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Il s'agit des études ENZAMET avec l'enzalutamide (lire dans le BOhN de juin 2019) et TITAN avec l'apalutamide (lire encadré). Dans les deux cas, un bénéfice était noté en termes de survie globale (OS), de survie sans progression (PFS) et éventuellement de quelques autres critères.Ces deux études confirment donc ce que l'on savait déjà pour l'abiratérone grâce aux études LATITUDE et STAMPEDE : l'utilisation plus précoce des inhibiteurs du récepteur des androgènes (d'emblée chez les patients avec des métastases) permet d'augmenter l'OS, outre d'autres critères de jugement.Mais que faire de ces données ? Qu'a-t-on appris au-delà du fait que ces nouveaux produits ont fait la preuve de leur efficacité ? Voici les réponses du Pr Karim Fizazi, chef du département d'oncologie médicale de Gustave Roussy, qui avait présenté les résultats de l'étude LATITUDE lors de la session plénière de l'ASCO 2017. " Je crois que deux points essentiels sont à dégager des deux études ENZAMET et TITAN présentées lors de cet ASCO 2019. Le premier - et à mes yeux le plus important - concerne les patients oligométastatiques, qui ont donc un faible volume métastatique. Ces patients ont une, deux ou trois métastases osseuses ou encore uniquement des métastases ganglionnaires. Ils n'étaient pas concernés par l'étude LATITIDE avec l'abiratérone et donc nous ne savions pas si l'utilisation de ce représentant de la classe des inhibiteurs du récepteur des androgènes améliorait leur devenir. L'étude STAMPEDE présentée lors de l'ESMO 2018 avait montré que c'était bien le cas, y compris en survie globale, mais il s'agissait d'une analyse post-hoc.Les résultats d'ENZAMET et de TITAN confirment de manière forte et prospective le bénéfice à prescrire un inhibiteur du récepteur des androgènes chez ces hommes avec peu de métastase, ce qui me semble être le point majeur et qui est appelé à changer les pratiques. Pour mémoire, en Europe, l'approbation de l'usage de l'abiratérone concerne les patients à haut volume métastatique. ENZAMET et TITAN montrent sans conteste que le bénéfice à attendre concerne également les patients à faible volume, ce qui devrait changer la donne. "Le Pr Fizazi soulève un deuxième point à ce jour incomplètement éclairci et qui nécessitera probablement encore un peu de temps avant d'avoir une réponse claire et nette : " Faut-il ou non utiliser d'emblée un inhibiteur du récepteur des androgènes (enzalutamide, apalutamide ou abiratérone) chez un patient recevant une hormonochimiothérapie ? Sur ce plan, on reste un peu sur notre faim. En effet, dans TITAN avec l'apalutamide, de tels patients étaient rares (de l'ordre de 10% de la totalité de la population) et la puissance nécessaire pour répondre à la question n'était pas au rendez-vous. Dans ENZAMET, les patients de ce type étaient plus nombreux : environ 500 sur les près de 1200 de la population totale. Mais le suivi relativement bref (environ 3 ans) n'a pas permis d'obtenir des données d'OS complètement convaincantes ; le rapport des risques relatifs est à 0,9 : il s'agit donc d'une réduction minime et non significative à ce stade. " En revanche, les données de PFS sont en faveur de l'ajout de l'enzalutamide à l'hormonochimiothérapie. " La réponse est donc incomplète et je pense qu'il va falloir environ 2 ans pour clarifier les données, le temps qu'ENZAMET et les autres études atteignent un suivi suffisamment long et le temps que nous disposions des données de l'étude européenne PEACE 1 avec l'abiratérone. "