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"Il y a cinq ou six ans, alors que j'étais assistant social au service d'accompagnement des patients (AZ Vesalius, Tongres), j'ai remarqué qu'ils traînaient souvent les pieds pour venir à l'hôpital pour leur traitement contre le cancer", déclare Bruno Giuliani, coach en oncologie (AZ Vesalius). "Cette réticence était due aux effets secondaires du traitement, mais aussi aux stimuli négatifs tels que les odeurs et la longue attente au sein du service. Je voulais changer cela. Je me suis donc mis à la recherche d'un moyen d'améliorer l'expérience des patients pendant les longues attentes durant les traitements. C'est ainsi que j'ai trouvé la réalité virtuelle."En 2019, Bruno Giuliani est devenu coach en oncologie et a pu concrétiser son idée. Le service d'oncologie a acheté des lunettes de réalité virtuelle et a lancé un projet pilote. Vingt-cinq patients atteints d'un cancer ont eu l'opportunité d'essayer les lunettes pendant trois mois. Sur les vingt-deux patients qui ont effectivement participé au projet, vingt-et-un ont présenté une très bonne réponse (évaluation sur la base de questionnaires). "Au début, nous utilisions les lunettes uniquement pour améliorer le ressenti et le bien-être pendant le traitement, mais désormais, nous les employons aussi chez les patients qui ont peur des aiguilles, par exemple avant la mise en place du cathéter à chambre implantable ou en cas de ponction d'ascite ou pleurale, mais aussi lors du port de gants glacés. Les patients disent moins ressentir le froid, car ils sont distraits."Expérience virtuelleLes lunettes immergent le patient dans une réalité virtuelle et détournent son attention des stimuli désagréables. "Nous avons remarqué qu'elles agissent aussi sur la perception du temps. Les patients ont en effet l'impression que les séances de réalité virtuelle, qui durent de quelques minutes à un quart d'heure, sont plus longues et la sensation de détente ou d'émerveillement est durable. La réalité virtuelle rompt complètement la longue attente durant leur traitement à l'hôpital de jour." Cette distraction a également un effet calmant. "Lors de la mise en place du cathéter à chambre implantable ou d'une ponction, nous remarquons souvent que la fréquence respiratoire des patients diminue et qu'ils sont donc plus calmes."Les lunettes de réalité virtuelle intègrent un logiciel de quarante-deux programmes au choix. "Le logiciel propose aussi des exercices de respiration et de relaxation, mais nous l'utilisons surtout pour les expériences visuelles. Les patients se retrouvent alors à flâner dans les rues de Londres, de Vienne ou de Paris, et se remémorent de bons souvenirs. Il y a aussi des programmes de relaxation pure, comme nager avec les dauphins, admirer un lever de soleil sur la plage ou se promener dans les Alpes."Grande valeur ajoutée"Tant les coachs en oncologie que les infirmiers de notre service sont en mesure d'équiper les patients de lunettes, mais cette opération prend beaucoup de temps. Il faut installer le patient, lui donner des explications et le surveiller un petit moment. À la fin de la session, il faut tout ranger et régler quelques aspects administratifs. Mais la valeur ajoutée est bien réelle. Les patients sont détendus et oublient l'espace d'un instant leur lit d'hôpital. C'est très satisfaisant pour nous.De plus, la réalité virtuelle permet une autre forme de communication entre les infirmiers et les patients, plus positive et informelle, qui instaure plus rapidement une relation de confiance forte. Les patients y gagnent un sujet de conversation positif et une belle dose d'humour, souvent."Le service d'oncologie de l'AZ Vesalius se mobilise pour ses patients atteints d'un cancer, c'est évident. Les lunettes de réalité virtuelle viennent en effet s'ajouter au large éventail de soins de soutien proposé. Outre l'équipe pluridisciplinaire (psychologue, diététicien, kinésithérapeute, assistants sociaux, sexologue...), les patients peuvent aussi faire appel à des conseillers en beauté. Plusieurs fois par semaine, un bénévole passe avec un chariot de friandises. "Au début du trajet, nous montrons aux patient notre vidéo d'information afin de leur expliquer ce qu'il va se passer. À la fin du traitement, les patients reçoivent une carte de notre propre cru, avec quelques mots de félicitations et un numéro de téléphone auquel ils peuvent toujours nous joindre."