...

CATNON est un essai intergroupe de l'EORTC qui évalue le témozolomide (TMZ) administré conjointement et en adjuvant chez des patients ayant un gliome anaplasique sans codélétion 1p/19q. Grâce à un design factoriel 2x2, cet essai a essayé de chercher simultanément la réponse à deux questions :le TMZ améliore-t-il le pronostic de ces gliomes anaplasiques intacts (sans codélétion 1p/19q) ?Quelle administration du TMZ est efficace ? Avec l'irradiation (phase concomitante) ou après l'irradiation (phase adjuvante) ?Les résultats de la seconde analyse intermédiaire de survie n'a laissé guère de suspense... Pour mémoire, dès octobre 2015, la première analyse montrait une augmentation significative de survie globale (OS) à 5 ans grâce à l'administration en adjuvant : 56% vs 44% en l'absence de traitement adjuvant (HR 0,65 ; p=0,0014).La seconde analyse ajoute pour sa part la démonstration de la non-pertinence de la poursuite de l'étude sur la population globale pour essayer de prouver un quelconque intérêt de l'administration concomitante. À 5 ans, le taux estimé d'OS est de 53% vs 50% en l'absence de cette administration (HR 0,93 ; p=0,464).L'impact déjà connu du statut mutationnel des gènes encodant l'isocitrate déshydrogénase ( IDH1 et/ou IDH2) et du statut de méthylation du promoteur du gène encodant la O6-méthylguanine méthyltransférase ( MGTM) sur la survie globale est une nouvelle fois démontré dans CATNON qui fait état :pour ce qui concerne le statut mutationnel IDH (positif chez 50% de la population globale et chez 70% des patients testés) d'une médiane de 117 mois en cas de mutation vs 19 mois en l'absence de mutation (HR 0,14 ; IC 95% 0,11-0,18),pour ce qui concerne le statut méthylation du promoteur MGTM (positif chez 53% de la population globale et chez 70% des patients testés) d'une médiane de 92 mois vs 26 mois (HR 0,36 ; IC 95% 0,24-0,45).L'analyse montre que chez les patients avec astrocytome anaplasique muté, il existe un bénéfice clair de l'ajout du TMZ à la radiothérapie, aussi bien en concomitance qu'en adjuvant. Les taux estimés de survie globale à 5 ans vs absence d'administration sont respectivement de 83% vs 60% (HR 0,46 ; p<0,001) et de 76% vs 68% (HR 0,63 ; p=0,012). À ce stade, l'impact de la combinaison des deux types d'ajout du TMZ reste hypothétique.Concernant le statut de méthylation du promoteur gène MGMT, à ce stade, le seul enseignement disponible est que l'ajout du TMZ est bénéfique à la fois en concomitance (HR 0,66) et en adjuvant (HR 0,55). Une analyse concernant l'impact sur les astrocytomes anaplasiques est en cours.Au final, ces données montrent que le TMZ doit être partie intégrante du traitement pour les astrocytomes anaplasiques avec mutation IDH. Pour les sujets sans mutation, il reste à espérer que les prochaines données concernant le statut méthylation du promoteur MGTM apporteront des éléments de réponse.Parmi les bémols soulevés par Stuart A Grossman du Johns Hopkins Sidney Kimmel Comprehensive Cancer Center (Baltimore) en charge de la discussion de cette étude, on retiendra essentiellement 3 points :dans ce cas particulier, il s'agit plus d'une étude à 4 bras que d'un véritable design factoriel 2x2 dans la mesure où il existe un bras sans TMZ. Anomalie qui a pour conséquence de tirer vers le haut le bénéfice de survie globale des autres bras ;l'introduction de biomarqueurs aboutit à des comparaisons de sous-groupes de taille de plus en plus réduite, ce qui nuit fortement au degré de confiance que l'on peut y accorder ;les résultats mis en avant concernent les astrocytomes anaplasiques, un type de tumeurs ne représentant guère qu'environ 10% de l'ensemble des gliomes, alors que les glioblastomes en constituent plus de la moitié. Ces deux entités étant très différentes en termes d'âge de survenue, de taux de mutation et de méthylations et de pronostic, il n'est pas du tout certain que les résultats soient extrapolables à l'ensemble des gliomes.