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Il s'agit plus précisément d'une importante étude de phase 2 dans laquelle le tisotumab vedotin a donné des résultats prometteurs en deuxième ligne en cas de carcinome du col utérin récidivant ou métastatique, ainsi que des résultats finaux de l'étude de phase 3 SOLO-2, dans laquelle un traitement d'entretien par olaparib a été comparé au placebo en cas de récidive sensible au platine d'un carcinome ovarien avec mutation BRCA.Cancer du col utérinPour le carcinome du col utérin, il n'existe pas encore de traitements efficaces en deuxième ligne. En l'occurrence, les chimiothérapies de deuxième ligne classiques donnent des taux de réponse très faibles, et les rapports risques-bénéfices sont mauvais. À présent, le tisotumab vedotin (TV) pourrait changer la donne. Ce conjugué anticorps-médicament (ADC) cible le facteur tissulaire (thromboplastine), une protéine pratiquement absente des cellules normales, mais dont la prévalence est très élevée dans diverses tumeurs solides, notamment le carcinome du col utérin.Dans l'étude multicentrique, ouverte, de phase 2, baptisée innovaTV 204/GOG-3023/ENGOT-cx6, 101 femmes présentant un carcinome cervical récidivant ou métastatique (de type épidermoïde, adénocarcinome ou carcinome adénosquameux) ont été traitées par 2 mg/kg de TV (1 x/3 semaines) (1). Les critères d'inclusion englobaient e.a. la progression de la maladie pendant ou après un doublet de chimiothérapie (platine et paclitaxel et éventuellement bévacizumab), jusqu'à deux traitements systémiques reçus précédemment en deuxième ligne et une maladie mesurable (RECIST v1.1). Après une durée médiane de suivi de 10 mois, le taux de réponse objective, le critère d'évaluation primaire, atteignait une valeur exceptionnelle de 24 % (IC à 95 % 16 %-33 %), avec 7 % de réponse complète et 17 % de réponse partielle. Le taux de contrôle de la maladie (disease control) atteignait en outre 72 %. Par ailleurs, la durée médiane de réponse était de 8,3 mois, 62 % des sujets présentant encore une réponse après 6 mois, et le délai médian de réponse atteignait 1,4 mois. La survie médiane sans progression (PFS) atteignait 4,2 mois et la survie globale médiane (mOS) 12,1 mois. Sur le plan de la toxicité, le TV engendre moins d'effets indésirables que la chimiothérapie normale. "Le principal effet indésirable est une conjonctivite légère à modérée, peut-être parce que le facteur tissulaire est également présent dans ce tissu. À l'UZ Leuven, nous traitons ce problème à l'aide de masques oculaires froids, de gouttes oculaires vasoconstrictrices et de larmes naturelles, avec de bons résultats", a indiqué le Pr Vergote.Sur la base de ces résultats très encourageants, le TV s'est vu accorder le statut de revue prioritaire par la FDA. "Je pense qu'il y a de grandes chances qu'ils donnent une approbation accélérée. Entre-temps, l'étude de phase 3 innovaTV 301/ENGOT-cx12, dont j'ai été nommé investigateur principal (mondial), a également débuté. On s'attend à ce que ce produit soit également testé en première ligne. Dans l'intervalle, nous avons déjà étudié le TV en première ou deuxième ligne, en association avec le carboplatine, le bévacizumab ou le pembrolizumab. Nous présenterons cette étude de phase 1/2 lors de l'ESMO, en automne."Outre le TV, des réponses prolongées ont également été obtenues récemment dans la même population de patientes avec le cémiplimab (mOS : 12 m), et les résultats ont été présentés lors de la réunion virtuelle de l'ESMO, en juin 2021. Ignace Vergote est également co-auteur de ces résultats d'étude de phase 3, non encore publiés. "Nous disposons donc enfin de traitements de deuxième ligne qui offrent quand même de meilleures perspectives de vie à cette population de patientes."Carcinome ovarienPrécédemment, l'étude randomisée, contrôlée par placebo, de phase 3, baptisée SOLO2/ENGOT-Ov21, avait déjà montré un bénéfice significatif en termes de PFS pour le traitement d'entretien par olaparib chez des femmes atteintes d'une récidive sensible au platine d'un carcinome ovarien avec mutation BRCA. Les résultats finaux ont maintenant aussi montré un bénéfice en termes de mOS de 12,9 mois (HR 0,74 (IC à 95 % 0,54-1,0 ; p = 0,054), après un suivi médian de 65,7 mois (2). Après une correction pour un croisement vers le bras olaparib, le hazard ratio était de 0,56, et 28 % des patientes ne nécessitaient toujours pas de traitement ultérieur après 5 ans. Bien que le bénéfice en termes d'OS n'ait pas atteint le seuil de signification statistique, ces résultats sont cliniquement pertinents."La révolution que l'olaparib et les autres inhibiteurs de PARP ont provoquée dans le traitement du carcinome ovarien ne fait aucun doute, et pas seulement dans les récidives sensibles au platine. En effet, des études sont également en cours avec des inhibiteurs de PARP (e.a. olaparib, olaparib + durvalumab, niraparib + dostarlimab, olaparib + bévacizumab, olaparib + pembrolizumab) en première ligne en cas de carcinome ovarien avancé récemment diagnostiqué. Ainsi, dans l'étude de phase 3 SOLO-1, nous avons observé un remarquable doublement de la PFS à 5 ans avec l'olaparib en traitement de première ligne par rapport au placebo. En outre, en première ligne, tant l'étude de phase 3 PRIMA-ENGOT-ov26 (niraparib) que l'étude de phase 3 PAOLA-1/ENGOT-ov25 (olaparib + bévacizumab) ont montré une amélioration de la PFS, non seulement en cas de mutations du gène BRCA, mais aussi en cas de tumeurs HRD positives (homologous recombination deficiency) sans mutation BRCA. Environ la moitié des formes les plus fréquentes de carcinome ovarien peuvent donc désormais être traitées de cette manière. Cette extension de l'indication de l'olaparib et du niraparib a entre-temps déjà été approuvée par la FDA et l'EMA, et nous espérons que ces produits seront bientôt autorisés en Belgique."Références1. Coleman RL, et al. Lancet Oncol 2021; 22: 609-619.2. Poveda A, et al. Lancet Oncol 2021; 22: 620-631.