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La leucémie a été reconnue pour la première fois comme une entité nosologique distincte au début du XIXe siècle, et certaines des premières descriptions suggèrent fortement la LMC. La découverte du chromosome de Philadelphie (Ph) en 1960 a été une première contribution importante à la compréhension des fondements biologiques de la LMC.La découverte, en 1973, que ce chromosome Ph résultait de la translocation réciproque entre les chromosomes 9 et 22 était presque aussi importante. Dans les années 1980, la " région du point de rupture du chromosome Ph - breakpoint cluster region " a été définie, conduisant rapidement à reconnaître que les patients atteints de LMC avaient dans leurs cellules leucémiques un gène de fusion acquis BCR-ABL exprimé sous forme de protéine à activité tyrosine kinase fortement accrue. En 1990, il a été démontré que BCR-ABL induisait la LMC dans des modèles murins, prouvant ainsi son rôle central dans la cause de la maladie. Le traitement de la LMC au XIXe siècle était rudimentaire. Le seul agent connu pour être efficace était l'arsenic.La radiothérapie, puis les agents alkylants et l'hydroxyurée sont devenus le pilier de la thérapie du début du XXe siècle jusqu'à l'avènement de l'interféron alpha au début des années 1980. Au cours de cette décennie, il est également apparu qu'un traitement intensif - irradiation corporelle totale et chimiothérapie à haute dose - couplé à une greffe allogénique de cellules souches pouvait, malgré un risque de mortalité, entraîner une survie à long terme sans maladie et probablement guérir certains patients. L'introduction dans la clinique de l'imatinib (appelé alors STI571), premier inhibiteur de la tyrosine kinase en 1998 a révolutionné les approches en matière de prise en charge du patient nouvellement diagnostiqué atteint de LMC en phase chronique.1845 : reconnaissance de la leucémie (probablement de la LMC) en tant qu'entité pathogène1846 : premier diagnostic de leucémie chez un patient vivantAnnées 1880 : développement de méthodes de coloration des cellules sanguines1951 : Dameshek introduit le concept des troubles myéloprolifératifs1960 : identification du chromosome de Philadelphie (22q-)1973 : reconnaissance de la nature réciproque de la translocation t(9 ; 22)(q34.1,q11.2)1984 : description de la breakpoint cluster region (bcr) sur le chromosome 221985 : identification du gène de fusion BCR-ABL et p210-Bcr-Abl1990 : démonstration que le gène BCR-ABL peut induire une maladie semblable à la LMC chez la souris1996 : démonstration de blocage sélectif de l'activité de la kinase Bcr-Abl1998 : démonstration que le blocage de l'activité de la kinase Bcr-Abl inverse le processus de la LMC2001 : reconnaissance des mutations non aléatoires dans le domaine kinase Abl1865 : première utilisation documentée de l'arsenic pour traiter la LMC (solution de Fowler)1895 : découverte des rayons X et utilisation ultérieure dans la LMC1946 : première chimiothérapie efficace contre la leucémie : moutarde à l'azote1956 : busulfan1975 : hydroxyurée1979 : transplantations médullaires entre jumeaux identiques1981 : allogreffe à partir de donneurs d'une même fratrie1982 : utilisation clinique de l'interféron alpha1984 : score pronostique de Sokal1985 : allogreffe à partir de donneurs non-apparentés1990 : utilisation des perfusions de lymphocytes du donneur et preuve d'un effet greffon contre leucémie après greffe allogénique de cellules souches1998 : première utilisation clinique d'un inhibiteur d'une tyrosine kinase (TK) Bcr-Abl2000 : lancement d'une étude prospective comparant imatinib avec IFN/Ara-C2004 : première utilisation clinique des inhibiteurs des TK de 2e générationEnsuite c'est aujourd'hui ! Le pronostic est plutôt optimiste pour les patients qui sont en phase chronique et qui reçoivent des ITK.Plus de 70% des hommes et près de 75% des femmes survivront à leur LMC pendant 5 ans ou plus après le diagnostic, mais le pronostic est souvent meilleur chez les plus jeunes : si près de 90% des 15-64 ans survivront à la leucémie pendant 5 ans ou plus après le diagnostic, ils seront plus de 40% chez les plus de 65 ans.Les patients en phase blastique sont traités individuellement ou participent à des essais cliniques. Leur pronostic est bien sûr nettement plus réservé.