Atlanta, Genève et Chicago, voilà le périple auquel nous vous invitons dans ce nouvel opus du BOhN. Du plus grand événement dédié à la recherche clinique et fondamentale en oncologie (AACR 2019, Atlanta) au tout récent rendez-vous annuel incontournable de l'oncologie clinique (ASCO 2019, Chicago) en passant par un congrès européen ciblé sur l'actualité du cancer pulmonaire (European Lung Cancer Conference, ELCC 2019, Genève), notre infatigable medical writer, Dr Jean-Claude Lemaire, un fringant globe-trotter de plus de 70 printemps, a, une fois de plus, fait carton plein d'informations marquantes ou plus confidentielles sur les évolutions majeures de la planète oncologie au cours de ces derniers mois.
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Loin des préoccupations "oncologiques" majeures de ces congrès, j'ai eu l'attention attirée par un fait de société qui a animé, pour quelques heures, la grande messe de l'ASCO 2019.Plantons le décor en introduisant la principale protagoniste de cet événement, le Pr Tatiana Prowell, une consoeur au curriculum vitae long comme le bras puisque cette spécialiste mondialement reconnue du cancer du sein est, entre autre, diplômée de l'Université Johns Hopkins (Baltimore) où elle occupe les postes de professeur adjoint à la faculté de médecine et de chef de service du traitement du cancer du sein, responsable scientifique du cancer du sein au bureau des produits hématologiques et oncologiques de la FDA et, last but not least, Présidente élue pour 2020 de la section programmes éducatifs de l'ASCO. Ouf ! ! !Les faits à présent ! Lors du congrès de l'ASCO, notre consoeur, tout sauf une suffragette, a tweeté au sujet d'une présentation de la journée concernant une étude évaluant l'impact de la race et du genre sur les formules et le mode d'introduction des orateurs et des modérateurs lors de deux précédents congrès de l'ASCO, en 2016 et 2017, une étude menée par un jeune assistant d'hématologie de la Mayo Clinic.Pour allécher ces "followers", elle donnait trois chiffres intéressants résumant bien l'esprit de l'étude. Premièrement, les médecins présentateurs masculins sont introduits par leur titre - Docteur ou Professeur- dans 80% des cas alors que tel n'était le cas que pour à peine 50% des femmes qui présentaient en session. Deuxièmement, les femmes étaient significativement plus souvent présentées et interpellées par leur prénom que leurs confrères (17% vs 3%). Enfin, ce type de familiarité était nettement moins fréquent lorsqu'une femme modérait une session et introduisait sa consoeur.Plutôt sympathique comme étude divulguée pour information, vraiment pas de quoi fouetter un chat. D'ailleurs, les premières réactions étaient plutôt favorables, beaucoup de femmes déclarant qu'elles avaient connu ce type de parti pris non intentionnel au cours de leur carrière et nombre de confrères masculins remerciant pour cette information sortant du train-train habituel.Mais au fil des "likes", la situation s'est envenimée, nombre de confrères dénonçant un excès de politiquement correct mal venu et/ou de sensibilité des femmes. Certains allant jusqu'à parler de fake news et de récupération politique d'un événement scientifique. Sans oublier certains extrémistes machistes qui ont carrément bloqué les commentaires approbateurs ainsi que les réponses du Pr Prowell.Perturbée par cette animosité concernant une information, somme toute banale et partagée sans malice aucune, le Pr Prowell pense mettre sur pied un programme éducatif pour rappeler à certains les élémentaires règles de bonne conduite au sein de l'ASCO.Comme quoi, même une assemblée scientifique, éduquée et policée peut, sur un simple tweet, se transformer en un vulgaire bac à sable, O tempora, O mores !