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Chez les femmes ménopausées présentant un cancer du sein hormonosensible (HR+), il a été montré qu'un traitement adjuvant par un inhibiteur de l'aromatase donnait de meilleurs résultats à long terme que le tamoxifen, en particulier pour ce qui concerne les récidives. L'intérêt relatif de ces traitements chez des femmes jeunes, pré-ménopausées chez lesquelles la fonction ovarienne était, de plus, supprimée, a été étudié dans les études TEXT et SOFT, deux études internationales menées dans 27 pays, sur tous les continents. Leur analyse conjointe, présentée à l'ASCO, en fait la plus grande étude sur un plan mondial à évaluer un traitement adjuvant par un inhibiteur de l'aromatase, associé à une suppression de la fonction ovarienne et la première à démontrer l'efficacité - et la supériorité par rapport au tamoxifen - de cette approche thérapeutique chez des femmes jeunes pré-ménopausées.Deux études assez comparables Ces deux études avaient inclus un total de 5738 femmes non ménopausées présentant une forme précoce de cancer du sein HR+. Dans l'étude TEXT, la randomisation s'est faite endéans les 12 semaines suivant la chirurgie vers un traitement adjuvant de 5 ans soit avec l'exemestane, soit avec le tamoxifen, associés à une suppression de la fonction ovarienne. L'association à ce traitement d'une chimiothérapie constituait une option éventuelle. Dans l'étude SOFT, quant à elle, la randomisation s'est faite également vers un traitement de cinq ans avec soit l'exemestane, soit le tamoxifen associés à une suppression de la fonction ovarienne ou alors vers un traitement uniquement à base de tamoxifen. Ce traitement était instauré endéans les 12 mois suivant l'intervention chirurgicale si aucune chimiothérapie n'était prévue. En cas de chimiothérapie ce traitement était débuté endéans les 8 mois après son administration complète. A noter, par ailleurs, que la suppression de la fonction ovarienne était obtenue soit par un traitement de 5 ans par de la triptoreline, soit par irradiation ou encore par résection chirurgicale des ovaires.Analyse combinée Le principal critère d'évaluation de l'étude était la survie sans maladie (DFS ou Disease Free Survival), à savoir la survie sans récidive locale invasive, régionale ou à distance ou au niveau de l'autre sein, sans seconde malignité ou décès de la patiente. En raison du nombre restreint d'événements observés dans ces études, les investigateurs ont décidé d'amender les protocoles de ces études pour permettre l'analyse conjointe des deux études. Ce sont les résultats de cette analyse conjointe qui ont été présentés en session plénière de l'ASCO 2014 par Olivia Pagani de l'Institut Oncologique du Sud de la Suisse à Bellinzona dans le Tessin. Les résultats analysés portent sur 2346 patientes sous exemestane et suppression hormonale contre 2344 patientes sous tamoxifène et suppression hormonale.Exemestane remporte le duel Au terme d'une période de suivi moyenne de 5.7 ans, la survie sans maladie était de 91.1% dans le groupe exemestane contre 87.3% dans le groupe tamoxifen, soit une diminution significative de 28% du risque de présenter une progression telle que définie ci-dessus dans le groupe de patientes sous exemestane par rapport à celui sous tamoxifen (HR=0.72; IC 95% : 0.60-0.86; p=0.0002). Pour ce qui est des critères secondaires d'évaluation, l'intervalle de temps sans cancer du sein (réduction du risque de 34%), ainsi que l'intervalle de temps sans récidives à distance (réduction du risque de récidives à distance de 28%) étaient tous deux favorables à l'exemestane. Aucune différence significative sur le plan de la survie globale n'a pu être notée à ce stade, ce qui, d'après les investigateurs est probablement du au faible nombre d'événements observés à ce stade. Côté effet secondaires, des problèmes sévères de grade 3-4 ont été observés chez 31% des patientes sous exemestane et chez 29% des patientes sous tamoxifen.