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Les résultats d'une étude menée par l'équipe de Bart Neyns, présentés en septembre 2022 au congrès de l'ESMO à Paris, ont pu démontrer que, dans un groupe non sélectionné de patients, un patient traité sur quatre obtenait un contrôle durable de la maladie. Ce constat s'inscrit dans la lignée des résultats à long terme de deux études cruciales de phase III, KEYNOTE-006 et CheckMate-067, qui ont conduit à l'autorisation du pembrolizumab et du nivolumab.Mélanome de stade IV : le risque de progression est faible cinq ans après l'immunothérapie.L'étude rétrospective monocentrique (2) de l'équipe de Bart Neyns (UZ Brussel), présentée par François Verschaeve au congrès 2022 de l'ESMO, a examiné la survie et le risque de tumeurs secondaires chez des patients atteints d'un mélanome de stade III/IV non résécable. Les investigateurs ont analysé le dossier médical de patients identifiés prospectivement, qui ont débuté un traitement par immunothérapie à l'UZ Brussel entre mai 2010 et mars 2022. Ils ont identifié 292 patients, dont 82,1 % atteints d'un mélanome cutané. Les autres patients étaient atteints d'un mélanome muqueux (2,7 %), indéterminé (9,9 %), acral (2,0 %) ou uvéal (3,1 %). La grande majorité des patients ont reçu une monothérapie, mais 3,6 % ont été traités par l'association ipilimumab + nivolumab. Le risque de progression de la maladie était à son maximum au cours de la première année, puis diminuait progressivement. La survie sans progression s'élevait à 25 % après 5 ans, après quoi la courbe de survie tracée selon la méthode de Kaplan-Meier s'aplanissait. Le risque de récidive ou de progression de la maladie (événement) était ensuite faible, à savoir un risque relatif de progression de la maladie de 1,6 % par an, inférieur au risque de développer un carcinome asynchrone, qui était de l'ordre de 4,9 % (tableau 1).Les études cruciales de phase III KEYNOTE-006 et CheckMate-067 démontrent des résultats à long terme concordants.Les résultats à long terme de l'étude de phase III KEYNOTE-006, présentés lors du congrès 2021 de la SMR, et ceux de l'étude de phase III CheckMate-067, présentés lors du congrès 2022 de l'ASCO, pointaient dans la même direction.KEYNOTE-006 (3) était une étude de phase 3, contrôlée et randomisée, comparant le pembrolizumab à l'ipilimumab chez des patients atteints d'un mélanome avancé de stade III ou IV non résécable. L'année dernière, C. Roberts a présenté le suivi à 7 ans de cette étude, y compris les patients qui, au terme de l'étude KEYNOTE-006, ont intégré l'étude d'extension KEYNOTE-587 (5).Les résultats ont confirmé que le pembrolizumab améliorait significativement la survie sans progression et la survie globale par rapport à l'ipilimumab. La survie sans progression et la survie globale à 7 ans s'élevaient respectivement à 23,8 % et 37,8 % pour le pembrolizumab vs 13,3 % et 25,3 % pour l'ipilimumab (tableau 2). Il est à noter que les courbes de survie s'aplanissaient après 5 ans, traduisant une légère diminution de la survie sans progression et de la survie globale.L'étude CheckMate 067 (4) a randomisé des patients atteints d'un mélanome de stade III/IV, naïf de traitement et non résécable, pour recevoir un traitement par nivolumab + ipilimumab, suivi de nivolumab (n = 314), de nivolumab + placebo (n = 316) ou d'ipilimumab + placebo (n = 315) jusqu'à la progression de la maladie ou une toxicité inacceptable. L'étude a montré une amélioration significative des réponses objectives, de la survie sans progression et de la survie globale avec l'association nivolumab + ipilimumab ou avec le nivolumab seul par rapport à l'ipilimumab seul. La survie à 7,5 ans s'élevait respectivement, dans les bras nivo + ipi, nivo et ipi, à 48 %, 42 % et 22 %. La survie sans progression de la maladie s'élevait respectivement à 33 %, 27 % et 7 %. Après 7,5 ans, 77 % (nivo + ipi), 70 % (nivo) et 45 % (ipi) des survivants étaient exempts de traitement et n'avaient pas reçu de thérapie systémique après le premier traitement (tableau 2). Dans les dernières années de suivi, le nombre de décès est également faible dans cette étude et la moitié de ces décès était due à d'autres causes, sans association avec le mélanome. La survie spécifique au mélanome n'a baissé que de 1 % par an par rapport au suivi à 5 ans. (6)Les résultats de cette étude reconnaissent le bénéfice à long terme d'un traitement par immunothérapie pour le mélanome métastatique, non seulement dans le contexte d'une étude clinique, mais également chez des patients non sélectionnés.Références.1. Rogiers, A. et al. J. Oncol. 2019, 5269062 (2019).2. Verschaeve, F. et al. 839P Ann. Oncol. 33, S933 (2022).3. Robert, C. et al. N. Engl. J. Med. 372, 2521-2532 (2015).4. Larkin, J. et al. N. Engl. J. Med. 373, 23-34 (2015).5. Roberts, C et al . Abstracts. Pigment Cell Melanoma Res. 35, 97-184 (2022).6. Hodi, F. S. et al. J. Clin. Oncol. 40, 9522 (2022).