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En cause la capécitabine, un médicament oral fréquemment prescrit dans le traitement de cancers à la tête et au cou, à la poitrine, à l'estomac et au colon. Outre des troubles cutanés chez les patients (rougeurs, plaques, desséchement ou encore acné), l'un de ses effets secondaires est l'inflammation des paumes des mains ou des plantes de pieds qui peuvent peler, saigner ou développer des lésions. A un stade avancé, ce syndrome main-pied peut aller jusqu'à provoquer la disparition des empreintes digitales, ces lignes courbées présentes sur la surface de la main qui se forment bien avant notre naissance et nous identifient pour toute notre vie.Les scientifiques néerlandais ont d'abord réuni de manière prospective 337 (x10) empreintes digitales auprès de 150 patients. Parmi ceux-ci, 112 ont été retenus dont 49 souffrant d'un cancer colorectal et 31 d'un carcinome hépatocellulaire. Ils ont passé un scanner à empreintes digitales avant leur traitement (capécitabine pour 66 d'entre eux, et inhibiteur de la tyrosine kinase pour les 46 autres) puis un autre dans les six à huit semaines après le début du traitement et enfin un troisième à l'arrêt de celui-ci.Trois dactylo-techniciens et un inspecteur ont ensuite été chargés d'analyser les différents clichés. Ils ont découvert que neuf patients sur les 66 traités à la capécitabine (soit environ 14%) ont perdu leurs empreintes digitales, et seulement trois les ont retrouvées à la fin du traitement. En revanche, sur les 46 patients traités par une autre chimiothérapie, seulement un (soit environ 2%) a perdu ses traces digitales. En outre, chez 50 à 60% des malades, la capécitabine est également responsable de l'apparition du syndrome main-pied alors que cette inflammation est observée chez 19 à 34% des patients traités avec d'autres médicaments.Au vu de ces proportions, les auteurs estiment que leur travail ne permet pas d'établir de lien direct entre la perte des empreintes digitales et le syndrome main-pied. Le mystère reste donc entier. Toutefois, et bien que la perte des empreintes digitales n'ait aucune incidence clinique, ils considèrent que les médecins devrait connaître cette conséquence de la prise de capécitabine. En effet, la perte des empreintes digitales peut être source de nombreuses difficultés dans le quotidien des patients étant donné qu'elles sont de plus en plus utilisées comme moyen d'identification et d'authentification dans les smartphones et les ordinateurs portables ou lors des contrôles aux frontières.(référence : JAMA Oncology, 25 août 2016, doi:10.1001/jamaoncol.2016.2638)