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Les tumeurs présentant une fusion du gène NTRK (neurotrophic tyrosine receptor kinase) se développent lorsque le gène codant pour la protéine TRK (NTRK 1-3) est brisé et que la partie du gène qui code pour le domaine kinase fusionne avec un autre gène, ce qui entraîne la formation de protéines de fusion TRK oncogènes. La fusion du gène NTRK entraîne une surexpression de l'activité kinase, responsable d'une division cellulaire incontrôlée et d'une croissance tumorale. Vitrakvi® (larotrectinib) de Bayer est le premier médicament pour lequel une indication "tumeur agnostique" a été approuvée par l'Agence européenne des médicaments (EMA). Les inhibiteurs des récepteurs kinases à tropomyosine (TRK) constituent une nouvelle classe de médicaments, efficaces en cas de tumeurs solides avec fusion du gène NTRK, indépendamment de l'histologie de ces tumeurs et de leur localisation dans le corps. Le cancer induit par la fusion du gène NTRK est rare et le besoin thérapeutique non satisfait, étant donné que la médecine ne disposait pas encore de thérapie ciblée à cet effet jusqu'à présent. Le larotrectinib est approuvé pour le traitement des patients adultes et pédiatriques atteints de tumeurs solides présentant une fusion du gène NTRK, qui souffrent d'une maladie localement avancée ou métastatique, ou qui ont un risque élevé de morbidité sévère en cas de résection chirurgicale, et pour lesquels il n'existe pas d'options thérapeutiques satisfaisantes. Le larotrectinib est un traitement oral, disponible sous forme de gélules ou de solution. Les patients peuvent le prendre à domicile, sans nécessairement se rendre à l'hôpital, ce qui a un impact majeur sur leur vie quotidienne. Avant d'initier le traitement par larotrectinib, il convient de confirmer la présence d'une fusion d'un gène NTRK dans un échantillon de tumeur par un test validé (FISH - hybridation in situ en fluorescence), RT-PCR (réaction en chaîne par polymérase) ou NGS (séquençage de nouvelle génération - multipanel testing). L'efficacité et la sécurité du larotrectinib ont été évaluées dans trois études cliniques chez des adultes et des enfants. Une bonne réponse a été notée (N=93), notamment chez les patients souffrant de tumeurs cérébrales primaires (N=9). Chez les patients présentant des tumeurs solides, le pourcentage de réponse objective était très élevé, à savoir 72%, indépendamment du type de tumeur, de l'âge du patient, du type de fusion du gène NTRK et de la ligne de traitement précédente. Le contrôle de la maladie atteignait 82%. On a également observé une belle réponse objective (67%) chez les patients souffrant de tumeurs cérébrales primaires, pour qui il n'existe actuellement qu'un nombre limité d'options thérapeutiques. Le délai médian de réponse était rapide, à savoir 1,81 mois, mais la durée médiane de réponse n'a pas encore été atteinte. Le pourcentage de patients ayant une durée de réponse d'au moins 6 et 12 mois était de 88% et 75%, respectivement. La survie médiane sans progression atteignait 27,4 mois, tandis que la survie globale médiane n'a pas encore été atteinte. Outre les résultats très favorables observés dans les études cliniques avec le larotrectinib, une comparaison intra-patient - lors de laquelle les patients traités par larotrectinib présentaient une amélioration cliniquement significative de la survie sans progression (PFS), comparativement au traitement précédent - a également confirmé l'importance d'un traitement par larotrectinib pour les patients atteints d'un cancer induit par la fusion du gène NTRK. Ces résultats sont exceptionnels, étant donné que les patients étaient déjà à un stade avancé de leur maladie lorsqu'ils ont reçu du larotrectinib. Le larotrectinib présente un profil de sécurité très favorable, étant donné que la plupart des effets indésirables observés lors des études cliniques étaient légers (grade I à II). Les effets indésirables de grade III et IV mentionnés sont principalement survenus chez moins de 5% des patients. L'arrêt définitif du larotrectinib en raison d'effets indésirables apparus pendant le traitement, quelle qu'en soit la cause, n'a été nécessaire que chez 3% des patients. La plupart des effets indésirables ayant entraîné une réduction de la dose sont survenus au cours des trois premiers mois du traitement. Des données plus récentes concernant 175 patients atteints d'une maladie localement avancée ou métastatique, présentant une progression malgré un traitement antérieur, ou atteints d'une maladie pour laquelle aucun traitement standard n'était disponible, ont été présentées lors du congrès virtuel de l'ESMO 20201. Le traitement par larotrectinib a donné une survie médiane sans progression de plus de trois ans et était bien toléré. Au moment de l'analyse des données, 57% des patients étaient toujours sous traitement. Ces résultats confirment les résultats exceptionnels des études cliniques précédentes. Nous pouvons donc considérer que le larotrectinib va radicalement changer la vie des patients cancéreux adultes et pédiatriques, avec une valeur ajoutée avérée en termes d'efficacité, de sécurité et de qualité de vie. En Belgique, le médicament est actuellement disponible dans le cadre d'un programme d'usage compassionnel proposé par Bayer. 1. McDermott R. ESMO 2020, Abstract 1955P