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À l'heure actuelle, une biopsie transthoracique guidée par scanner reste la norme pour examiner de manière mini-invasive les lésions pulmonaires périphériques inaccessibles, ou très difficilement accessibles, par bronchoscopie. "Sa précision est très élevée, mais elle a quelques inconvénients. Ainsi, le risque de pneumothorax, complication très grave chez nos patients atteints de BPCO plus avancée, est de 10 à 20%. Il existe également un faible risque d'hémorragie. En outre, certaines lésions pulmonaires situées dans des endroits complexes, par exemple derrière l'omoplate, ne peuvent pas être atteintes", explique le Dr Criel. Afin de réduire le risque de complications, diverses techniques de navigation par bronchoscopie ont été mises au point. "C'est le cas de l'EBUS (échoendoscopie) radiale et de l'ENB (bronchoscopie par navigation électromagnétique), mais ces deux techniques ne permettent pas de confirmer que la biopsie est réalisée dans la lésion même ( tool-in-lesion). De plus, la courbe d'apprentissage n'est pas à sous-estimer. Si dans l'ENB, la navigation repose sur un scanner réalisé au préalable, il ne correspond pas à la situation au moment de la biopsie." Depuis juin 2021, le ZOL utilise la plateforme d'imagerie en 3D Philips Lung Suite. La combinaison du cone beam avec fluoroscopie améliorée ("augmentée") et d'un logiciel spécifique permet une navigation 3D en temps réel, avec confirmation du prélèvement dans la lésion même. "Après à peine un an d'utilisation, nous atteignons déjà, au ZOL, une grande précision dans la détection des tumeurs: plus de 90% pour les lésions > 3 cm et environ 85% pour celles < à 2 cm. Un des principaux avantages est donc la confirmation en temps réel du prélèvement dans la lésion pulmonaire même. En outre, la courbe d'apprentissage est brève et l'assistance offerte par Philips est particulièrement appropriée. La dose de rayonnement reste très limitée pour le patient et pour l'utilisateur. Un grand avantage est que nous travaillons dans des conditions très contrôlées. Le patient est placé sous anesthésie générale, pour laquelle nous avons optimisé un protocole spécial en concertation avec nos anesthésistes, afin d'éviter l'atélectasie (collapsus du poumon) et de réduire fortement les mouvements respiratoires. La technique est aussi très sûre, avec très peu de complications, même chez les patients atteints d'une maladie pulmonaire sous-jacente grave." La technologie est principalement utilisée chez les patients inéligibles pour une intervention, mais qui nécessitent un diagnostic ou chez les patients atteints d'un cancer du poumon chez qui un échantillon doit être prélevé afin de déterminer le traitement adéquat. La technologie permet d'atteindre plus facilement les petites lésions pulmonaires périphériques: la biopsie devient alors une procédure plus accessible et certains patients peuvent recevoir une réponse plus rapidement." "Il existe une tendance à opter pour plus de résections pulmonaires minimales pour les lésions < 2 cm. Normalement, aucune biopsie n'est réalisée pour les lésions pulmonaires présentant un risque élevé de malignité, comme chez les fumeurs: l'intervention chirurgicale est pratiquée d'emblée. Autrefois, la norme était d'enlever le lobe entier du poumon. Aujourd'hui, nous pouvons marquer les lésions de manière sûre avant l'opération, afin que le chirurgien puisse les réséquer en un temps, n'enlevant qu'une partie d'un lobe. C'est la même procédure pour les très petites lésions qui entrent en considération pour la résection. En effet, comme le chirurgien ne sent pas ces nodules, il doit souvent enlever une plus grande partie du poumon. Grâce au marquage, ce n'est plus nécessaire. Pour terminer, il peut également être utile d'épargner le poumon chez les patients dont la réserve pulmonaire est déjà faible." "Dans l'avenir proche, nous attendons un programme de dépistage du cancer du poumon. Plusieurs études ont montré que davantage de cancers du poumon pouvaient ainsi être détectés à un stade précoce chez des patients à haut risque ; la survie est également meilleure dans le groupe dépisté. Nous devrions donc dépister plus de petites lésions, que nous pourrons ensuite marquer de manière sûre grâce à cette technologie, en vue d'une résection pulmonaire minimale. Enfin, de nombreuses études sont menées sur le diagnostic immédiat et le traitement endoscopique des lésions pulmonaires en une seule procédure, mais cela reste très expérimental. Je suis néanmoins convaincu que cette technique contribuera au développement de cette procédure. La confirmation tool-in-lesion en temps réel est une première condition pour pouvoir passer à un traitement simultané."