L'utilisation des TKi a modifié profondément la prise en charge des NSCLC même avancés. Charlotte Leduc et ses collègues (Villejuif, France) ont voulu déterminer les différents facteurs qui déterminent la réussite ou l'échec de ces traitements.
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Pour mémoire, environ 10 à 30% des tumeurs NSCLC présentent une mutation EGFR et un réarrangement du ALK dans 3 à 7% des cas. Ceci rend ces cancers sensibles aux TKi avec un taux de réponses de 60%. D'autres études ont montré que ce succès des TKi était lié à différents facteurs cliniques comme le statut tabagique, le sexe et l'ethnie du patient. Il est aussi fonction de la mutation elle-même et de l'amplification du gène. La question est de savoir si d'autres éléments influencent la réponse au traitement.Plus de mutations ! L'un de ceux-ci est la taille tumorale. Dans d'autres cancers comme les tumeurs stromales gastro-intestinales, la survie à 9 ans pour une tumeur inférieure à 39 mm² est de 58% et de 23% si elle est au moins de 262 mm². L'objectif était donc de savoir si le volume initial tumoral impactait la survie globale et le bénéfice que l'on pouvait tirer des TKi. Ils ont repris tous les patients admis à l'Institut Gustave Roussy entre 2006 et 2013, présentant un NSCLC avancé (stage III/IV), avec une mutation EGFR ou ALK+ et traités par erlotinib ou gefitinib pour les EGFR ou crizotinib pour les ALK+. Les chercheurs ont réalisé un travail de fourmis en analysant tous les CT scans des patients au moment du diagnostic, mesurant ainsi toutes les tumeurs primaires et les métastases de manière automatique ou semi-automatique. En tout, ils ont pu recueillir les données de 97 patients : 82% EGFR, 14% ALK+ et 3% présentant les deux. Le cutt-off a été placé à 35 cm³. Un tiers des patients présentent un volume tumoral inférieur à 35 cm³ ; un tiers entre 35 et 74 cm³, et le dernier tiers au-delà de 74 cm³. Le suivi médian a été de 31 mois. La PFS médiane globale est de 8,5 mois, pour les patients EGFRmut de 9,02 et pour les ALK+ de 6,62 mois. L'OS médiane est respectivement de 25 mois, de 25,5 et de 14,1 mois.Comme une orange ? Ils ont découvert que la PFS décroit avec le volume initial de la tumeur. Elle passe ainsi de 9,02 mois pour un volume inférieur à 35 cm³ à 8,03 mois pour une lésion de 35 à 74 cm³ et à 7,28 mois si elle fait plus de 74 cm³ ; soit un HR respectivement de 1, 1,34 et 1,70 (p=0,04). Les auteurs estiment qu'il s'agit d'une tendance. Ceci se confirme en incluant le total du volume avec les métastases. Le nombre de sites métastatiques influence négativement la PFS. En revanche, l'analyse univariée ne montre pas de différence en termes de survie globale suivant le volume tumorale. Tony Mok (Hong-Kong), chargé de discuter de la présentation de C. Leduc, reconnait le travail immense réalisé par l'équipe, mais il se demande si les cutt-off sont bien choisis. Ainsi, le volume de 74 cm³ ou plus semble très grand : ceci est plus volumineux que le quart d'une orange de 4 cm de rayon ! Par ailleurs, plus le volume est important plus le risque d'hétérogénéité tumorale et donc d'avoir affaire à différentes mutations est grand. La vraie question est donc de savoir s'il ne faudrait pas pour ces grandes tumeurs passer rapidement à un autre TKi de seconde génération. Enfin, il se demande aussi comment mesurer au mieux le volume d'une tumeur... C. Leduc et al. Tumor Burden And Tyrosine Kinase Inhibitors (TKi) Benefit In Advanced Non-Small Cell Lung Cancer (NSCLC) Patients With EGFR Sensitizing Mutations (EGFRm) And ALK Rearrangement (ALK+) Abstract 92O