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Au début de sa présentation, il s'est attardé sur le mode d'action du virus SARS-CoV-2 et a souligné que le virus a pu passer de l'animal à l'homme à la suite d'une mutation génétique. Ce virus doit son nom au fait qu'il présente des sortes de "pointes" à sa surface, qui le font ressembler à une couronne lorsqu'il est examiné au microscope électronique. Ces pointes sont un élément important qui permet au virus de se fixer à la cellule, pour ensuite y pénétrer, via les récepteurs ACE2 notamment présents dans les voies respiratoires et le nez, afin de s'y reproduire. Le Prof. Gala a également abordé une étude intéressante de l'UGent, qui a montré que la prédisposition génétique de la population peut dans une large mesure expliquer le degré de gravité de l'épidémie de covid-19 dans différents pays. Les populations présentant un polymorphisme de délétion du gène ACE1 seraient moins sensibles au virus. Ceci expliquerait pourquoi la Scandinavie est moins durement touchée par le virus que l'Afrique, l'Asie et l'Europe méridionale. L'analyse des contaminations par le covid-19 et des décès dus à ce virus au Royaume-Uni a montré que la population africaine noire et les minorités ethniques sont les plus lourdement touchées. En incluant ces données dans les modèles, il doit être possible de prévoir avec davantage de précision l'évolution d'une épidémie de covid-19 dans une région ou un pays donnés. En outre, de plus amples études sur le rôle de l'ACE dans le covid-19 devraient également contribuer à la mise au point de nouveaux traitements.MasquesUn grand problème dans la lutte contre le covid-19 est qu'une partie de la population (30 %) est asymptomatique. En outre, les personnes symptomatiques peuvent déjà transmettre le virus deux à trois jours avant l'apparition des symptômes. Ceci prouve combien notre combat est difficile, déclare le Prof. Gala. Comme le coronavirus se transmet d'une personne à l'autre par les petites gouttelettes expulsées lors de la toux ou des éternuements, le Prof. Gala est un partisan absolu du port du masque. La distance parcourue par les particules virales varie de six à neuf mètres selon que la personne parle, tousse ou éternue. Elle est en outre influencée par des paramètres environnementaux tels que l'humidité de l'air et la température, ainsi que par la charge virale de l'individu. Il est clair que tous ces paramètres influencent la portée du virus. Le Prof. Gala trouve dès lors qu'une distanciation sociale de 1,5 mètre est insuffisante dans la lutte contre le virus. En Belgique, il a été choisi d'aplanir la courbe du nombre de contaminations afin d'éviter un pic de patients dans les hôpitaux, mais pour maîtriser complètement le virus, des mesures supplémentaires sont nécessaires, souligne le Prof. Gala. Le port du masque, mais aussi les tests et le contact tracing, sont très importants. Par ailleurs, un traitement sera également nécessaire pour combattre le virus.Il va de soi qu'il est très important de bien informer la population sur l'utilisation correcte des masques. Un masque doit couvrir le nez, la bouche et le menton, posséder une bonne efficacité de filtration et être lavé correctement après usage. En ce qui concerne les masques chirurgicaux, le Prof. Gala déclare que ceux-ci servent à protéger le patient contre les gouttelettes projetées par le médecin, mais qu'ils ne protègent pas suffisamment contre la transmission du virus. Le grand public, en particulier, l'ignore et pense qu'il est protégé s'il porte un masque chirurgical.Le Prof. Gala s'est également intéressé au nombre cumulé de contaminations détectées et de décès. Il a souligné que certains pays qui s'en sortent bien ont misé massivement sur le test de leur population et sur le port obligatoire du masque, ce qui n'est pas encore le cas en Belgique.TraitementDeux stratégies de traitement des patients atteints de covid-19 sont actuellement mises en oeuvre dans les hôpitaux, à savoir la réduction de la charge virale et la lutte contre l'auto-immunité. De nombreux médicaments antiviraux disponibles sur le marché sont testés, mais pour l'instant, on ignore s'ils sont efficaces, et les études se contredisent régulièrement. Une deuxième approche importante consiste en des médicaments qui contrecarrent l'auto-immunité. Les patients décèdent du "poumon covid" lorsque leur propre immunité l'emporte et que leurs poumons sont ainsi détruits. Dans ce cas aussi, des traitements sont possibles, et une grande étude européenne a été mise sur pied. Malheureusement, chaque pays fait pour l'instant cavalier seul et les résultats ne sont pas encore comparés entre eux. En outre, divers rapports mentionnent que la plasmaphérèse peut avoir un effet positif, mais le Prof. Gala est sceptique, car nous ignorons encore si les anticorps neutralisent réellement le virus. Un vaccin ne doit pas non plus être envisagé pour l'instant, selon le Prof. Gala, car l'immunité créée par le coronavirus est faible. À cet égard, il se peut aussi que le vaccin engendre un problème d'auto-immunité, ce qui doit bien entendu être évité.Immunité collectiveAfin de diagnostiquer les patients atteints du covid-19 en Belgique, la charge virale d'une personne est examinée. Ce test peut être pratiqué à l'aide d'un frottis nasal ou d'un test sérologique. Les chiffres de l'immunité collective en Belgique, mais aussi dans d'autres pays, sont pour l'instant décevants. Seul un petit pourcentage de la population possède des anticorps et il semble peu probable que nous acquérions une immunité collective suffisante de manière naturelle. Dans ce cadre, le Prof. Gala a indiqué que nous testons peut-être les mauvais paramètres et que nous devons nous intéresser à d'autres marqueurs de l'immunité. L'exposé du Prof. Gala montre clairement que beaucoup de questions demeurent sans réponse dans la lutte contre le covid-19 et que la victoire semble encore lointaine.