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Les résultats finaux des études sont toujours très attendus surtout lorsqu'ils concernent des tumeurs rares aux conséquences désastreuses. C'est certainement le cas des tumeurs neuroendocrines pancréatiques (pNET) et de l'étude RADIANT-3. Pour mémoire, il s'agit d'une étude multicentrique randomisée de phase 3 menée sur des patients souffrant d'une pNET de bas grade ou e grade intermédiaire. En 2011, les résultats avaient montré que l'everolimus (EVE), un inhibiteur de mTOR, en combinaison avec les soins supportifs les meilleurs possible permettait une augmentation de la médiane de survie de 6,4 mois, passant de 11,0 à 4,6 mois(HR=0,35 ; IC 95% : 0,27-0,45 ; p <0,001) par rapport à un groupe recevant un placebo et les meilleurs soins possible.Survie inégalée A ce congrès, James Yao est allé un cran plus loin en présentant les résultats finaux concernant la survie globale après enregistrement de 256 décès. En tout, 410 patients avaient été inclus et 225 avaient participé à la phase d'extension de l'étude, ouverte. Sur les 203 patients du groupe placebo initial, 172 ont accepté de rejoindre la phase d'extension soit 85%. Tous les participants ont reçu l'EVE à la dose de 10 mg/j pendant une médiane de 67 semaines pour ceux qui avaient été inclus initialement dans le bras EVE (n=53) et 44 semaines pour ceux du le groupe placebo.La survie globale a été de 44,02 mois versus 37,68 mois (HR=0,94 ; IC 95% : 0,73 - 1,20 ; p = 0,30), ce qui est très éloigné du seuil statistique requis. Cette faible différence de 6,3 mois ne permet donc pas d'atteindre la significativité, mais elle s'explique par la grande masse de personnes étant passée du groupe placebo au groupe traité durant l'étude. Au vu de ce phénomène, les statisticiens ont mis en oeuvre un calcul qui a permis de déterminer que le gain de survie globale n'est pas de 6,3 mois mais bien de 23,4 mois. De l'aveu de chacun, le calcul est difficile à expliquer, mais on peut le résumer comme suit. Les chercheurs ont tenu compte du maintien d'un certain nombre de patients sous placebo et ont étendu cette proportion aux patients du groupe placebo initial en tenant compte des différents facteurs confondants, d'où la difficulté statistique.Chemins croisés Pour A Phan (Houston, TX, USA) chargée de discuter de la présentation de RADIANT-3, et Ian Chau (Londres, Royaume-Uni), orateur de la session Highlights, " ce cross-over s'il était souhaitable pour les patients rend l'interprétation des résultats plus complexes, mais est riche d'enseignements. " Différentes méthodes sont permises pour calculer un bénéfice après un cross-over, mais aucune ne fait consensus actuellement. Peut-être faudrait-il là aussi que la communauté scientifique accorde ses violons. " Mais la méthode utilisée ici est probablement la plus appropriée selon la revue de la littérature que j'ai faite " a expliqué A. Phan.En dehors des calculs proprement dits, notons simplement que la survie obtenue dans le groupe EVE est de 44 mois, ce qui est en soi déjà un record puisqu'il s'agit en effet de la plus longue enregistrée pour des patients similaires dans une étude de phase 3, soit pratiquement un doublement de ce qui se trouve aujourd'hui dans les banques de données de suivi des patients.Le prix à payer n'a surpris personne puisque les effets secondaires de ce type de molécules sont connus. Ceux de grade 3 ou 4 ont concerné 61,8% des patients traités et 40,4% des patients du groupe placebo dans l'étude initiale puis 73,3% des patients de l'étude ouverte. Il s'agissait dans la plupart des cas de stomatites, de diarrhées et de rash.Dans tous les cas, RADIANT-3 a permis de montrer que les pNET peuvent désormais être traitées avec des bénéfices à long terme à la clé et devrait donc changer notre point de vue sur les pNET considérées comme de mauvais pronostic à long terme.