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Les promesses de CAR-T cells, une immunothérapie innovante dans des cancers du sang, se confirment. A l'UZ Leuven, l'équipe du Professeur Michel Delforge a traité un patient atteint de myélome multiple, un cancer de la moelle osseuse également dénommé "maladie de Kahler" et qui est rarement totalement guérissable, en ayant recours à des cellules CAR-T : CAR pour Chimeric Antigen Receptor - récepteur antigénique chimérique - et T comme lymphocytes T. (1)Ce traitement en provenance des Etats-Unis consiste à modifier génétiquement in vitro les lymphocytes T de la personne atteinte d'un cancer du sang de manière telle que ces cellules immunitaires détruisent les cellules tumorales.Une prise de sang est d'abord nécessaire pour prélever les lymphocytes T. Ensuite l'ADN de ces globules blancs est modifié avec un gène pour qu'ils détectent spécifiquement les cellules cancéreuses. Après avoir été multipliés, ces "soldats" dotés d'un récepteur artificiel nommé CAR sont alors réintroduits dans le sang du patient où ils vont être capables de cibler et d'attaquer les cellules cancéreuses. Résultat : la maladie fond ou disparaît chez certains patients."La plupart de ces patients réagissent bien au traitement," se réjouit le Pr Michel Delforge. "Ils peuvent souffrir d'effets secondaires à court terme, mais ceux-ci sont rarement graves et ils sont de courte durée."Jusqu'à présent, plus de 10 essais cliniques sur les cellules CAR-T ont été lancés en Europe. En France, où une petite trentaine de patients ont ainsi été traités, deux hôpitaux parisiens (Saint-Louis et Robert-Debré) viennent d'être labellisés comme "centres experts" pour développer l'immunothérapie à base de CAR-T cells. (2)Cette nouvelle approche, qui a l'avantage de faire dans le sur-mesure, représente une véritable révolution médicale. Elle fait l'objet d'essais cliniques dans plusieurs pays depuis 2012 et donne des résultats parfois spectaculaires, essentiellement chez des patients atteints de cancers hématologiques (leucémie aiguë et lymphomes) résistants aux traitements traditionnels comme la chimiothérapie.Les chiffres sont prometteurs. Dans le cadre d'une leucémie aiguë réfractaire aux traitements, le taux de rémission à trois ans pour les patients (enfants ou adultes jusqu'à 25 ans) qui ont reçu une injection de CAR-T cells passe de 15 à 83%. Pour un lymphome diffus à grandes cellules B, le taux de rémission complète à 15 mois passe d'entre 5 à 10% avec une chimio conventionnelle à 40% après le traitement par CAR-T.Du coup, les scientifiques sont enthousiastes. La réputée association américaine d'oncologie clinique (ASCO) n'hésite pas à dire de cette avancée qu'elle est "la découverte de l'année !".Un propos qu'il convient toutefois de relativiser car ce nouveau traitement ne concerne pour l'instant que certains cancers du sang et jusqu'à présent seuls certains malades y répondent favorablement. La technique doit donc encore être affinée afin de pouvoir être administrée de manière efficace à un plus grand nombre de patients.D'autre part, cette thérapie qui pourrait à l'avenir concerner d'autres types de cancer n'a pas encore reçu d'autorisation de mise sur le marché et son coût est très élevé. Reste qu'elle est bel et bien porteuse de grands espoirs...(références :(1) UZ Leuven, Nieuws, 7 août 2018,(2) Le Parisien, 10 août 2018)https://www.uzleuven.be/nl/nieuws/2018-08-07/eerste-belgische-patient-met-zeldzame-beenmergkanker-behandeld-met-nieuwe-vormhttp://www.leparisien.fr/societe/sante/les-car-t-cells-le-traitement-revolutionnaire-contre-des-cancers-du-sang-09-08-2018-7848357.php