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L'UZ Leuven utilise la thérapie radionucléide par récepteur de peptide (PRRT) pour le traitement des tumeurs neuroendocrines métastatiques. Les cellules neuroendocrines, communes à tous, sont présentes dans l'ensemble de l'organisme. Elles produisent des hormones. Mais il arrive que ces cellules se développent soudainement à un rythme incontrôlé et à former des tumeurs. Ce phénomène peut s'accompagner d'une production hormonale indésirable. Le traitement révolutionnaire par PRRT, qui consiste en l'injection de protéines radioactives, est une option lorsque les cellules disséminées ne peuvent plus être traitées par chirurgie, chimiothérapie ou radiothérapie externe.Lutécium radioactifLes tumeurs neuroendocrines sont non seulement rares - elles ne représentent qu'environ 1 tumeur sur 100 - mais elles sont aussi difficiles à traiter. Le Pr Dr Christophe Deroose, expert en médecine nucléaire à l'UZ Leuven précise : "Les tumeurs neuroendocrines touchent généralement le tractus gastro-intestinal, le pancréas et les poumons. Ces régions sont difficiles à irradier de l'extérieur, surtout lorsqu'elles sont touchées par des métastases. Dans cette situation, une radiothérapie interne peut être une option intéressante. Nous injectons à nos patients un "produit radiopharmaceutique" : un médicament moléculaire comportant une charge radioactive de lutécium-177. Cette molécule se lie à des récepteurs spécifiques à la surface des cellules cancéreuses. À la liaison, le produit radiopharmaceutique libère une forte dose d'irradiation. En administrant le médicament moléculaire dans la circulation sanguine, nous pouvons irradier de l'intérieur toutes les cellules cancéreuses simultanément."Chez nos patients, le risque d'extension connaît une réduction pouvant parfois aller jusqu'à 80 pour cent. Les cancers de certains patients deviennent ainsi maîtrisables pendant plusieurs années, une avancée majeure. Le PET-scan pour estimer les chances de réussite L'UZ Leuven est l'un des pionniers qui ont permis à la PRRT de devenir une thérapie à part entière. Aujourd'hui, les experts de l'UZ Leuven utilisent la troisième génération de médicaments moléculaires au lutécium-177. Les chances de réussite peuvent être évaluées en amont, via un PET-scan visant à détecter la présence de la cible : le récepteur de la somatostatine. Le concept repose sur l'utilisation d'un seul composant, une molécule de base, qui se lie à une cible bien déterminée sur les cellules cancéreuses. Les médecins commencent par marquer cette molécule de base à l'isotope gallium-68, puis ils réalisent des PET-scans pour visualiser la propagation des cellules cancéreuses dans le corps. S'ils dénombrent suffisamment de récepteurs, ils combinent la molécule de base au lutécium-177, dont les rayons ont la capacité d'enrayer les cellules cancéreuses.Le Pr Dr Deroose poursuit : "Le traitement provoque peu d'effets indésirables, car les molécules radioactives se lient essentiellement aux cellules cancéreuses, et très peu aux cellules saines. Chez nos patients, le risque d'extension connaît une réduction pouvant aller jusqu'à 80 pour cent. Les cancers de certains patients deviennent ainsi maîtrisables pendant plusieurs années, c'est une avancée majeure. La guérison complète d'un cancer métastatique n'est malheureusement qu'exceptionnelle. Mais de nouvelles formes de charge radioactive pourraient renforcer ces effets et résultats à l'avenir."Duo de moléculesLe succès de la thérapie par radionucléides pour le traitement de tumeurs neuroendocrines métastatiques peut être une première étape favorable à l'utilisation future de la thérapie moléculaire pour d'autres types de cancer. Le médicament moléculaire que l'UZ Leuven emploie pour traiter les tumeurs neuroendocrines métastatiques est remboursé par l'Inami depuis le 1er janvier 2022.