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Depuis 2008, l'équipe du Pr Liv Veldeman (UZ Gent) effectue des recherches sur la radiothérapie en position ventrale et a mis au point une posture (posture de crawl) et une table de traitement innovantes, qui permettent de contourner ces problèmes. " L'irradiation du sein en position ventrale présente plusieurs avantages significatifs par rapport à la position dorsale. Tout d'abord, le sein pend vers le bas grâce à une ouverture, ce qui l'éloigne du coeur et des poumons. Lorsque la patiente est couchée en position dorsale, le sein vient draper le coeur et les poumons. Si l'on souhaite irradier tout le sein, le coeur et les poumons le sont en partie aussi. En position ventrale, les poumons reçoivent une dose moindre chez toutes les patientes et chez la plupart d'entre elles, le coeur peut être épargné par le faisceau d'irradiation. Dans certains cas, il est possible que le coeur tombe à proprement parler vers l'avant lorsque la patiente se trouve en position ventrale. Si le sein ne n'est pas correctement écarté, il reçoit une dose plus élevée qu'en position dorsale. Nous remédions à ce problème grâce à la technique de l'arrêt de la respiration. En effet, lors d'une inspiration profonde, le coeur redescend et va se placer sous le sein, augmente la distance entre les deux ", explique Liv Veldeman. Comme le sein devient plus étroit en position ventrale et présente alors à peu près la même épaisseur partout, la dose d'irradiation peut être homogène. En position dorsale, le sein est beaucoup plus large à la base, de sorte que sa partie supérieure reçoit une surdose avec un risque d'effets indésirables cutanés. En position ventrale, le résultat cosmétique est donc également meilleur à long terme. Les plates-formes de radiothérapie disponibles, sur lesquelles la patiente est allongée en position ventrale, présentent toutes quelques inconvénients : inconfortables pour la patiente, elles sont de plus difficilement reproductibles. Lors de chaque séance de radiothérapie, la patiente doit en effet être positionnée exactement de la même manière, ce qui s'avère plus difficile qu'en position dorsale. En outre, les plates-formes commerciales ne permettent pas une irradiation aisée des ganglions lymphatiques. La région autour de la clavicule, par exemple, est soutenue par des éléments de la plate-forme, de sorte qu'il faudrait traiter la patiente à travers ces derniers, ou par l'arrière. De plus, puisque le bras du côté irradié est relevé, la région qui entoure la clavicule est encore plus comprimée en position ventrale. En collaboration avec des scientifiques de l' Industrial Design Center (UGent, campus Courtrai), l'équipe du Pr Veldeman a développé une table de traitement en position ventrale unique en son genre. La version finale du prototype, en fibres de carbone, est dotée d'une coque ergonomique qui accroît le confort de la patiente ( voir photos). En outre, elle permet une irradiation des ganglions lymphatiques alors que la patiente est couchée en posture de crawl (le bras du côté irradié est allongé le long du corps). Par rapport aux plates-formes ventrales commerciales, ce modèle offre un meilleur confort et permet une meilleure reproductibilité lors de l'irradiation du sein seul. Une petite étude a montré que l'irradiation des ganglions lymphatiques était possible grâce à cette table, dans une posture de crawl. En outre, les poumons, l'oesophage et la thyroïde semblent être plus épargnés. " L'irradiation du coeur était comparable, mais nous n'avions pas encore appliqué la technique de l'arrêt lors de l'inspiration profonde. " Depuis lors a été lancée une grande étude randomisée, comparant la position ventrale sur la plate-forme du Pr Veldeman avec la position dorsale en cas d'irradiation du sein et des ganglions lymphatiques. Des techniques permettant de mettre en oeuvre un arrêt prolongé de la respiration chez les patientes dont le coeur ne peut pas être évité en position ventrale sont également étudiées. " Pour l'instant, nous devons attendre l'octroi du marquage CE. Une fois que nous l'aurons, nous pourrons impliquer d'autres centres dans notre étude et lancer la commercialisation. " En Belgique, seuls deux centres pratiquent pour l'instant l'irradiation du sein en position ventrale, la seconde étant la CMSE Namur. Il est intéressant de noter qu'à l'avenir, cette table de traitement pourrait ouvrir une nouvelle voie en ce qui concerne la radiothérapie pré-opératoire. Si celle-ci est pratiquée sans connaissance préalable de l'atteinte des ganglions lymphatiques (pas d'examen pré-opératoire), une partie des ganglions lymphatiques est irradiée en position dorsale. S'il apparaît après l'opération que les ganglions lymphatiques ont été atteints, il devient difficile de déterminer la dose d'irradiation. En position ventrale, en revanche, seul le sein est irradié avant l'opération et les ganglions lymphatiques peuvent donc être évités. Enfin, une version de la plate-forme compatible avec l'IRM est également en cours de développement.