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Les gynéco-oncologues louvanistes ont mené étude chez 38 enfants (en Belgique, aux Pays Bas et en Italie) dont la mère avait été exposée à un traitement par chimiothérapie en cours de grossesse et 38 chez enfants contrôles. Le recrutement des enfants exposés s'est fait sur base du registre du Network for Cancer, Infertility and Pregnancy (INCIP). Les caractéristiques cliniques des deux groupes ont été évaluées sur le plan de leur développement mental et de leur santé cardiovasculaire.Aucun effet sur le développement mental et la fonction cardiaque A cet effet, le développement mental a été mesuré à l'aide d'un indice spécifique (Mental Development Index ou MDI). Les résultats montrent que ces mesures étaient normales pour l'âge et comparables pour les deux groupes d'enfants étudiés. La médiane d'âge où cette mesure a été effectuée était de deux ans. Même constat pour ce qui est des dimensions et de la fonction cardiaque, mesurées par échocardiographie qui étaient elles aussi comparables dans les deux groupes et strictement dans les limites de la normale.Des conclusions qui valent pour les traitements étudiés Les formes de cancer les plus fréquentes pour lesquels les mères des enfants étudiés avaient été traitées pendant leur grossesse étaient le cancer du sein (61%) et les cancers hématologiques (22%). La chimiothérapie avait comporté en moyenne 4 cycles et comprenait des anthracyclines de type epirubicine (dans 61% des cas), le 5-fluorouracile, la cyclophosphamide pour les tumeurs solides ou encore les protocoles CHOP ou ABVD dans les cancers hématologiques.Prématurité et retard de développement mental Aucune corrélation n'a pu être étable entre le nombre de chimiothérapies et le développement mental, par contre, une corrélation positive est observée entre le développement gestationnel, avec un accroissement de 2.65 points de l'indice de développement mental (MDI) par semaine supplémentaire d'âge gestationnel, ce qui a fait conclure aux investigateurs que la prématurité - et non l'exposition prénatale à une chimiothérapie, avait un impact négatif sur le développement mental.'La prématurité et non l'exposition prénatale à une chimiothérapie est un facteur de risque de retard du développement mental'Autres études du groupe louvaniste Dans la foulée les chercheurs de l'équipe du Pr. Amant ont également montré l'innocuité chez l'enfant d'une radiothérapie réalisée chez leur mère enceinte au cours des deux premiers trimestres de la grossesse, ainsi que celle du prélèvement du ganglion sentinelle pendant la grossesse. Enfin, ils se sont intéressés à l'initiation d'une grossesse chez les femmes atteintes de cancer qui doivent encore être traitées, pour conclure qu'il est capital de parler de contraception avec ces patientes. Plus de détails sur ces études dans le numéro de novembre de Belgian Oncology News et sur notre blog www.ebonblog.wordpress.com Pr. Frederik Amant : " Jusqu'à présent, bien des confrères ont hésité à administrer une chimiothérapie chez des femmes enceintes, leur conseillant souvent, si la chimiothérapie s'avère indispensable, d'interrompre leur grossesse. Notre étude démontre qu'après trois mois de grossesse ce n'est certainement pas systématiquement nécessaire. Nos données se limitent toutefois à un certain nombre de chimiothérapies et ne peuvent pas extrapolées aux traitements non étudiés comme les nouvelles molécules ciblées. "