Au début de la pandémie, des études ont suggéré que les patients atteints d'un cancer avaient plus de risques d'être contaminés par le SARS-CoV-2 et de développer des complications plus graves. De nouvelles études plus approfondies nuancent aujourd'hui ce tableau.
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"Des études plus approfondies menées récemment montrent que le lien entre le Covid-19 et le cancer n'est pas aussi linéaire", déclare le Prof. Peter Van Dam, coordinateur médical en oncologie gynécologique (UZA), qui vient de terminer une étude sur le sujet. "Le système immunitaire des patients atteints d'un cancer est effectivement souvent affaibli. Afin de déterminer si ces patients sont de ce fait réellement plus vulnérables à la contamination par le coronavirus, nous avons testé la présence d'anticorps chez des patients anversois atteints d'un cancer, durant la période allant du mois de mars au mois de mai. Les anticorps indiquent une contamination antérieure par le coronavirus. Les résultats se sont révélés surprenants. Proportionnellement, les patients atteints d'un cancer n'étaient pas plus touchés que les autres. En d'autres termes, le cancer ne semble pas les rendre plus sensibles au Covid-19. D'autres facteurs sont à l'origine d'une augmentation du risque, comme une certaine prédisposition génétique ou un système immunitaire fortement perturbé."Tumeurs actives et cancers hématologiquesLes patients atteints d'un cancer ayant contracté le Covid-19 ces derniers mois n'ont pas systématiquement présenté des symptômes plus graves ni un risque accru de décès. Prof. Peter Van Dam : "À cet égard, nous devons faire une distinction nette au sein du groupe de patients atteints d'un cancer. Chez les personnes dont les tumeurs sont très actives, qui présentent des métastases ou qui sont atteintes d'un cancer hématologique (cancer du sang tel que la leucémie), le système immunitaire est apparu beaucoup plus perturbé. Le virus a alors pu frapper plus violemment. Ce sont les membres de ce groupe qui couraient un plus grand risque de complications graves, telles que le besoin d'une assistance respiratoire, de soins intensifs et d'un coma, une fois contaminés. Le risque de décès était également plus élevé. Pour ces patients fragiles, le coronavirus constitue surtout un facteur de risque supplémentaire, à l'instar de la vague de chaleur ou d'une infection grippale."En revanche, chez les autres patients atteints d'un cancer, c'est-à-dire les personnes présentant des tumeurs relativement plus petites, des tumeurs limitées, un autre type de cancer, etc., les chercheurs n'ont pas observé de risque accru net de complications graves. "En outre, poursuivre un traitement tel qu'une chimiothérapie ou une immunothérapie ne les rendait pas plus sujets à la contamination ou aux complications. Il n'y avait donc pas de raison de reporter ou d'interrompre leurs soins ou leur traitement À l'exception des thérapies fortement immunosuppressives et très toxiques, tous les traitements ont dès lors été poursuivis dans la mesure du possible. L'arrêt des traitements aurait justement un impact beaucoup plus important sur la santé."