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Faut-il rappeler que le cisplatine, qui est un traitement très efficace, induit en revanche des troubles nauséeux qui vont parfois décider le patient à arrêter son traitement même après un seul cycle de chimiothérapie. Cette étude a été présentée par Bernardo Rapaport (Johannesburg, Afrique du Sud). Le médicament en question est le rolapitant, un antagoniste compétitif très sélectif des récepteurs NK-1, qui a une longue demi-vie (180 h). Cette famille de composés est connue pour son efficacité et plusieurs études de phase 2 et 3 sont venues la confirmer.D'abord prévenir ! L'étude de phase 3 a été menée de manière multicentrique, randomisée en double aveugle chez des patients recevant une chimiothérapie incluant le cisplatine. En tout, 532 patients ont été randomisés pour moitié dans le groupe recevant, une seule fois, le traitement oral rolapitant (200 mg) + granisetron/dexamethasone (G/D) et, pour l'autre, le placebo + G/D. L'objectif primaire était de comparer le taux de réponses complètes, c'est-à-dire sans vomissement et sans traitement complémentaire au cours de la phase tardive après la chimiothérapie entre 24 et 120 heures. Dans un second temps, les chercheurs étaient également intéressés de savoir le taux de réponse complète au cours de la phase aigüe, entre 0 et 24 et en général entre 0 et 120 heures. Une analyse régionale des résultats a été menée, car les investigateurs savent d'expérience qu'il existe un lien culturel. Les régions étaient l'Amérique du Nord (NA), l'Asie/Afrique du Sud (ASA), l'Europe, les Amériques Centrale et du Sud (CSA). La qualité de vie des patients a été évaluée via le Living Index-Emesis Questionnaire.Efficace sous tous les fuseaux horaires La médiane d'âge des patients était de 57,3 ans et la répartition démographique était équilibrée entre les différentes régions. L'objectif primaire de l'étude a été atteint puisque le groupe ayant bénéficié du traitement par rolapitant a obtenu un taux de réponse complète de 72,7% contre 58,4% dans le groupe placebo (p<0,001). Des résultats significatifs ont également été atteints lors de la phase aigüe 83,7% et 73,7% en faveur du rolapitant (p=0,005) ainsi qu'en 0 et 120h : 70,1% vs 56,5%. Un nombre plus élevé de patients n'a pas rapporté d'augmentation de la qualité de vie au quotidien, mais de manière non significative par rapport au placebo. De plus, le taux de patients sans évènement et ne requérant donc pas l'usage d'un autre médicament est également nettement plus élevé dans le bras rolapitant. L'ajout de rolapitant a par ailleurs permis une amélioration du taux de réponses complètes partout dans le monde. Comme le montre la figure suivante. Cependant, c'est en Amériques du Sud et Centrale que le bénéfice est le plus grand par rapport au placebo. Des analyses plus fines viendront probablement expliquer ce phénomène. Les auteurs notent aussi que les effets secondaires des patients traités ne diffèrent pas de ceux du groupe placebo et ont été considérés, dans leur majorité, comme provoqués par la chimiothérapie ou la maladie sous-jacente. Tous les spécialistes présents ont salué l'arrivée de ce nouveau venu permettant de prendre en charge l'un des effets secondaires de la chimiothérapie les plus débilitants pour le patient. Martin Chasen (Ottawa, Canada), le premier auteur de cette étude, a également expliqué que ce traitement pouvait également permettre de réaliser des économies en termes de couts directs et indirects.