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Ce projet, financé par la Fondation contre le Cancer, permet aux patients de suivre un programme d'exercice physique (à domicile) sur mesure déjà pendant leur traitement. Il en examine les effets sur leurs capacités physiques ainsi que sur leur qualité de vie. Selon la Dr Ines Deleu (cheffe du service d'Oncologie médicale, Vitaz), de tels programmes d'activité physique devraient constituer un élément essentiel du traitement du cancer. Plusieurs études ont montré les avantages importants d'une activité physique suffisante pour les (anciens) patients atteints d'un cancer, en termes de fatigue, de fonctionnement et de qualité de vie (QdV), mais aussi de rétablissement et de survie 1,2. L'American Cancer Society recommande dès lors aux survivants d'un cancer de viser un objectif général de 150 à 300 minutes d'activité physique modérément intense ou de 75 à 150 minutes d'activité physique très intense par semaine. Une méta-analyse récente a également mis en évidence une nette augmentation du risque de mortalité globale et de mortalité liée au cancer chez les anciens patients qui passent beaucoup de temps assis et qui font peu d'exercice physique3. La nouvelle directive de l'ASCO préconise en outre que les oncologues recommandent à leurs patients de pratiquer une activité physique régulière pendant leur traitement curatif4. Des preuves fortes suffisantes (revues systématiques et essais randomisés contrôlés) démontrent que l'entraînement aérobie et la musculation adaptés pendant le traitement peuvent améliorer la santé cardiorespiratoire, de la force, le degré de fatigue et la qualité de vie. Un exercice physique intense en quantité suffisante a une influence particulièrement positive sur les effets indésirables possibles de la chimiothérapie et d'autres traitements. En outre, une activité physique modérée à intense contribue à la prévention de certains cancers. "Il est important de motiver les patients atteints d'un cancer à commencer au plus tôt pendant, et de préférence avant, le traitement, car la revalidation devient plus difficile à mesure que la condition physique et la force musculaire diminuent", explique la Dr Ines Deleu. Des résultats remarquables ont été observés récemment lors d'une (petite) étude prospective menée chez des patients atteints d'un cancer de l'oesophage qui ont participé à une intervention d'activité physique (pré-validation) pendant leur chimiothérapie néoadjuvante5. Après la pré-validation, ils ont ainsi présenté une régression tumorale significativement plus importante (75%) que le groupe témoin (36,8%), ainsi que des différences en ce qui concerne les marqueurs inflammatoires et immunologiques. L'année dernière, Vitaz a lancé un nouveau projet, soutenu par la Fondation contre le Cancer. Les services de Revalidation (TREV) et d'Oncologie ont ainsi conçu des programmes d'exercice physique adaptés, sur base d'une batterie de tests, à l'intention des patients en oncologie, depuis le diagnostic du cancer jusqu'aux traitements par chimiothérapie. "Nous avons commencé avec les patients atteints d'un cancer du sein, mais depuis, nous avons ouvert l'étude à d'autres types de cancer. Le but est de faire une heure d'exercice physique 3 fois par semaine: 1 fois à l'hôpital et 2 fois à domicile." L'accent est principalement mis sur l'entraînement d'endurance visant à préserver la condition générale, mais aussi sur la musculation (limitation de la perte de masse musculaire) et sur des exercices de stabilisation et de proprioception. Au début et après la fin du traitement du cancer, les paramètres cardiovasculaires et physiques sont testés et les patients sont interrogés notamment sur l'anxiété, la dépression et les effets secondaires thérapeutiques, à l'aide de questionnaires portant sur la qualité de vie. Sous la direction du Dr Wouter Sabbe (service de Médecine physique et revalidation, Vitaz), des programmes d'entraînement individuels sont ensuite élaborés. L'impact sur la condition physique, la masse musculaire, la souplesse et la qualité de vie est également examiné. "Les résultats préliminaires montrent d'ores et déjà une belle évolution en ce qui concerne le fonctionnement physique et même une augmentation de la VO2max. On observe également une augmentation de la force en général, ainsi qu'une différence significative en termes de qualité de vie par rapport aux patients qui ne font pas de revalidation." Pour la revalidation oncologique, un programme plus intensif d'entraînement d'endurance et de musculation sur mesure est établi sur la base d'un nouveau test. "Nous savons que grâce à l'activité physique et au sport, les patients se sentent beaucoup mieux mentalement et reprennent plus vite leur vie sociale et professionnelle. En outre, le risque de rechute et de mortalité cardiovasculaire et globale diminue, y compris chez les personnes qui n'avaient jamais été actives avant le diagnostic. C'est pourquoi il est important de continuer à bouger suffisamment après la revalidation oncologique." Chez Vitaz, les patients en oncologie peuvent donc continuer à suivre des programmes de remise en condition physique, notamment le plus ambitieux projet de triathlon Tria+. "Avec nos kinésithérapeutes et d'anciens participants, nous motivons les patients convalescents à s'entraîner pendant 8 mois pour participer à un quart de triathlon. Ils reçoivent un programme individuel et s'entraînent aussi beaucoup en groupe pour se motiver les uns les autres. Nous avons déjà 5 éditions à notre actif et la grande majorité des participants franchit chaque fois la ligne d'arrivée." Malgré les nombreuses directives internationales en matière d'activité physique suffisante pendant et après un traitement du cancer, la plupart des (anciens) patients atteints d'un cancer ne bougent pas suffisamment. Différentes études pointent à cet égard le rôle important que l'oncologue peut jouer en donnant des conseils en matière d'exercice physique à ses patients. Les programmes de revalidation multidisciplinaires devraient en outre faire partie intégrante du trajet de soins oncologiques. "L'activité physique et le sport constituent un pilier essentiel du trajet de soins oncologiques, pratiquement au même niveau que le traitement du cancer. En tant que médecins, notre responsabilité est d'informer nos patients sur l'importance d'une activité physique suffisante et de les y motiver. Il faudrait également les interroger de manière systématique sur leur degré d'activité physique à la fois pendant le traitement et lors des consultations de suivi."