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Notre Cellule environnement de la SSMG a participé à un colloque organisé par de nombreuses mutuelles au Parlement européen, qui marque le départ d'un nouveau chapitre de la santé publique en Europe et auquel nous souhaitons contribuer. Comme nos homologues français, nous lançons un appel à rejoindre la mobilisation européenne des professionnels de la santé contre les pesticides. Les études montrent que dans notre pays, les pesticides sont parmi les polluants les plus retrouvés chez les enfants. Le dernier biomonitoring wallon a mis en évidence que 99% des urines d'enfants de 3 à 11 ans montrent des traces d'au moins un insecticide. Les concentrations sont plus élevées chez les enfants que chez les adolescents ou les adultes. Est-il normal qu'un bébé vienne au monde avec des pesticides dans le sang? De retrouver des pesticides dans le lait maternel, censé être le meilleur aliment du nouveau-né? De retrouver du boscalide, captane, prosulfocarbe, acétamipride et d'autres pesticides dans les petits pots pour bébés, les boissons lactées ou les céréales infantiles? Nous ne pouvons l'accepter. En Belgique, chaque année, plus de 5.000 tonnes de substances actives pesticides sont utilisées. Un tiers de ces substances autorisées sont cancérigènes, toxiques pour la reproduction et les organes. De nombreuses substances actives ont des effets de perturbation endocrinienne. Certaines sont des PFAS. Sans oublier les autres substances ajoutées à la molécule active - les coformulants - dont plusieurs sont des biocides (métaux lourds, arsenic, hydrocarbures,...) L'impact des pesticides sur le déclin de la biodiversité et la santé humaine est considérable. Ce ne sont pas des opinions. Ce sont des faits scientifiques. Les effets sur la santé sont bien documentés et le faisceau de preuves ne fait que se renforcer. Cancers, troubles de la fertilité et du développement neurologique, endométriose, pathologies thyroïdiennes, respiratoires, métaboliques, surpoids, obésité. Nous ne pouvons accepter que la santé soit la variable d'ajustement des systèmes alimentaires industriels, la grande oubliée des décisions prises ces dernières semaines en matière d'agriculture. Aujourd'hui, les externalités négatives du complexe industriel agro-chimico- alimentaire sont assumées par nous toutes et tous. Les coûts en termes d'impact sur la santé sont colossaux et l'épidémie de maladies chroniques ne fera qu'appauvrir la collectivité. Nous ne pouvons accepter que la santé soit sacrifiée sur l'autel de la prospérité de l'industrie agro-alimentaire et chimique. Nous sommes inquiets de constater la régression en matière de régulation des pesticides. La Commission européenne a dernièrement retiré son plan de réduction des pesticides et accordé la prolongation du glyphosate pour dix ans et pour des pesticides tueurs d'abeilles (SDHI, Succinate DesHydrogenase Inhibitors). Notre pays s'est aussi illustré par une politique de dérogations pour plusieurs pesticides toxiques. (...) Nous, professionnels de santé, affirmons qu'on ne peut impunément balayer d'un revers de main les données scientifiques. À l'instar de nombreuses autres sociétés scientifiques, il est de notre devoir de prendre position afin de protéger tous nos patients, en premier lieu les enfants mais aussi les agriculteurs qui en sont les premières victimes. Nous demandons à tous les décideurs de prendre, enfin, leurs responsabilités. Nous plaidons pour une politique alimentaire vertueuse, qui protège la santé et l'environnement car c'est ce que nous avons de plus précieux. En tant que professionnels de la santé et en partenariat avec le monde agricole, nous avons un rôle à jouer dans la mise en oeuvre d'une cette politique alimentaire qui préserve le vivant dont nous faisons partie.