Julián Ríos Cantú est étudiant à l'Institut de technologie et d'études supérieures de Monterrey au Mexique. Il n'a que 18 ans et son nom est désormais connu de la planète entière en raison de son invention : un soutien-gorge vanté par la presse internationale qui l'a qualifié d'" invention révolutionnaire " car il serait capable de déceler le cancer du sein.
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Ce dispositif vient d'ailleurs de valoir à Julián le premier prix des Global Student Entrepreneur Awards (GSEA), un concours international prestigieux qui s'est déroulé cette année à Francfort, en Allemagne, et qui récompense les jeunes conjuguant études et entrepreneuriat.L'histoire, d'abord relayée en octobre 2016 par le quotidien mexicain El Universal, a de quoi séduire. Le jeune homme dit avoir été inspiré par le long combat de sa mère contre le cancer du sein. Il avait à peine 8 ans quand elle a été atteinte. La prise en charge ayant été trop tardive et la tumeur ayant pris les dimensions d'une balle de golf en six mois, elle a finalement subi une double mastectomie et a failli perdre la vie.C'est donc en pensant à sa mère que Julien a conçu son produit, avec trois collègues, au sein de son entreprise, Higia Technologies. Baptisé "Eva", ressemblant à une brassière de sport et facile d'emploi, le sous-vêtement biotechnologique est doté de quelque 200 capteurs sensoriels qui évaluent la texture, la température et la couleur de la peau au niveau de la poitrine de la femme, permettant ainsi une surveillance continuelle des premiers signes qui doivent alerter.Pour obtenir des résultats considérés comme exploitables et fiables, il suffirait que ce dispositif soit porté entre 60 et 90 minutes par semaine. Envoyées via bluetooth à une application mobile et analysées par un algorithme, les informations collectées permettraient de délivrer un diagnostic à la détentrice de cette lingerie intelligente et à son oncologue, lequel pourrait immédiatement agir en cas d'anomalie détectée.Très innovant, le soutien-gorge "Eva" pourrait constituer une grande avancée dans le diagnostic du cancer du sein. L'invention est toujours en phase de développement mais son créateur espère pouvoir la breveter et la mettre prochainement sur le marché. Prudent, Julián précise que le système ne dispense pas les femmes d'examens médicaux et qu'il ne se substitue en aucun cas à la mammographie. Le jeune Mexicain sait aussi qu'il va devoir convaincre le corps médical de l'utilité d'"Eva". Et là, ce n'est pas vraiment bien engagé. "C'est une fumisterie intégrale," assène Cécile Bour, médecin radiologue, interviewée par le quotidien Le Figaro. "Le principe de ce soutien-gorge repose sur la thermographie, une pratique qui s'est développée dans les années 1970-1980 mais qui a été abandonnée, en raison de son inefficacité.""Autre inconvénient : aucune étude n'a montré que ce dispositif, encore au stade de développement, présentait une quelconque efficacité par rapport aux examens habituels," poursuit la radiologue, également membre de Cancer Rose, un collectif de médecins qui remet en cause le bien-fondé du dépistage organisé et milite pour une information loyale aux femmes, notamment sur les risques.Enfin, citant l'Institut national du cancer (InCA), le journal français ajoute que, dans l'état actuel des connaissances scientifiques, on ne sait pas distinguer, au moment du diagnostic, les cancers qui vont évoluer et qui doivent être traités de ceux qui évolueront peu ou qui n'auront pas de conséquences pour la femme concernée. D'où un risque de surtraitement.Autant dire qu'en ce qui concerne "Eva", la partie est loin, très loin d'être gagnée...référence : vidéo de Higia Technologies, You Tube, 6 avril 2017: