L'ESTRO et l'EORTC ont récemment publié conjointement dans The Lancet Oncology une proposition de consensus pour la classification de la maladie oligométastatique. Le Prof. Dr Dirk Verellen, responsable de physique médicale en radiothérapie au sein de l'Iridium Kankernetwerk Antwerpen et co-auteur de l'article, explique l'importance de ce nouveau système de classification.
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Une maladie à capacité métastatique limitée ou maladie oligométastatique (OMD - oligometastatic disease) est identifiée comme un état intermédiaire entre une tumeur encore localisée et un cancer déjà entièrement métastasé. Au sein de la Société européenne de radiothérapie et d'oncologie (ESTRO - European Society for Radiotherapy and Oncology), il existe un intérêt de longue date pour une meilleure caractérisation de l'OMD, car la radiothérapie stéréotaxique, dans laquelle une dose élevée de rayonnement est délivrée avec une haute précision à raison de quelques séances de traitement, est une technique thérapeutique indiquée en cas d'oligométastases. Toutefois, une limitation importante réside dans le fait qu'en l'absence de biomarqueurs spécifiques, le diagnostic d'OMD doit être posé sur la base d'une imagerie telle que la TEP-FDG (tomographie par émission de positons au 18F-fluorodésoxyglucose), l'IRM ou la TDM (tomodensitométrie). Cependant, cette imagerie ne permet pas de faire une distinction entre différentes formes d'OMD. Ainsi, une unique métastase d'une tumeur primitive se présentera à l'imagerie de manière identique à une métastase résistante qui subsiste après un traitement systémique d'une maladie étendue et métastatique. À titre d'illustration, la figure 1 montre les images TEP/TDM presque identiques d'une métastase de la glande rétropéritonéale issue d'une tumeur primitive et d'une métastase de la glande rétropéritonéale persistante issue d'une maladie métastatique précédemment traitée. Il est pourtant important de faire une distinction entre les différentes formes d'OMD, tant pour le pronostic que pour la stratégie de traitement. Ainsi, chez un patient atteint d'une tumeur primitive ne présentant qu'une ou deux métastases, il pourrait suffire de traiter localement par radiothérapie, ce qui permet d'éviter ou éventuellement de retarder la chimiothérapie. En revanche, dans d'autres formes d'OMD, un traitement plus systémique peut être indiqué.Consensus internationalComme la nécessité d'une meilleure classification a été reconnue au niveau international, l'ESTRO s'est associé avec l'EORTC (European Organisation for the Research and Treatment of Cancer) pour mettre en place le groupe de travail "OligoCare", dans le but de parvenir à un consensus et à une recommandation pour décrire sans ambiguïté les différentes formes d'OMD. Le système de classification récemment publié couvre toutes les situations cliniques possibles qui donnent lieu à la même imagerie diagnostique d'un nombre limité de métastases et au diagnostic d'OMD. Ce système est présenté comme un arbre de décision basé sur cinq questions binaires (voir Figure 2). Dans ce contexte, l'OMD est initialement subdivisée en OMD dite "authentique" [genuine] (patients sans antécédents de maladie polymétastatique) ou en OMD "induite" [induced] (patients ayant des antécédents de maladie polymétastatique). L'OMD authentique est ensuite elle-même subdivisée en OMD "de novo" (premier diagnostic d'OMD) ou en OMD "répétée" [repeat] (antécédents d'OMD), avec ensuite un certain nombre de subdivisions supplémentaires en fonction du moment du diagnostic et de l'état de progression.Un meilleur traitement de la maladie oligométastatiqueL'intérêt du système de classification proposé réside dans le fait qu'il permettra une description plus claire de l'OMD dans la recherche clinique, ce qui simplifiera l'interprétation des résultats. Une description sans ambiguïté du tableau clinique permettra en fin de compte aussi de mieux comprendre les effets d'un traitement ciblé en cas d'OMD et, en conséquence, d'améliorer les chances de guérison et la qualité de vie des patients.Le Prof. Verellen souligne que la recherche sur l'OMD est l'un des fers de lance de la recherche clinique menée au sein du réseau Iridium Kankernetwerk. Par conséquent, plusieurs études cliniques déjà en cours au sein de ce réseau font déjà usage du nouveau système de classification. En endossant un rôle pionnier dans cette recherche, l'équipe scientifique de l'Iridium Kankernetwerk veut contribuer au développement ultérieur de stratégies et d'objectifs de traitement pour les patients atteints d'OMD.Référence :(1) : M .Guckenberger et al., Lancet Oncology 2020; 21 (1): e18-e28