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"Depuis 2014, des sagesfemmes et des infirmières reçoivent des primes de motivation pour aller travailler dans des zones plus éloignées. Ce programme a été mis sur pied pour des raisons culturelles spécifiques à certains peuples. Certaines femmes n'aiment pas être auscultées par des hommes, ou se voient refuser la consultation par leur mari si elle est exercée par un homme. Que ça soit pour des consultations en gynécologie ou en médecine générale, se déshabiller peut parfois poser problème, le mari peut refuser ", explique Béatrice Radji, directrice d'AMCES (association des oeuvres médicales privées confessionnelles et sociales au Bénin) partenaire local de Memisa.Une vingtaine de sages-femmes et infirmières ont accepté de participer à ce projet donnant un accès aux soins aux femmes qui ne peuvent être prises en charge que par des femmes. Il est établi dans quatre zones sanitaires du département de Borgou dans le nord du Pays : Parakou N'Dali, Tchaourou, Bembereke et Nikki.Memisa a choisi de focaliser son aide dans le nord du pays plus délaissé que le sud, déjà submergé de partenaires techniques et financiers ( PTF) qui investissent dans plusieurs domaines d'activités.D'autres projets ont vu le jour dans le département de Borgou. " Memisa nous aide également avec l'intervention du fonds de solidarité. Il s'agit d'un fonds qui permet aux personnes démunies d'être prises en charge et d'avoir un accès aux soins de santé ", poursuit la directrice de l'association.L'ONG, en collaboration avec Médecins Sans Vacances et LUMOS-UZ Leuven, appuie également le renforcement des capacités du personnel médical dans tout le département du Borgou qui compte 1,8 million d'habitants (le Bénin comptant 11,5 millions d'habitants). L'hôpital de Bembéréké, le seul hôpital de référence de la région, a bénéficié notamment d'un nouveau service des urgences en 2018. Les patients sont désormais accueillis dans de meilleures conditions et le traitement des urgences est plus rapide.Le secteur hospitalier béninois fait face à des problèmes complexes qui requièrent une approche stratégique et beaucoup de temps, explique Béatrice Radji dans le Progrès, un quotidien béninois. " L e visage du secteur hospitalier du Bénin se caractérise par de nombreuses insuffisances ; un manque de qualité de prestations des services, un non-respect des règles d'hygiène hospitalière, un dysfonctionnement dans la continuité des soins et dans le système de référence ainsi qu'une insuffisance dans l'organisation de soins hospitaliers d'urgence. Il est aussi caractérisé par une absence d'indicateurs de performance hospitalière, une non maîtrise de la gestion des informations hospitalières et une défaillance dans le système de sécurisation des recettes hospitalières. "Aujourd'hui, le Bénin a un régime démocratique depuis 1990 après avoir subi une période militaro-marxiste. Il est considéré comme un des pays les plus stables d'Afrique de l'Ouest par les institutions constitutionnelle et politique. Il compte trois religions principales à savoir : l'animisme (18,1%), le christianisme (53%) et l'islam (27,8%) avec une majorité de musulmans dans le Nord.Malgré sa stabilité politique et économique, le taux de pauvreté reste élevé (46,4% en 2018 d'après la banque mondiale) avec une espérance de vie de 54 ans pour les hommes et de 55 ans pour les femmes (données OMS 2004). Et même si la politique béninoise en matière de santé affirme mettre en avant la médecine préventive par rapport à la médecine curative, c'est toujours le curatif qui occupe prioritairement le terrain toutes catégories confondues. Dans ce pays, les objectifs primordiaux restent comme dans ces pays voisins, la lutte contre la mortalité infantile, le paludisme, la tuberculose et le sida. Des pathologies qui sont en lien direct avec les conditions de vie des personnes les plus modestes, liées au manque d'eau potable, à la malnutrition, et aux difficultés d'accès aux soins.