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Selon Manu Keirse, la perte de la santé est aussi une perte de perspectives. En outre, la perte est indissociable de la tristesse. Les personnes sont souvent maladroites lorsqu'il s'agit de parler de leur tristesse. Les enfants occupent une place spéciale : ils ressentent parfaitement la tristesse des adultes et ont aussi le droit de recevoir des informations concrètes. Dès lors, il n'est pas bon de les ignorer. Il faut leur parler, afin qu'ils puissent aussi comprendre la tristesse.Survivre à une perte nécessite un travail de deuil. Manu Keirse n'utilise délibérément pas le terme " assimilation de la perte ". Une première phase de ce processus de deuil est de reconnaître la réalité de la perte. Cette phase a besoin de temps et se produit également lors de l'annonce d'un mauvais diagnostic. Lorsqu'une mauvaise nouvelle doit être communiquée, des explications correctes sont nécessaires. Il est utile de répéter maintes fois ces explications. En effet, le premier choc lorsque le patient apprend une mauvaise nouvelle fait qu'il n'est pas en mesure de bien comprendre toutes les explications. Lorsque des enfants sont confrontés à une perte, il est essentiel que la famille et les aidants écoutent la manière dont les enfants gèrent cette perte. Au cours de cette phase, procurer de la chaleur et de l'affection contribue aussi à la gestion de la perte ou à l'acceptation du diagnostic d'une mauvaise nouvelle. Chez les enfants, en particulier, il est important que les souvenirs qu'ils ont de la personne qu'ils ont perdue restent bien vivants.Une deuxième phase consiste à éprouver la douleur de la perte, à la gérer. Il n'est pas étonnant qu'une douleur émotionnelle à la suite d'une perte ait souvent des répercussions physiques. Parfois, elle entraîne aussi des problèmes de concentration. Dans de nombreux cas, elle suscite de la colère et de l'agressivité, ou des sentiments de culpabilité. Manu Keirse estime que l'utilisation d'antidépresseurs à long terme n'apporte pas d'aide lors de ce processus de deuil. La meilleure aide que nous puissions offrir à nos semblables en deuil est de les rassurer en confirmant que leur " comportement déviant " est en fait normal dans leur situation. Ainsi, éprouver des sentiments de culpabilité est normal, même si dans le cadre d'un processus de deuil, il n'est jamais question de culpabilité ou d'innocence. Une personne en deuil ne se débarrasse pas de ces sentiments de culpabilité en les refoulant, mais en en parlant.La troisième phase consiste à s'adapter à un cadre de vie sans le défunt. Manu Keirse appelle cela " l'empreinte " de la perte. Pour une personne qui a perdu un proche, la vie ne sera plus jamais la même. La vie sociale est elle aussi complètement bouleversée. Cette perte, ce manque et les changements radicaux qu'ils provoquent dans la vie des proches entraînent le risque que ceux-ci idéalisent le défunt. Vu de l'extérieur, c'est parfois difficile à comprendre. Et lors de la perte d'un enfant, les autres enfants de la famille ont parfois l'impression d'être négligés. Écouter cette histoire est la seule chose à faire, selon Manu Keirse.Une dernière phase consiste à réapprendre à profiter de la vie et à entretenir ainsi le souvenir du défunt. Durant cette phase, la perte d'un être cher est placée dans sa perspective correcte. La vie peut reprendre son cours normal. Selon Manu Keirse, il est impossible de dire combien de temps dure le deuil. Lors de la perte d'un conjoint, il n'est pas rare qu'il dure trois ans. S'il s'agit d'un enfant, il est souvent encore plus long. Ce n'est pas non plus parce que nous devons dire adieu à une personne que nous la laissons vraiment partir. Nous la retenons simplement d'une manière différente, dans nos souvenirs.Manu Keirse a utilisé de nombreux exemples pour illustrer ces quatre phases du processus de deuil. Le silence dans la salle et les questions à la suite de son exposé sont la preuve que ses propos ont été fortement appréciés par toutes les personnes présentes.