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L'étude randomisée de phase III COU-AA-302 comparait prednisone 5 mg x 2/j + placebo versus prednisone 5 mg x 2/j + acétate d'abiratérone 1000 mg/j. Depuis la mi-2010 période de l'inclusion des premiers patients atteints par un cancer prostatique résistant à la castration métastatique (mCPRC) peu ou pas symptomatique, au fil des analyses intermédiaires successives, les nombreux bénéfices apportés par l'abiratérone sont apparus : le dernier en date, avant ce congrès à Madrid, était un doublement du délai avant progression radiologique en faveur de l'abiratérone : 16,5 mois versus 8,2 mois dans le bras prednisone seule (HR=0,52 ; IC 95% : 0,45-0,61 ; p < 0,0001).Cependant, la démonstration d'une amélioration de la survie globale tardait à venir puisque les trois analyses intermédiaires préspécifiées successives indiquaient des tendances pour cette amélioration, mais non statistiquement significative. Cette absence de démonstration d'une augmentation de la survie globale, liée en grande partie à la durée limitée de la période double aveugle de l'étude, comme l'ont expliqué les auteurs, semait toutefois un certain doute alors que d'autres thérapies avaient déjà apporté cette preuve.CQFD ! Tout est désormais révolu ! L'analyse finale effectuée, alors que 741 décès ont été documentés, apporte toutes les garanties nécessaires et indique clairement qu'il existe un bénéfice de survie globale chez les patients avec cancer de la prostate métastatique résistant à la castration et naïfs de toute chimiothérapie, enrôlés dans le bras prednisone + acétate d'abiratérone. Pour ces patients, dans le cadre d'un suivi médian d'un peu plus de 4 ans (49,2 mois), la médiane de survie globale est de 34,7 mois versus 30,3 mois chez les patients du bras prednisone seule (HR 0,81 ; IC 95% : 0,70-0,93, p = 0,0033).Il faut noter que cette amélioration de survie est retrouvée de façon concordante dans tous les sous-groupes de patients évalués. Certains ont estimé qu'une réduction du risque de décès de 19 % est un peu "légère", Charles Ryan qui présentait ces résultats a insisté sur le fait qu'au fil du temps de nombreux patients enrôlés dans le bras prednisone seule avaient progressé et avaient donc reçu ultérieurement des traitements susceptibles d'augmenter leur survie ! Ainsi, 44% des patients du bras prednisone seule ont, par la suite, été traités par de... l'abiratérone.Les patients transfuges Différents spécialistes ont d'ailleurs estimé que ce bénéfice peu élevé n'était pas à mettre sur le compte d'une efficacité limitée de l'abiratérone, mais était en rapport avec le nombre important de patients du bras placebo qui avaient en réalité bénéficié de l'abiratérone. Ces résultats de mortalité devraient donc convaincre définitivement les sceptiques, médecins et autorités, de l'intérêt clinique de l'abiratérone en préchimiothérapie. Un autre résultat est sans doute au moins aussi important tant pour le patient que pour le médecin. L'abiratérone permet de retarder de pratiquement 10 mois le recours aux opiacés. En effet, le délai moyen avant utilisation de ces antalgiques est de 33,4 mois pour l'abiratérone contre 23,4 mois dans le bras prednisone seule (HR = 0,72 ; IC 95% : 0,61-0,85 ; p < 0,0001). Globalement, l'analyse finale indique également un bénéfice significatif de la combinaison prednisone + abiratérone sur les autres critères secondaires comme le délai avant initiation de la chimiothérapie, celui avant détérioration des aptitudes physiques et celui avant progression du PSA. Last but not least, le profil de tolérance et de sécurité est demeuré stable tout au long du suivi. Par ailleurs, les effets secondaires de grade 3 et 4 ont affecté une proportion restreinte de patients du groupe traité par abiratérone.L'étude COU-AA-302 permet donc de considérer dès à présent l'abiratéone comme un traitement permettant aussi d'améliorer la survie des patients atteints par un mCRPC, qui, outre les nombreux avantages démontrés au cours des analyses intérimaires, permet aussi de retarder le recours aux opiacés.