...

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de l'Inserm ont réalisé un véritable travail de fourmi : ils ont scruté une dizaine de registres nationaux de naissance parisiens et bordelais et ont recensé 4 170 enfants nés entre août 1914 et décembre 1916 ayant reçu la qualité de "pupille de la nation", leur père étant décédé ou gravement blessé au combat, deux situations pouvant induire un stress psychologique majeur pour la mère. De plus, une base de données comprenant 1,4 million de noms de "poilus" décédés entre 1914 et 1919 a permis de déterminer si la mort du combattant était intervenue avant ou après la naissance de l'enfant. Enfin, les auteurs ont associé à chaque pupille de la nation l'enfant non pupille le plus proche sur le registre (même sexe, même date et lieu de naissance, même âge de la mère).Et le résultat est édifiant : les enfants déclarés pupilles de la nation ont vécu en moyenne 1,1 année de moins que leurs alter ego qui n'avaient pas perdu de parents lors de la guerre. Quant à ceux qui ont perdu leur père avant de naître, leur durée de vie a été réduite de 2,2 ans par rapport aux non-pupilles associés. Pour Nicolas Todd et ses collègues, ce résultat suggère fortement que chez l'Homme, le stress maternel psychologique est transmis au foetus et qu'il peut avoir un effet suffisamment fort pour faire perdre des mois de vie à ce dernier. (référence : European Society for Paediatric Endocrinology, Abstracts, 10-12 septembre 2016)