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Le CSCC est un cancer de la peau fréquent, mais seule une petite portion des patients qui en souffrent sont à un stade avancé. Celui-ci (aCSCC) englobe les patients atteints d'un CSCC métastasé mais aussi localement avancé. Étant donné que l'aCSCC se développe surtout sur les parties visibles du corps, exposées au soleil (surtout la tête et le cou), il a un impact négatif sur le fonctionnement quotidien et la qualité de vie du patient, notamment sur le plan de la santé physique et mentale ainsi que des contacts sociaux. La chirurgie est le principal traitement initial pour les stades précoces du CSCC. La radiothérapie peut être une option pour une maladie non résécable ou si le patient refuse la chirurgie. Le pourcentage de guérison après la chirurgie est généralement élevé (> 90%). Cependant, une minorité de patients atteints d'un CSCC récidivent et évoluent vers un stade d'aCSCC. Dans ce cas, un traitement curatif n'est souvent plus possible. Ces patients qui n'entrent pas en ligne de compte pour la chirurgie présentent un mauvais pronostic clinique et un taux de mortalité élevé ; pour eux, il est urgent d'améliorer le contrôle de la maladie. En Belgique, l'aCSCC est dès lors officiellement reconnu comme une affection assortie d'un besoin médical non satisfait élevé, à laquelle l'INAMI a accordé un indicateur de priorité de 8,00 (sur une échelle de 4,16 à 11,34). Pour les patients atteints d'un aCSCC pour lesquels aucun traitement curatif n'est possible, il n'existait précédemment aucun traitement standard et aucune thérapie approuvée. Libtayo® (cémiplimab) de Sanofi Genzyme est le premier inhibiteur de PD-1 qui a été approuvé en monothérapie pour traiter des patients adultes souffrant d'un aCSCC qui n'entrent pas en ligne de compte pour la chirurgie curative ni pour la radiothérapie. Le principe actif de Libtayo® (cémiplimab) est un anticorps monoclonal entièrement humain de type IgG4, qui se lie au récepteur PD-1 et bloque son interaction avec PD-L1 et PD-L2. La liaison de PD-1 à ses ligands (PD-L1 et PD-L2) qui se trouvent sur les cellules tumorales et/ou d'autres cellules dans le microenvironnement de la tumeur, entraîne l'inhibition de la prolifération des cellules T, la libération de cytokines et une activité cytotoxique. Le cémiplimab permet les réponses antitumorales des cellules T via le blocage de PD-1. De cette manière, l'interaction entre PD-1/PD-L1 et PD-1/PD-L2 devient impossible. La dose recommandée de cémiplimab est de 350 mg en IV de 30 minutes toutes les trois semaines. Cette posologie fixe est plus conviviale que la forme précédente, basée sur le poids corporel, administrée toutes les deux semaines. Cette facilité d'utilisation profite au patient, qui doit moins souvent se rendre à l'hôpital, mais aussi au médecin, en termes de préparation du médicament. L'efficacité et la sécurité du cémiplimab chez les patients ont été démontrées dans deux études cliniques prospectives: Une étude ouverte, multicentrique, de phase I (R2810-ONC-1423 ; NCT02383212) conduite auprès de 397 patients atteints de tumeurs solides avancées, dont 26 atteints d'un aCSCC qui n'étaient plus candidats à la chirurgie. Une étude ouverte, multicentrique, de phase II qui a inclus 193 patients souffrant d'un aCSCC, qui n'étaient plus candidats à une chirurgie curative ou à la radiothérapie au moment de la date limite pour la collecte des données1. Le cémiplimab entraîne une réponse tumorale cliniquement significative rapide, profonde et durable, et apporte un avantage en termes de survie. La réponse tumorale objective atteignait 44%, 11,4% des patients ayant une réponse complète et 32,6%, une réponse partielle. Le contrôle de la maladie s'élevait à 72%. La durée médiane de réponse n'avait pas encore été atteinte, et 89,3% des patients obtenaient une réponse d'au moins 8 mois. Chez 80% des patients qui ont répondu au cémiplimab, la taille de la tumeur avait diminué d'au moins 50%. La survie médiane sans progression et la survie globale n'ont pas encore été atteintes. La sécurité du cémiplimab a été évaluée chez 591 patients atteints de tumeurs solides avancées, dont 219 atteints d'un aCSCC, dans deux études cliniques. Le profil de sécurité correspond à celui des autres inhibiteurs des points de contrôle immunitaire. Le cémiplimab entraîne une diminution statistiquement et cliniquement significative de la douleur chez les patients atteints d'un aCSCC, ainsi qu'une amélioration ou une stabilisation de la qualité de vie. L'important besoin médical non satisfait pour les patients atteints d'un aCSCC est confirmé par le nombre de patients déjà inclus dans le programme médical d'urgence local. Chez ces patients, le cémiplimab, le premier médicament enregistré, présentant une efficacité significative démontrée, donne une réponse. 1. Migden RM et al. Lancet Oncology, 2020