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Le chercheur n'est pas n'importe qui et le journal qui l'abrite (Science) non plus. Il faut donc prendre ses avertissements au sérieux. "De plus en plus de personnes dans de nombreux endroits étudient les agents pathogènes les plus dangereux du monde. Ce travail aide à se préparer contre les pandémies futures, mais il n'est pas sans danger. Les agents pathogènes pourraient s'échapper des installations de recherche, il est donc essentiel que les pays évaluent les risques potentiels et mettent en place des procédures pour gérer les risques. Cela ne se produit pas assez souvent."Un rapport pondu par des laboratoires biologiques dans le monde sur le nombre de laboratoires de haute sécurité indique ainsi qu'en 2000, il n'y avait que 13 d'entre eux dans le monde. "Le nombre de laboratoires en activité, en construction ou planifiés a augmenté de manière constante: 59 laboratoires dans 23 pays en 2021, et 69 laboratoires dans 27 pays en 2023. Cette explosion des laboratoires n'a pas été suffisamment accompagnée d'un renforcement de la sécurité."Certes, dit Piers Millett, il existe des directives au niveau international pour prévenir les dangers des laboratoires de confinement maximum (type P4). Celles de l'OMS "sur la biosécurité en laboratoire" et celles de l'Organisation mondiale de la santé animale sur la biosécurité et la biosécurité en laboratoire, toutes deux récentes (2023 pour la seconde). "Cependant, la conformité demeure volontaire, et il est difficile de suivre le rythme des évolutions techniques. Il est nécessaire de disposer d'une base de preuves solide pour évaluer les risques et l'efficacité des réponses." Piers Millett cite le plan directeur de la Maison-Blanche sur le biorisque en laboratoire de 2022 qu'il estime perfectible. L'expert estime justement que la recherche en confinement maximal pourrait être détournée de ses buts louables consistant à prévenir les nouvelles pandémies. "Les risques de recherches à "double usage" méritent une attention internationale plus importante. Il existe un besoin d'une organisation mondiale, telle que l'Initiative internationale de biosécurité et de biosécurité pour la science, dont l'objectif principal est de faire face aux risques émergents de la biotechnologie, et qui peut contribuer à "dérisquer" le développement et la mise en oeuvre d'outils, et à réunir les secteurs politiques, académiques et publics."Chaque pays qui possède ce type de laboratoires de haute sécurité devrait suivre des règles strictes avec des informations précises sur quelles recherches peuvent (ou pas) être menées, quel est le responsable, quelles normes suit-il, etc. Chacun de ces pays devrait avoir un plan de prévention d'actes nuisibles. S'appuyant sur plusieurs experts (lire encadré), l'auteur suggère que ces laboratoires ne sont peut-être pas non plus armés contre le bioterrorisme. "Très peu de pays ont des stratégies de biosécurité dédiées, telles que la Stratégie nationale de sécurité biologique publiée par le Royaume-Uni en juin 2023. Chaque pays disposant d'un laboratoire de confinement maximum devrait cultiver une forte culture de responsabilité, comme on en trouve dans la "Compétition internationale de machines génétiquement modifiées". Le chercheur se demande ensuite si le monde a vraiment besoin d'autant de laboratoires... L'objectif devrait être, partout dans le monde, un accès équitable à la biotechnologie pour résoudre les problèmes localement. Or, ces labos P4 sont coûteux et complexes à exploiter. Il est possible pourtant d'étudier "des parties d'agents pathogènes dans des microbes moins risqués, comme c'est de plus en plus courant dans la recherche fondamentale et le développement de vaccins pour les virus de la grippe et les coronavirus".À l'avenir, le "machine learning" (apprentissage automatique dans le cadre de l'IA) devrait limiter le besoin de ces laboratoires via des simulations et réduire leur nombre. Toutefois, l'IA porte en elle des risques de détournement de la recherche qui peuvent entraîner des dommages délibérés. "Le potentiel de l'intelligence artificielle (IA) pour aider au développement d'armes biologiques sera discuté lors du Sommet sur la sécurité de l'IA. Un forum plus permanent est nécessaire pour comprendre les implications de la biosécurité, de la superposition de l'IA et de la biologie."Ces laboratoires (dont le plus connu est celui de Wuhan, dont on ne sait toujours pas si s'en est échappé le virus SARS-CoV-2 ou s'il s'agit d'une zoonose traditionnelle bien que la présence du laboratoire à proximité du marché de Wuhan a peu de chance de relever de la simple coïncidence) sont précisément en activité pour préparer de futures pandémies. Mais derrière leurs murs dorment des virus terrifiants comme l'Ebola, le virus de la variole ou le virus Nipah. Et historiquement, des fuites ont déjà eu lieu...