pays. Bruxelles est entre les deux, avec 11,8 médecins de famille actifs pour 10.000 habitants.Le tableau de l'Inami présente également le nombre de médecins en formation en 2017. En termes de rapport MGFP/généralistes actifs, c'est la capitale qui affiche les meilleurs résultats, avec 15 % de MGFP (soit 209). En Wallonie et en Flandre, ce pourcentage est identique (10%, avec 424 MGFP wallons et 699 flamands).La Wallonie peut-elle rattraper son retard sur le Nord du pays en termes de rajeunissement des effectifs ? La Commission de planification a publié cette semaine les chiffres les plus récents du " cadastre " administratif qui suit les dossiers d'agrément, qui livrent quelques données extrêmement intéressantes concernant le nombre de MGFP. En Flandre, il s'élevait en 2018 à 840 soit +26,5 % - un peu moins que ce que l'on aurait pu attendre de la " double cohorte ". L'augmentation atteignait par contre pas moins de 95 % en Wallonie, avec 778 MGFP en 2018, et 31 % (274 MGFP) à Bruxelles. Nous n'avons toutefois pas encore eu la possibilité de nous pencher sur les facteurs susceptibles d'expliquer ces chiffres.