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Plusieurs initiatives existent aujourd'hui pour soutenir les patients oncologiques dans ce domaine. L'employeur et les collègues aussi se voient accorder un rôle de plus en plus important dans une réintégration réussie et durable. Avec 10.000 nouveaux diagnostics de cancer du sein chaque année et des chances de survie boostées par des traitements de plus en plus efficaces, l'attention ne se focalise plus uniquement sur la guérison. Les perspectives professionnelles après traitement jouent aussi aujourd'hui un rôle indéniable dans le parcours de rétablissement. Bien des patient(e)s se retrouvent alors avec une foule de questions et d'incertitudes pour la reprise du travail. Ils et elles sont aussi de plus en plus nombreux à vouloir poursuivre leur activité même au cours du traitement. Malheureusement, le cancer du sein reste aussi un sujet difficile à aborder dans le monde du travail. Au travers notamment de son séminaire, qui a été l'occasion de donner la parole à plusieurs experts, Pink Ribbon espère contribuer à briser le tabou. Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a souligné que, au-delà du processus de guérison proprement dit, les perspectives professionnelles peuvent aussi être déterminantes dans le parcours de rétablissement des patients. "Le travail peut être important pour se sentir utile et respecté dans la société. La santé passe évidemment avant tout, mais le fait d'avoir un emploi - ou la perspective d'en retrouver un - peut également aider ces personnes à se sentir mieux. Bien des patients s'inquiètent beaucoup pour leur vie professionnelle, leur avenir et leur entourage. Il faudrait donc pouvoir examiner quelles sont leurs possibilités dans le décours de la maladie ou du traitement, mais aussi après." C'est pourquoi il a lancé à l'automne 2021 une initiative "retour au travail" pour les malades de longue durée. Des coordinateurs sont chargés d'apporter aux patients un accompagnement plus personnalisé pour les aider à retravailler. Les employeurs aussi pourront y faire appel. Ex-patiente et fondatrice de l'asbl Travail & Cancer (Evere), Magali Mertens de Wilmars connaît les difficultés des personnes atteintes d'un cancer. Elle a souligné dans son intervention l'importance de mettre l'accent sur les capacités que la personne possède encore et qui peuvent lui donner la force d'avancer. Avec son équipe, elle table sur un coaching individuel pour parvenir à l' empowerment du patient - un sujet auquel elle a également consacré un livre (" Retourner au travail après un cancer") et un blog (" Vie et cancer"). Elle a également insisté sur l'importance d'un suivi prolongé sur le lieu de travail, vu les conséquences à long terme de la maladie. Des ateliers sont aussi organisés aussi bien pour les travailleurs que pour les employeurs. Ces derniers peuvent en outre bénéficier d'un encadrement pour la mise au point d'une stratégie de management pour les travailleurs moins-valides. L'ergothérapeute Huget Désiron (ACT-Désiron sprl) a souligné l'importance d'un accompagnement sur mesure et basé sur les possibilités du patient et de l'employeur. Au cours du processus de récupération, les ergothérapeutes favorisent le retour à des activités importantes pour le patient et pertinentes pour la collectivité, dont évidemment les activités professionnelles, en tenant compte des spécificités de chacun. Les soins psychosociaux, qui recouvrent également la réintégration professionnelle, doivent toutefois être proposés dès le début de la prise en charge. À la demande de l'Inami, Huget Désiron a investigué, en collaboration avec la KU Leuven, les moyens de réaliser concrètement cet objectif au départ du secteur des soins. Son organisation travaille actuellement avec l'UGent à une feuille de route pratique destinée aux prestataires. En Flandre, les (ex-)patients oncologiques peuvent également faire appel aux coaches de l'association Rentree, qui leur assurent un soutien individuel dans leur parcours de réintégration, font office de personne de confiance et leur offrent une guidance adaptée à leur situation privée au départ de leurs ambitions personnelles. Tant les salariés que les indépendants et demandeurs d'emploi peuvent s'adresser à ce service pour un accompagnement sur mesure, gratuit et sans contraintes tout au long du parcours de reprise du travail, et ce, à tout moment dans le décours de la maladie ou du traitement ou même après. Les coaches "emploi" de Rentree s'efforceront de trouver avec le patient/ex-patient des réponses à toutes ses questions concernant la législation sociale, mais aussi aux préoccupations qui touchent à sa situation professionnelle ou privée et à sa santé. Les employeurs, collègues et cadres aussi peuvent s'adresser à eux. Fondé il y a 6 ans en collaboration avec Kom op Tegen Kanker, Rentree bénéficie aujourd'hui du soutien de nombreux partenaires, dont notamment le VDAB et Sterpunt Inclusief Ondernemen. Tous les intervenants étaient clairement d'accord sur un point: pour parvenir à une (ré)intégration professionnelle durable, le patient doit bénéficier d'un accompagnement adéquat de la part de son employeur, de ses supérieurs et de ses collègues. L'équipe multidisciplinaire de Cohezio asbl, un service externe pour la prévention et la protection au travail bruxellois, travaille en étroite collaboration avec les entreprises pour assurer à tous leurs collaborateurs un environnement de travail sain. La manager psychosociale Katja Janssens a exposé une stratégie de prévention psychosociale sur mesure tenant compte le plus possible des besoins spécifiques de l'individu. Il est notamment important de pouvoir aborder la question de la maladie au travail et d'entretenir des contacts personnels avec le collaborateur concerné, et ce aussi bien au stade du diagnostic qu'au cours du traitement. La reprise du travail doit également être préparée en temps utile, en examinant avec l'intéressé les éléments nécessaires à une bonne réintégration. On peut tout à fait envisager de lui proposer une certaine flexibilité, mais sans perdre de vue le reste de l'équipe. Il est donc important d'impliquer le plus possible toutes les personnes concernées ; même le service du personnel, le service social, la personne de confiance et les supérieurs directs peuvent avoir un rôle important à jouer. Kris De Meester de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) a clôturé le séminaire de Pink Ribbon. Son message: le travail peut être un facteur positif dans le décours de la maladie et le parcours de rétablissement. "Il peut être porteur de sens et d'épanouissement professionnel, mais assure aussi au travailleur un réseau social." Pour parvenir à une reprise durable du travail par le patient atteint d'un cancer (du sein), il est important d'examiner toutes les facettes du poste et toutes les spécificités de la personne concernée. Il faut trouver un équilibre entre la situation personnelle et professionnelle, en tenant compte de possibles fluctuations de l'état de santé. Les relations avec les collègues (soutien, empathie) peuvent jouer un rôle déterminant à cet égard. Ce n'est que lorsque cet équilibre s'est mis en place que le travail peut devenir un réel point d'appui pendant et après le traitement. Ceci nécessite toutefois une approche très large et sur mesure, puisque les employeurs, employés, entreprises et lieux de travail sont tous différents. "Si malgré tout des obstacles subsistent, il incombe à la FEB d'en parler avec les autorités et de veiller à ce que nous ayons toutes les cartes en main pour clôturer cette histoire avec succès", a conclu Kris De Meester.