...

La présentation d'une nouvelle molécule est toujours très attendue dans les congrès médicaux. L'anamoreline fait partie de celle-là avec des résultats provenant de deux études internationales de phase 3 : ROMANA 1 et ROMANA 2. Cette petite molécule est un mimétique oral de la ghréline et un agoniste du récepteur à la ghréline. Pour mémoire, la ghréline est une hormone libérée par l'estomac. La liaison à son récepteur active la libération de l'hormone de croissance. De plus, la liaison de la grhéline à ce récepteur réduit la production de cytokines pro-inflammatoires, telles que le TNF-alpha et l'interleukine 6, qui jouent un rôle direct dans la perte d'appétit lié au cancer. Ces deux études ont en commun d'avoir permis de tester l'efficacité et l'innocuité de l'anamoreline chez des patients atteints d'un cancer pulmonaire. Leur différence réside dans les régions où elles se sont déroulées : aux USA, en Europe et en Australie notamment pour ROMANA 1 ; en Inde et aux USA pour ROMANA 2. La tumeur était considérée comme non-résécable de stade III ou IV. Les patients présentaient une perte de poids d'au moins 5% par rapport à leur masse corporelle 6 mois auparavant ou un BMI inférieur à 20 kg/m².Changement de poids ! Pour David Currow, " ce sont des études très intéressantes. Elles représentent un changement significatif de la façon dont on se représente la cachexie chez le patient cancéreux et donc le traitement des patients présentant un cancer avancé. " Les patients ont été traités dans les deux études par 100 mg /j d'anamoreline ou un placebo pendant 12 semaines. Les patients pouvaient recevoir durant le traitement leur chimiothérapie. L'objectif était de déterminer les changements de la masse maigre et de la force de préhension de la main. Les objectifs secondaires incluaient la modification du poids corporel et dans l'échelle établie selon le questionnaire Functional Assessment of Anorexia/Cachexia Therapy (FAACT)Plus, c'est mieux ! Dans ROMANA 1, 484 patients ont été inclus et, dans ROMANA 2, 495. Au cours des 12 semaines de traitement, l'anamoreline a significativement augmenté la masse maigre par rapport au placebo et ce, dans les études. La prise de masse maigre a été de 1,1 kg en moyenne pour le groupe traité alors que dans le même temps, le groupe placebo perdait 0,44 kg. Dans ROMANA 2, la prise est de 750 g pour l'anamoreline et la perte de 960 g pour le placebo. Cela ne s'est pas traduit par un changement significatif de la force préhension entre les différents groupes de traitement. " Il est probable que 12 semaines soient un délai trop court pour constater une amélioration de ce point de vue ", a expliqué D. Currow. En revanche, le score FAACT s'est plus amélioré sous anamoreline que sous placebo : 4.12±0.8 vs 1.92±0.8 (p=0.0004) dans ROMANA 1 et 3.48±0.9 vs 1.34±1.0 (p=0.0016) dans ROMANA 2. Le prix à payer est une augmentation de l'hyperglycémie de 4,2% et du diabète de 2,1% dans ROMANA 2 alors que chez sa jumelle c'étaient les nausées et l'hyperglycémie qui sont revenues le plus fréquemment. " Ces résultats sont importants. En effet, la cachexie peut constituer un facteur limitant du traitement des patients avec un cancer avancé. Nous avons découvert que ce traitement permettait non seulement d'augmenter la masse maigre et la masse totale, mais aussi la qualité de vie de ces patients. En effet, les effets secondaires sont restés légers à modérés, faisant de cette molécule un traitement très bien toléré " a conclu David Currow. Pour Giuseppe Curigliano (Milan, Italie), qui présidait la séance, il s'agit d'une véritable percée thérapeutique pour les patients cancéreux atteint de cachexie.