Attaquer des cancers par deux voies métaboliques différentes constitue une approche de plus en plus mise en oeuvre. L'étude de phase 2, présentée par Joyce Liu (Dana Farber), le confirme, mais au prix d'une toxicité toutefois importante...
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Les inhibiteurs de la poly-ADP-ribose-polymérase-1 (PARP) sont connus depuis de nombreuses années. Ces médicaments sont capables d'empêcher l'ADN de se réparer convenablement, entrainant une apoptose. L'oleparib est un PARP-inhibiteur qui a démontré son activité dans le cancer ovarien épithélial. Joyce Liu (Dana Farber) et ses collègues se sont demandé s'il ne serait pas possible de le combiner avec une autre molécule aux mécanismes d'action totalement différents, comme un agent anti-angiogénique, espérant développer ainsi une action synergétique des deux traitements sur la tumeur. Le cediranib est un anti-angiogénique oral qui a également montré une belle activité contre le cancer ovarien. La combinaison n'a pas été choisie au hasard puisque des études précliniques suggèrent qu'une certaine synergie est possible.Meilleure survie ! La méthodologie de l'étude compare les effets de l'olaparib avec ou sans cediranib dans des cancers ovariens tubaires ou carcinomes péritonéaux récidivants sensibles aux platines. Il s'agit donc d'une étude randomisée contrôlée de phase II qui a accueilli 90 patientes. Après randomisation 1 :1, les patientes ont reçu soit 420 mg BID d'olaparib ou olaparib 200 mg+cediranib 30mg/j. L'objectif de l'étude est de déterminer le moment où la maladie progresse. Par ailleurs, différentes études ont montré que l'usage des PARP donne des résultats différents selon le statut BRCA. C'est pourquoi les chercheurs ont stratifié les patientes en 2 groupes celles présentant une mutation BRCA et les autres. LA PFS radiographique constituait le premier objectif des auteurs. La PFS est clairement en faveur de la combinaison thérapeutique avec une PFS médiane de 17,7 mois et seulement de 9 mois pour l'olaparib seul. C'est donc une diminution de 58% (95%CI :0,23-0,76 ; p<0,005 ). Par ailleurs, certaines études avaient montré que la combinaison cediranib/olaparip augmentait significativement la PFS suivant le statut BRCA. Chez les personnes présentant un BRCA muté, la réponse est moins bonne que chez le type sauvage : 19,4 mois versus 16,5 mois ; alors que dans le groupe non muté, la PFS avec la combinaison est de 16,5 mois versus 5,7 mois pour le groupe olaparib seul.Le prix à payer... Les chercheurs ont enregistré un taux de réponses globales (ORR) de 56% avec l'olaparib seul dont 2 réponses complètes (CR) et 21 réponses partielles (PR). Pour le traitement combiné, l'ORR est de 84% avec 3 CR et 33 PR (p-0,008). La toxicité globale a été évaluée. Elle est plus importante dans le groupe du traitement combiné par rapport à l'olaparib seul avec, par exemple, 39% dans la combinaison contre 0% dans l'autre groupe. Globalement, les toxicités de grades 3 et 4 sont apparues chez 70% des patients traités par cediranib/olaparip contre 7% pour l'olaparib seul. " Cependant, selon Joyce Liu, ils ont pu être pris en charge. " Pour la chercheuse, les résultats permettent de dire que des investigations doivent être poursuivies aussi chez les femmes présentant un cancer ovarien résistant aux sels de platine. Pour les experts de l'ASCO, " le traitement combiné cediranib/olaparip permet d'augmenter le taux de réponse, mais au prix d'une plus grande toxicité. Il faudra donc attendre encore afin de savoir si cela se traduit par une meilleure survie. Cependant, il s'agit d'une nouvelle stratégie thérapeutique qui permet d'éviter la chimiothérapie. "