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La diffusion, au début du mois de novembre, de l'émission #Investigation sur la RTBF a mis au jour des taux anormalement élevés de PFAS dans l'eau de nombreuses communes en Belgique. Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont des composés issus de l'industrie chimique qui font partie des perturbateurs endocriniens. Les PFAS ont la particularité d'être très persistants dans l'environnement et le corps humain, ils ont un temps de demi-vie de plusieurs années. Cela signifie qu'une fois accumulés dans le corps humain, même si on arrête d'y être exposé, ils restent plusieurs années dans nos tissus avant d'être éliminés. Les PFAS sont dangereux pour la santé, comme l'explique la Pr Corinne Charlier, cheffe de service de Toxicologie clinique du CHU de Liège, dans un article récent de la RTBF, qui dresse une liste non exhaustive des potentielles répercussions sur la santé: "Anomalie du fonctionnement de la thyroïde, augmentation du taux de cholestérol, fatigue du foie, cancers du rein ou des testicules. Mais aussi cancer du sein, hypofertilité et augmentation du risque de fausse couche". On fait donc face à "des risques particulièrement importants pour la femme en âge de procréer", précise- t-elle.La SSMG, via un communiqué, propose aux médecins généralistes plusieurs pistes quant à l'attitude à adopter face à la problématique. Elle appelle tout d'abord à ne pas minimiser la situation. "Ce serait contraire à ce que la science nous montre. Nous sommes devant un gros problème de santé publique", juge-t-elle, rappelant à cette occasion son site internet Docteur Coquelicot[1], récemment mis à jour, également à disposition des patients. "C'est important pour lutter contre la désinformation et les tentatives de minimisation du problème. Les lobbies des produits chimiques dépensent des sommes colossales pour cela."La SSMG recommande ensuite aux MG de prendre part avec les citoyens de leur commune à une discussion avec le bourgmestre pour exiger une totale transparence des résultats des analyses, pour le futur, pour tout ce qui est analysé (et pas seulement pour quelques PFAS). "Exigez que des analyses par un laboratoire sans conflit d'intérêts aient lieu dans votre commune. Une absence de mesures ne veut pas dire qu'il n'y a pas de pollution, mais simplement qu'il n'y a pas eu d'analyse... Demandez au bourgmestre de faire remonter à la Région wallonne les exigences de la population."Il peut être utile de faire doser les PFAS pour détecter les patients dont la concentration sanguine est supérieure voire très supérieure aux concentrations de la population générale non particulièrement exposée. Une analyse sanguine a plus d'intérêt pour les patients situés près des "hotspots" et s'il s'agit de populations à risque telles que les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes ou allaitantes, les jeunes enfants... Il faudra insister, chez ces patients en particulier, sur les mesures à prendre pour diminuer leur exposition aux PFAS. Selon la SSMG, ces patients devraient bénéficier d'un réel suivi médical avec recensement: troubles hormonaux (thyroïdiens, sexuels), métaboliques (diabète, dyslipidémies...), impacts à la naissance (prématurité, cryptorchidie, puberté précoce, malformations), troubles neurologiques, fonctions rénale et hépatique, paramètres hématologiques. La Cellule 'environnement' de la SSMG alerte depuis plus de 20 ans sur le véritable problème de santé publique que représentent les perturbateurs endocriniens (PE) que l'on retrouve un peu partout dans notre quotidien. Il existe plusieurs familles de PE comme les bisphénols, les phtalates, les parabènes, les composés bromés, perfluorés, alkylphénols... Dans chacune de ces familles, on retrouve des centaines voire des milliers de substances. Par exemple, il existe plus de 4.000 PFAS différents. Les PFAS ne sont donc que l'arbre qui cache la forêt. Pour la SSMG, il est important de comprendre qu'il faut minimiser son exposition et surtout celle des populations vulnérables à l'ensemble des perturbateurs endocriniens et de ne pas se focaliser sur une substance en particulier. La SSMG rappelle aux MG ses ressources pertinentes en la matière: une fiche récapitulant les caractéristiques des perturbateurs endocriniens pour vos patients, un livret à l'intention de ces derniers expliquant, en pratique, que faire pour diminuer son exposition, un article plus spécifique sur les PFAS et un e-learning[2] accrédité pour les MG sur les perturbateurs endocriniens. Tous ces outils sont disponibles sur le site de la Cellule 'environnement' de la SSMG[3]. Pour terminer, la SSMG confirme que filtrer son eau avec un filtre efficace réduit considérablement le nombre de polluants dans l'eau et leur concentration. Les filtres au charbon actif dans lesquels l'eau passe au travers de la cartouche sont plus efficaces (filtration + absorption) que de simplement mettre des bâtonnets de charbon actif dans une carafe. "Attention à bien changer le filtre quand il le faut, et à ne pas être faussement rassuré parce qu'on filtre l'eau qu'on boit car il y a des PFAS partout dans notre quotidien. De plus, les filtres coûtant cher, c'est un vrai problème de justice sociale. Il faut surtout se battre pour diminuer la présence de polluants partout autour de nous dans nos vies", insiste le courrier de la SSMG.