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Voici une sélection de présentations cliniques dans le domaine de l'oncologie. Le Dr Eduard Roussel (KU Leuven), lauréat du prix Elaut clinique 2021, a pu démontrer qu'une récidive locale (RL) après une chirurgie conservatrice pour un cancer du pénis est une manifestation d'une évolution agressive de la maladie sous-jacente. Pour ce faire, il a collaboré avec 9 centres de référence pour collecter des données concernant un groupe homogène de patients ayant subi une glandectomie totale. Un cancer du pénis de haut grade et un stade pT3 sont indépendamment corrélés à davantage de RL après une chirurgie conservatrice. La RL est un élément prédictif indépendant d'une moins bonne survie et d'une moins bonne survie spécifique du cancer. Les patients avec RL avaient davantage de récidives régionales/inguinales et de métastases à distance. Il est temps de réfuter le dogme selon lequel une RL n'a aucune influence sur la survie des patients, a déclaré le Dr Roussel. Ces données montrent que la chirurgie conservatrice n'est pas le meilleur traitement pour tous les patients atteints d'un cancer du pénis. Il a également recommandé de restadifier immédiatement la tumeur chez les patients qui développent une RL. Le Dr Uros Milenkovic a présenté une analyse rétrospective basée sur des données de l'UZ Leuven et de l'hôpital AZ Delta de Roulers au sujet des éléments prédictifs d'une récidive et de la survie après un premier traitement axé sur les métastases (MDT) chez des patients souffrant d'un cancer prostatique (PCa) oligométastatique. Le taux de récidive clinique était élevé (75%), mais 20-25% des patients étaient "guéris" et n'ont pas développé de progression après arrêt du traitement hormonal adjuvant transitoire. Les facteurs prédictifs d'une récidive secondaire étaient un PSA persistant après une prostatectomie radicale (>0,1 ng/ml), la valeur du PSA juste avant le MDT (seuil 1,1 ng/ml), la réponse du PSA après le MDT et l'absence de réponse biochimique complète après le MDT (PSA >0,2 ng/ml). Ces quatre facteurs ont été stratifiés ; il en est ressorti que le délai avant une récidive secondaire était beaucoup plus long lorsqu'il n'y avait pas de facteurs de risque, versus en présence de 1-2 ou 3-4 facteurs de risque. Ces facteurs pronostiques pour la survie sans progression peuvent s'utiliser lorsqu'on évoque le pronostic avec les patients, après le MDT. Notons que les facteurs de risque classiques (ISUP plus élevé, stade T, nombre de ganglions positifs...) n'ont pas été retenus comme prédictifs d'une progression clinique après un premier MDT. La Dr Sarah Buelens (UGent) a présenté les résultats d'une nouvelle étude multicentrique prospective évaluant le rôle de la prostatectomie radicale (PR) en plus des soins standard (SoC) chez les patients asymptomatiques souffrant d'un cancer prostatique métastatique (mPCa) nouvellement diagnostiqué. 63 patients ont subi une PR + SoC, 25 patients souffrant d'un PCa de faible volume ont subi une radiothérapie (WPRT) + SoC et 115 patients n'ont reçu que les SoC. Il en ressort que la PR n'a aucun sens en cas de grosse tumeur ; pour les tumeurs de faible volume, elle est associée à un bénéfice significatif en termes de survie. Une évolution similaire a été observée pour la WPRT vs groupe témoin. Les données montrent que la PR entraîne moins de problèmes locaux en cas de mPCa. Une nouvelle étude randomisée (LoMP 2), en cours de recrutement de patients, évaluera le bénéfice en termes de survie. Le Dr Thomas Van Den Broeck (UZ Leuven) a présenté un nouveau modèle pronostique pour les patients subissant une radiothérapie de sauvetage (sRT) après une récidive biochimique. Une étude multicentrique rétrospective a porté sur la valeur pronostique de la stratification du risque de la European Association of Urology (EAU) après sRT. La validation externe de ce modèle a montré que les différences statistiquement significatives constatées entre les groupes de patients à faible ou haut risque n'étaient pas cliniquement pertinentes. Un nouveau modèle de stratification a été développé, classant les patients traités par sRT sur base de certains facteurs de risque. Ceux avec un ISUP<3 ou un PSA-DT ≥1 an ou un stade pT<3 ont un bon pronostic en cas de sRT, contrairement aux patients ayant un ISUP ≥3 et un PSA-DT <1 an et un stade pT≥3. Dans les études ultérieures, il sera important d'inclure cette stratification du risque afin de déterminer quel sous-groupe tire des bénéfices de la sRT, a conclu le Dr Van Den Broeck. Le Dr Lucas Landen de la clinique Saint-Augustin a présenté une analyse rétrospective des biopsies par fusion écho-IRM effectuées à l'hôpital entre 2018 et 2020. Le taux de détection d'un carcinome prostatique cliniquement significatif (ISUP≥2) aux scores PIRADS 3, 4 et 5 était de respectivement 11, 39 et 79%. Plus le score PIRADS est élevé, plus la probabilité d'une biopsie positive est élevée. En cas de lésions PIRADS 3, la densité du PSA peut contribuer à la décision de pratiquer une biopsie. En cas de lésions PIRADS 4, il était préférable de baser la décision sur l'IRM et non sur la densité du PSA. La contribution clinique des biopsies aléatoires était limitée à 2,2% et concernait principalement les lésions PIRADS 4. L'analyse a également souligné l'importance de la centralisation de la pathologie et d'une approche standardisée pour la réalisation de biopsies aléatoires, qui sont actuellement implémentées dans l'hôpital. Le Dr Gaetan De Vos (UZ Leuven) a présenté les résultats d'une étude pilote sur le radium-223 chez des patients souffrant d'un PCa, présentant une récidive du PSA après un traitement local maximal. L'étude a inclus des patients (N=8) présentant au moins un facteur pronostique négatif (score de Gleason élevé, rupture capsulaire, court temps de doublement du PSA et ganglions métastatiques à l'anatomopathologie finale) et sans métastases visibles au PSMA PET-CT et à l'IRM du corps entier. Le radium n'ayant encore jamais été utilisé en monothérapie dans un contexte hormonosensible, la sécurité a été la priorité. La monothérapie par radium-223 chez les patients présentant une récidive du PSA après un traitement local est sûre. Il n'y a eu qu'une seule toxicité de grade III, à savoir une lymphopénie transitoire. La fatigue et la diarrhée étaient les effets indésirables les plus fréquents. Cependant, l'efficacité clinique est douteuse. Tous les patients ont développé une progression du PSA et une récidive clinique. Les explications possibles sont une sélection suboptimale des patients (75% de récidives locales et ganglionnaires) et un timing suboptimal du traitement par radium-223.